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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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nos alliés italiens, chère
Comtesse, disait-il, et d’un geste il donnait l’ordre de lever le barrage.
    Mais Julia ne
quittait que rarement les salons des hôtels où Thaddeus Rosenwald l’abandonnait
parfois pour plusieurs heures.
    Assise jambes croisées haut, le buste droit, elle
appelait le serveur d’un regard et d’un mouvement de tête autoritaire. Elle
avait besoin de la chaleur d’un cognac pour se rassurer, jouer ce rôle que
Thaddeus Rosenwald lui avait confié.
    Elle devait être une courtisane, une
aventurière, l’une de ces aristocrates ruinées par la guerre et les révolutions
qui erraient de palace en palace, de bonne fortune en bonne fortune. Elle
attendait, lisant les journaux, essayant de suivre la double partie qui se
jouait en Europe, d’une part, entre l’Allemagne et la Russie et, d’autre part, entre
ces deux puissances et les vainqueurs arrogants, en premier lieu la France qui
envoyait ses troupes occuper la Ruhr ; elles s’y heurtaient à une
résistance passive des ouvriers et aux actions violentes de petits groupes d’anciens
combattants des corps francs qui refusaient d’accepter le diktat de Versailles.
    Puis Thaddeus
Rosenwald surgissait, les yeux brillants. Il faisait apporter une bouteille de
Champagne afin de fêter la vente d’un diamant de 64 carats ayant appartenu au
tsar. Il frappait de la paume sa sacoche de cuir fauve. Il y avait là, disait-il,
de quoi financer une « grande politique ».
    Par une fin d’après-midi, Heinz Knepper les
avait rejoints. Julia s’était efforcée de rester impassible alors que son corps
tremblait en le revoyant, après des mois, si amaigri. Il raconta comment on l’avait
enfermé à la prison de Moabit, mais sa cellule était devenue un « salon
politique ». Les Allemands patriotes recherchaient l’entente avec la
Russie et les officiers de la Reichswehr étaient les plus fervents partisans de
cet accord avec l’« Est », contre l’« Ouest » et cette
France rapace.
    Julia avait écouté Heinz sans le quitter des
yeux, mais il s’adressait d’abord à Thaddeus Rosenwald et elle avait eu l’impression
que la passion politique avait englouti chez lui tout autre sentiment.
    On avait rapporté à Heinz que le chef d’un
nouveau parti nationaliste, Adolf Hitler, expliquait à ses camarades « qu’il
aimerait mieux être pendu dans une Allemagne bolchevique que vivre heureux dans
une Allemagne française, et qu’il préférait que 500 000 fusils soient
donnés aux communistes allemands plutôt que de les voir remettre, comme le
diktat de Versailles le prévoyait, à la France et à l’Angleterre ».
    Rosenwald remplissait les coupes et Julia
trempait ses lèvres dans les bulles frémissantes, cependant que Rosenwald
murmurait qu’il allait leur laisser la nuit pour bavarder un peu – il riait –, mais,
dès le lendemain, il fallait que Julia dîne avec le colonel Erwin von Weibnitz,
l’aide de camp du chef de la Reichswehr, le général von Seeckt. Un pion majeur
qu’il fallait définitivement convaincre que l’alliance avec la Russie
bolchevique était, pour l’Allemagne, la seule manière de desserrer le nœud
coulant avec lequel les Français voulaient l’étrangler.
    — C’est un homme de votre caste, avait
conclu Thaddeus Rosenwald. Il va s’agenouiller devant vous comme nous le
faisons, n’est-ce pas ?
    Il s’était levé, avait murmuré que la nuit serait
brève, et, en souriant, leur avait conseillé de ne pas trop s’attarder au salon.
    De cette nuit avec
Heinz Knepper à l’hôtel Kœnig de Berlin, Julia écrit seulement :
    « Retrouvailles avec Heinz. Gestes
ardents. Âmes glacées. Une autre passion dévore Heinz. Il a l’impression de
tenir le sort de millions d’hommes entre ses mains.
    Qui suis-je, face à cela ? Peut-être un
souvenir.
    “Ma chère camarade”, dit-il en me quittant, et
il ajoute même : “Bonne chance. Beaucoup dépend de toi.” »
    Le lendemain, dans
ce même salon de l’hôtel Kœnig, elle avait vu s’avancer vers elle le colonel
Erwin von Weibnitz qui s’était étonné de la trouver seule, parce qu’il était
censé rencontrer Thaddeus Rosenwald qu’il appelait le prince Bachkine. Sans lui
répondre, elle l’avait invité d’un geste un peu dédaigneux à s’asseoir auprès d’elle.
    Il avait claqué les talons, puis, lorsqu’elle
avait dit qu’elle était la comtesse Garelli, il s’était exclamé : il avait
eu l’honneur

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