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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dénommé
Spartacus.
    « J’ai vécu
dans l’angoisse. Je connaissais suffisamment la police française pour savoir qu’elle
avait les moyens d’éradiquer ces quelques militants, ces “terroristes”, et qu’associée
à la Gestapo elle ne pouvait que réussir, tant était grand le déséquilibre
entre les Brigades spéciales de la préfecture de police, les Allemands, d’une
part et, d’autre part, ces quelques jeunes gens que seule leur foi patriotique
et révolutionnaire animait.
    « Chaque jour, je
me précipitais sur les journaux, craignant d’y découvrir l’arrestation de “terroristes”
parmi lesquels aurait figuré mon fils.
    J’étais même persuadé qu’il ne pouvait
échapper à la mâchoire des services policiers français et allemands.
    Je savais qu’il existait un autre groupe armé,
celui dépendant d’une organisation issue du Parti, la Main-d’œuvre immigrée (MOI),
composé d’Arméniens, d’Italiens, d’Espagnols, de Polonais. Lui aussi était
menacé.
    Lorsque je rencontrais Alfred Berger, je me
doutais bien qu’il n’ignorait rien de ces groupes armés. Mais je respectais le
principe du cloisonnement.
    C’est lui qui, un jour, au moment où nous nous
séparions, place de l’Estrapade, m’a dit :
    — Tu peux être fier de ton fils.
    Je l’étais, mais j’étais aussi dévoré d’inquiétude.
    Mon angoisse était si grande que j’aurais
voulu à certains moments que la poigne d’un policier s’abatte sur moi, qu’on me
torture, que j’en meure, comme si ma souffrance et ma mort avaient pu
satisfaire les dieux qui, repus, auraient oublié Henri, le laissant vivre jusqu’à
la victoire où on l’aurait célébré comme un héros.
    « Puis, un jour,
au début du mois d’octobre 1943, le camarade que je rencontrais ne m’a remis
aucun document, mais a murmuré :
    — On coupe. On attend. Ils ont pris le
Loup.
    C’était le nom de code d’Alfred Berger.
    Nous savions que la plupart des camarades qui
étaient pris parlaient, tant la torture était cruelle. On ne leur demandait que
de “tenir” un jour, le temps, pour leurs camarades, de changer de cache.
    Alfred Berger parlerait, je le savais. Et je n’ai
plus pensé qu’à Henri.
    « Les jours d’octobre
se sont succédé, puis, le 20, j’ai appris qu’Alfred Berger avait été relâché
par les Allemands et qu’il avait repris sa place au sein de l’organisation
clandestine.
    On m’a expliqué qu’il n’avait pas été
identifié par la Gestapo, qu’il avait bénéficié d’un “extraordinaire concours
de circonstances” !
    J’ai hurlé. Je ne croyais pas à cette fable !
La vérité m’a explosé au visage, me déchirant le corps.
    Il avait négocié, comme en 1920 avec
les officiers du tribunal maritime de Toulon, comme en juin 1940 avec les Allemands.
Il avait livré une partie de ce qu’il savait en échange de sa peau.
    C’est le lendemain que les journaux ont
annoncé que plusieurs jeunes Français appartenant au groupe terroriste
Spartacus avaient été arrêtés après de longues filatures de la police française.
On ajoutait qu’ils avaient été remis aux autorités d’occupation pour répondre
de leurs attentats et de leurs crimes. »
    On ne sait rien du
calvaire qu’a gravi Henri Ripert.
    A-t-il été déporté ? Est-il mort sous la
torture ? L’a-t-on enfoui dans une fosse commune, ou bien ses cendres
ont-elles été dispersées, mêlées à celles de milliers d’autres victimes dont la
sépulture fut le ciel de Pologne ou d’Allemagne ?
    Aucun document, procès-verbal d’interrogatoire,
compte-rendu de procès ne permettent de connaître quel fut son sort.
    Et François Ripert écrit :
    « Je ne peux pas m’agenouiller devant le
tombeau de mon fils. Je ne peux même pas l’imaginer. Je sais seulement qu’il a
connu l’enfer. Mais ce n’est qu’un mot avec lequel je me déchire. Et il ne me
reste qu’à conclure ainsi ce témoignage, ce réquisitoire contre moi-même et
contre Alfred Berger. »
    La plupart des
historiens confirment la trahison et la culpabilité d’Alfred Berger.
    Mais, dans le même temps, ils affirment que la
police française n’avait nul besoin de ses aveux. Elle surveillait depuis
longtemps Henri Ripert et ses camarades. Elle les laissait même commettre des
attentats afin de pouvoir connaître toutes les ramifications du groupe
Spartacus.
    Quelques chercheurs prétendent même qu’Alfred
Berger a peut-être en effet été

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