Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
vision mystique qui est celle du pseudo-Denys, représente
la Volonté divine exempte de toute faiblesse, l’image même de la Puissance, un « pouvoir
intellectuel parfaitement ordonné », mais « qui n’est pas de ce monde »,
en un mot la Justice de Dieu non seulement en potentialité, mais en action.
    Le troisième ordre est composé des Principautés, des Archanges
et des Anges proprement dits. C’est à cet ordre qu’est dévolue la fonction
révélatrice, fonction qui « préside aux hiérarchies humaines » et qui
permet l’élévation spirituelle dans un incessant mouvement en direction de Dieu.
C’est dire que, pour les humains, c’est l’ordre le plus important, puisque
permettant véritablement le contact entre le visible et l’invisible, et la
transmission des volontés divines à l’échelle de la création. D’où la
prééminence des Anges et des Archanges, pourtant au dernier rang de la
hiérarchie céleste établie par le visionnaire, dans le culte qui va se
développer au cours du Moyen Âge. Le nom des Anges et celui des Archanges vont
largement éclipser les noms des autres catégories célestes : les couches
populaires ne retiendront que les figures angéliques les plus à leur portée, car,
grâce à elles, « la hiérarchie se manifeste plus clairement à nos yeux, et
d’une façon qui touche davantage notre monde ».
    Et, chose très remarquable, le culte angélique va se développer
parallèlement à la dévotion à Marie, mère de Jésus, tout au long des VI e et VII e  siècles.
La Vierge Marie, déjà souveraine du Ciel, va devenir la « Reine des Anges »,
et, selon la parole de Germain, patriarche de Constantinople, elle est plus que
jamais la Maîtresse des célestes séjours, au-dessus de toutes les entités
spirituelles, c’est-à-dire les Anges, qui « la servent dans la crainte ».
Nous verrons d’ailleurs que le culte de saint Michel est toujours doublé par un
culte à la Vierge Marie, comme si on avait senti qu’à travers la figure de
lumière de l’Archange se profilait le visage de l’antique Déesse-Mère sous les
traits purifiés de la Théotokos chrétienne, la
mère du Dieu incarné. Et l’image de saint Michel combattant le Dragon offre un
parallèle saisissant avec l’image de la Vierge écrasant la tête du Serpent.
    Cependant, les spéculations sur les Anges continueront de se
multiplier. En 870, après avoir traduit en latin les œuvres de Denys l’Aréopagite,
le célèbre Jean Scot Érigène, dont la pensée se réfère incontestablement à une
tradition celtique ancienne, écrit un commentaire sur les hiérarchies célestes.
Il y défend la thèse selon laquelle la créature, homme ou ange, est une projection
de la pensée divine. Il y a parenté entre l’Ange et l’Homme, du moins au point
de vue spirituel, et tout comme l’Homme, mais à un degré supérieur, l’Ange
participe au monde métaphysique, qui est celui de Dieu, par l’illumination de
la connaissance.
    Bien entendu, toute la Scolastique médiévale reprendra la
thèse de Jean Scot Érigène, avec, à chaque génération, un certain nombre de
modifications dues à l’idéologie dominante du moment. Mais le problème des
Anges est alors, si l’on peut dire, entré dans les mœurs, même si les diverses
spéculations n’ont jamais été considérées comme articles de foi. Et c’est
souvent par opposition à des thèses hérétiques que les théologiens, à partir du
XII e  siècle, se sont penchés avec encore
plus d’ardeur sur ce problème, constituant ainsi une véritable angélologie qui
se doublera, à la fin du Moyen Âge, d’une démonologie rendue nécessaire par la
fameuse « Chasse aux Sorcières » qui envahit l’Europe occidentale.
    Les Cathares ont attaché une particulière importance au problème
des Anges puisque, pour eux, tout au moins pour certains de leurs doctrinaires,
les hommes ne sont autres que des Anges déchus qui n’aspirent qu’à une chose :
revenir au royaume de la Lumière qui est le monde divin. Mais l’ angélologie cathare, héritière de la Gnose et du
Manichéisme, est intégralement située en fonction d’une « chute des Anges »
faisant apparaître une profonde dichotomie entre deux principes [12] .
Et quelle que soit la position des doctrinaires cathares, dualistes radicaux ou
dualistes mitigés, l’accent est mis sur la communauté d’origine de l’âme
humaine et du principe subtil qu’est l’entité

Weitere Kostenlose Bücher