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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Nous avons prononcé les mêmes mots :
    — Ne meurs pas trop tôt.
    Mais les portières des taxis que nous
refermions sur nous ont claqué comme des détonations.
    Je ne me suis pas retournée pour le voir s’éloigner. »
    Ces lignes, je ne
les ai pas lues dans le journal de Julia Garelli, mais dans le livre publié à
Londres en octobre 1945 par Arthur Orwett sous le titre : L’Imposture
rouge.
    Ce gros volume, dédié à « J. G. l’héroïque »,
dresse un tableau impitoyable de la Russie soviétique depuis les années 1920.
    Il fit scandale dans le climat d’euphorie qui
suivit la victoire des Alliés sur le nazisme.
    Toute la presse célébrait l’admirable Armée
rouge qui, à Stalingrad, avait renversé le cours de la guerre, puis avait
libéré Auschwitz, et dont la marche triomphale s’était conclue dans le bunker
de Hitler, à Berlin.
    Staline étaitL’ Oncle Joe. Il
avait su galvaniser son peuple. L’on exaltait le sacrifice de vingt millions de
Russes.
    Et voici qu’Arthur
Orwett rappelait dans L’Imposture rouge les actes de cannibalisme
suscités par la famine qui avait été délibérément provoquée par le débonnaire Oncle Joe pour mater les paysans ukrainiens.
    Il évoquait la terreur, les déportations dans
ces camps administrés par le goulag, une pieuvre administrative qui gérait des
dizaines de millions d’esclaves parqués dans le Grand Nord, au-delà du cercle
polaire, dans les steppes de Karaganda, aux confins de la Chine, en Sibérie et
en Extrême-Orient soviétique.
    Orwett racontait aussi sa collaboration avec
le Komintern contre les nazis en Allemagne, aux côtés de Willy Munzer, de
Thaddeus Rosenwald, puis son action durant la guerre d’Espagne où il avait
tenté de s’opposer aux liquidations, organisées par les agents soviétiques, de
républicains soupçonnés d’être des opposants à Staline. Mais il n’avait pas
cessé pour autant de combattre les franquistes et de révéler à une Europe
engourdie, passive, la menace fasciste.
    Cette lutte-là contre Hitler lui avait paru si
primordiale qu’il avait d’abord hésité à dénoncer « l’imposture rouge »,
ce rapprochement qu’il avait vu s’ébaucher entre le Reich et l’URSS.
    Cette complicité d’où ne pouvait surgir que la
guerre avait été dévoilée quand, le 23 août 1939, avait été signé à Moscou, par
Ribbentrop et Molotov, sous l’œil patelin de Staline, le Pacte
germano-soviétique.
    Mais il n’avait servi à rien de le condamner :
la guerre, quelques jours plus tard, avait embrasé le monde.
    Munzer, Rosenwald, Trotski, des dizaines de
milliers d’autres avaient été assassinés par les tueurs de Staline. Et la
victoire les avait enfouis dans l’oubli.
    On avait même qualifié le livre d’Arthur
Orwett de sacrilège, de profanation des tombes des héros et alliés soviétiques.
    D’ailleurs, ajoutait-on, la Grande Terreur
avait permis à Staline de liquider une « cinquième colonne », ces
traîtres qui auraient collaboré avec les nazis en 1941, comme cela s’était
produit dans les autres pays occupés par les troupes du III e Reich.
    J’avais lu ce livre
avec avidité, y cherchant la trace de Julia Garelli, celle de Heinz Knepper et
de quelques autres que le journal de Julia m’avait rendu familiers.
    Mais Orwett ne nommait jamais Julia, comme si,
en cet automne 1945, il l’imaginait encore vivante et donc susceptible d’être
persécutée, exécutée pour le seul fait d’apparaître dans cet ouvrage.
    Mais c’était à elle qu’il le dédiait, elle à
laquelle il consacrait ces quelques pages racontant leur voyage et leur séjour,
au printemps de 1938, sur les bords de la Baltique.
    C’est aussi Julia qu’il recherchait quand il
réussit à se faire nommer correspondant permanent du Daily News à Moscou :
    « Je me suis
installé à l’hôtel Métropole, écrit-il, peu après les accords de Munich par
lesquels Chamberlain et Daladier livraient les Sudètes et donc la
Tchécoslovaquie à Hitler.
    J’ai stigmatisé cette politique dite “d’apaisement”,
et annoncé qu’elle allait fournir à Staline le prétexte et l’excuse qu’il
recherchait pour atteindre son objectif, poursuivi depuis les années 1920, d’une
entente avec l’Allemagne, et qu’elle fut désormais gouvernée par un Führer, lui
facilitait la tâche.
    J’ai donc suivi pas à pas, de septembre 1938 à
août 1939, l’évolution de la politique de Staline jusqu’à

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