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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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négociateur.
    — Et tu ne les as pas perdues, comtesse
Garelli !
    Elle devait indiquer à Karl von Kleist qu’à
Moscou, au plus haut niveau – « Tu peux parler de moi » –, on ne
considérait pas l’Allemagne nazie comme une ennemie. Les idéologies nazie et
communiste ne pouvaient empêcher le rapprochement des deux pays, comme à
Rapallo. D’ailleurs, il y avait plus de points communs entre un nazi et un
bolchevik qu’entre l’un et l’autre et un démocrate juif, français ou anglais.
    Telle était la mission décisive qu’il confiait
à Julia.
    Elle disposerait de tous les moyens dont elle
aurait besoin. Il fallait qu’elle soit invitée à ces réceptions fastueuses que
Hitler donnait à la chancellerie. Le Führer aimait les aristocrates.
    Il s’était approché de Julia, lui avait posé
la main sur l’épaule.
    — Quand il s’agit de toi, moi aussi j’apprécie
les femmes de la noblesse, avait-il dit. Mais, sinon, j’ai les goûts d’un
moujik, je préfère les paysannes blondes et bien en chair.
    Il avait ri.
    L’odeur de tabac était de plus en plus âcre et
avait donné à Julia envie de vomir.

32.
    Le récit de la rencontre entre Julia
Garelli-Knepper et Staline, le 6 janvier 1938, ne doit rien à mon imagination. Je
l’ai écrit après avoir consulté, aux Archives de Moscou, les témoignages
inédits de Nikolaï Vlassik et Alexandre Nikolaï Poskrebychev, qui étaient
responsables de la protection de Staline.
    Ils jouaient à la fois les rôles de gardes du
corps, de majordomes, de secrétaires particuliers, et, lors des séjours de plus
en plus fréquents de Staline dans sa datcha de Kountsevo, ils vivaient dans l’intimité
de celui qu’ils appelaient familièrement « Koba ».
    Ce paranoïaque toujours aux aguets, qui
soupçonnait ses plus anciens camarades de vouloir l’assassiner et les faisait
vivre dans la terreur, ordonnant l’arrestation de leurs proches, épouses, parents,
amis, accordait toute sa confiance à Vlassik et Poskrebychev. Il les traitait
comme deux molosses couchant à ses pieds, prêts à bondir sur un clin d’œil de
leur maître.
    L’un et l’autre rapportent qu’ils avaient reçu
de Staline l’ordre de ne pas fouiller au corps Julia Garelli.
    Ils avaient osé s’en étonner, car ni les
membres du Politburo – les Molotov, Mikoyan, Ordjonikidze – ni même ceux de la
famille de Staline ne bénéficiaient d’aucune dérogation.
    D’un geste « Koba » les avait fait
taire.
    — Judas, avait-il dit, ne sera jamais une
femme. Il ne faut se méfier que de ceux qui déclarent vous aimer. Et celle-là
ne m’a jamais caché qu’elle me haïssait. Pourquoi la craindrais-je ? Je
connais ses sentiments et je la tiens.
    Il s’était emporté contre « les crapules
qui ne cessaient de lui répéter : “Koba, je t’aime”, comme Boukharine ou
même Iejov. Ceux-là, avait-il ajouté en ricanant, passent leur temps à dire :
“Staline est ce que l’humanité a de plus précieux, Staline est notre espoir, Staline
est notre étendard, Staline est notre volonté, Staline est notre victoire !”
Mais plus ils me flattent, plus je me méfie. Ne les lâchez pas un instant du
regard. Ils sont prêts à vaporiser du mercure sur mes rideaux afin de m’empoisonner
alors que Julia Garelli, elle, a seulement envie de se jeter sur moi, de me
griffer au visage. Mais elle n’est pas Charlotte Corday et je ne suis pas Marat.
Je suis un vieux bolchevik géorgien. Je ne crains pas les femmes. Je ne crains
personne ! »
    Vlassik et
Poskrebychev étaient cependant restés aux aguets durant toute la durée de l’entretien
entre Staline et Julia Garelli.
    Ils s’étaient tenus proches de la porte du
bureau, avaient ouvert les micros que Staline – comme il aurait pu le faire – n’avait
pas débranchés. D’ailleurs, Koba leur avait transmis un dossier du NKVD
concernant Julia Garelli comme s’il avait voulu, en dépit de ses propos, leur
demander de rester sur leurs gardes.
    Les documents réunis par le NKVD étaient
accablants.
    Julia Garelli était d’abord l’épouse d’un
opposant avéré, l’Allemand Heinz Knepper, accusé d’espionnage pour le compte
des nazis. De plus Gourevitch, le commandant de l’hôtel Lux, et Piatanov, le
responsable du Komintern, rappelaient qu’elle était l’amie de Vera Kaminski, l’épouse
d’un traître.
    Elle était liée à Thaddeus Rosenwald et à
Willy Munzer, deux agents en mission à

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