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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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adressé au haut commandement militaire de
la Wehrmacht et dans lequel le conseiller d’Otto Abetz écrivait, sous le titre « Coopération avec les communistes » :
    « On a dit : il faut gagner les
communistes. C’est aujourd’hui possible. Les communistes sont en train de
devenir antisémites, antimarxistes. Dès lors, le jour où ils franchiront le pas
vers le national-socialisme n’est plus éloigné. Autorisez un journal communiste,
mais prenez vos précautions contre les abus… »
    En apparence, l’histoire
ne s’est pas déroulée comme le prévoyait le professeur Grimm. L’Humanité n’a pas reparu et, après l’attaque de l’URSS par l’Allemagne, en juin 1941, les
communistes sont devenus l’une des principales forces de la Résistance
patriotique avec leurs Francs-tireurs et Partisans français.
    Mais j’ai sur ma table de travail, posé entre
les carnets de Julia Garelli-Knepper et ma transcription du manuscrit – des « aveux »
– de François Ripert, le livre de Vassili Bauman, Les Naufragés, publié
en 1980. Et ce qu’il décrit quand il évoque les derniers mois de la vie de
Staline, au début de l’année 1953, c’est bel et bien une persécution antisémite
qui commence.
    Des médecins juifs sont accusés d’avoir
fomenté un complot des « blouses blanches » visant à assassiner les
dirigeants soviétiques !
    Dès la fin de la guerre, Vassili Bauman et
tant d’autres avaient déjà eu à subir cet antisémitisme qu’on avait cru
éradiqué dans le « pays du socialisme ».
    Or ce socialisme-là ressemblait beaucoup au « national-socialisme »
de Hitler.
    L’analyse du professeur Grimm, sur le long
terme, n’était pas erronée.
    François Ripert a d’ailleurs
noté des propos d’Alfred Berger qui ne trompent pas.
    Berger dénonce les opposants au Pacte
germano-soviétique qui se « réfugient dans leurs synagogues et qu’on
écrasera comme des poux ».
    C’est la façon « hitlérienne » de
nommer les Juifs dans les ghettos et les camps.
    Après l’assassinat à Bruxelles de Thaddeus
Rosenwald, Berger dit, fixant François Ripert :
    — Les Juifs sont d’abord fidèles à leur
race, et un jour ou l’autre ils doivent choisir entre la race et le Parti.
    « Je sais, écrit François Ripert, qu’Alfred
Berger pensait à Thaddeus Rosenwald, même s’il n’a pas cité son nom.
    Après quelques instants de silence, Berger a
ajouté :
    — Trotski, tu connais ses origines, c’est
un Lev Davidovitch Bronstein. Quand on sait ça, on comprend tout.
    Ces propos d’Alfred Berger m’ont révulsé, mais,
une fois encore, je me suis tu.
    Je ne craignais pas de mourir, mais de rompre
avec la foi qui avait été l’axe de ma vie.
    Et j’appelais fidélité ce qui n’était que
lâcheté. »

26.
    C’est le 20 octobre 1943 que François Ripert
trouve en lui le courage de regarder la vérité en face et la volonté de la dire.
    Il vit dans la clandestinité depuis près de
trois années. Il se nomme Henri Brochard, habite un petit appartement de la rue
Tournefort, dans le 5 e arrondissement, à quelques pas du Panthéon. Il
enseigne le français et le latin dans une institution religieuse située non
loin de là, rue Lhomond. Il a changé d’apparence, porte barbe et lunettes.
    Chaque jour, il est en contact avec un
émissaire de la direction du Parti. Les rendez-vous ont lieu dans la rue. On se
croise, on se suit, on marche de conserve, on échange quelques mots, parfois un
texte de quelques pages qu’on est chargé de remettre à un autre camarade dont
on ignore le nom mais qui tout à coup surgit près de soi.
    Cette vie a commencé
à l’automne 1940, après l’échec des négociations conduites par Alfred Berger au
nom du Parti avec les nazis. Entre le mois de juin 1940 et de novembre, François
Ripert a vécu un véritable calvaire, repoussant presque chaque jour la
tentation de rompre avec ce parti qui lui paraissait s’enfoncer dans la
collaboration, dans la dénonciation de la « guerre impérialiste », dans
le soutien aveugle à l’Union soviétique, à sa politique de paix, dans le culte
du camarade Staline, etc.
    Et, pendant ce temps, les confrères juifs
étaient chassés du barreau de Paris. Et lorsque Ripert avait voulu organiser la
résistance, manifester sa solidarité avec ces persécutés, victimes des lois
antisémites prises par le gouvernement de Vichy, Alfred Berger lui avait
ordonné de ne pas bouger.
    On devait

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