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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’arrivée de
Ribbentrop à Moscou, le 23 août 1939.
    Je savais que dans le jeu subtil de Staline, mes
articles le servaient. Ils inquiétaient à la fois Berlin, Londres et Paris, renforçant
ainsi de fait la position de Moscou.
    J’ai la preuve aujourd’hui que certains de mes
interlocuteurs avaient reçu mission, de Staline en personne, de me fournir des
informations confidentielles. J’ai pu ainsi citer des propos du Chef suprême
sans être ni censuré, ni démenti, ni expulsé d’URSS.
    “Tout cela n’est qu’un jeu à qui mettra l’autre
dans sa manche, avait dit Staline à ses camarades du Politburo après avoir
sablé le Champagne avec Ribbentrop pour se féliciter de la signature du Pacte
germano-soviétique. Je sais, avait-il poursuivi, ce que Hitler mijote. Il pense
qu’il m’a eu, mais c’est moi qui l’ai embobiné. Vous verrez que nous réussirons
à éviter la guerre pendant un moment encore !”
    « Ribbentrop
revint à Moscou signer des protocoles secrets, mais de cela je ne fus pas
informé.
    Il ne fallait pas qu’on sache que nazis et
communistes se partageaient la Pologne et que les troupes du NKVD, sitôt après
avoir franchi la frontière polonaise, avaient commencé à arrêter des dizaines
de milliers de Polonais, officiers, professeurs, prêtres, ingénieurs, qui
composaient l’élite patriotique du pays. Et les soldats à casquette verte s’étaient
mis à les exécuter d’une balle dans la nuque.
    Plus tard, on devait retrouver les corps de
milliers d’officiers polonais ainsi abattus dans les forêts de Katyn. »
    En même temps qu’il
décrit le cynisme et l’habileté de Staline, la munificence avec laquelle le
nouveau tsar traite ses hôtes nazis au cours d’un dîner de vingt-quatre plats
sous les grands lustres du Kremlin, Orwett indique qu’il recherchait les traces
de « J. G., l’héroïque » :
    « Je me suis lié d’amitié, écrit-il, avec
Vassili Bauman, un écrivain d’origine juive qui n’est sûrement pas autorisé à
accepter les invitations à dîner d’un journaliste anglais.
    Mais Vassili Bauman est courageux, presque
intrépide.
    Il me parle de la vague antisémite qui balaie
Moscou. Dans tous les ministères on chasse les Juifs, et d’abord au ministère
des Affaires étrangères, afin de ne pas mettre les nazis en contact avec eux !
    Mais, dans le même temps, facétieux, Staline a
contraint Ribbentrop à trinquer avec Kaganovitch, l’un des derniers Juifs du
Politburo !
    Ce détail, Staline lui-même l’avait révélé à
Vassili Bauman au cours d’une de ces conversations nocturnes qu’il avait, à son
initiative, toujours inattendue, avec lui. C’était habile, l’écrivain étant
fasciné par celui qu’il appelait Joseph Vissarionovitch, qu’il comparait à Ivan
le Terrible, à Pierre le Grand, voire même à Gengis Khan…
    « Mais cette
tyrannie – aucun mot ne convenait mieux pour désigner ce pouvoir absolu qui
semblait frapper au hasard ses plus proches soutiens au gré d’une fantaisie
paranoïaque – était incarnée par un homme rusé.
    L’un de mes informateurs, Helger, un Allemand,
premier secrétaire de l’ambassadeur Schulenberg, me racontait comment Staline, il
avait pu le constater, levait sans cesse son verre, forçant ainsi ses convives
à boire, mais se servant dans un flacon particulier dont Helger avait vérifié, en
l’utilisant discrètement, qu’il ne contenait que de l’eau.
    Ce même homme qui faisait naître l’effroi
pouvait se montrer amical, modeste avec certains membres du Politburo, créant
ainsi une ambiance familière et détendue, si bien que Ribbentrop avait confié à
Helger qu’il s’était senti à l’aise parmi ces communistes, comme s’il s’était
trouvé en compagnie de vieux camarades nazis.
    Mais lorsque Ribbentrop avait voulu célébrer l’amitié
germano-soviétique, Staline s’y était refusé :
    — Vous ne croyez pas, avait-il dit, que
nous devrions être plus prudents vis-à-vis de nos opinions publiques ? Cela
fait des années que nos deux pays s’envoient des insanités à la figure, et tout
à coup nous demanderions à nos concitoyens d’oublier et de pardonner ? Les
choses ne vont pas aussi vite !
    Lorsque j’avais rapporté ces propos à Vassili
Bauman, il avait ri :
    — Joseph Vissarionovitch est le meilleur
joueur, avait-il commenté. Quand Hitler sera englué à l’Ouest, comme en 1914, alors
Staline aura entre les mains toutes les

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