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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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cartes maîtresses, et la révolution
déferlera jusqu’à l’Atlantique. Coup de maître dont la préparation vaut bien
quelques concessions, quelques souffrances…
    « Nous parlions
sans détours et j’admirais que Vassili Bauman ne fut pas, comme la plupart des
Soviétiques, un homme aux aguets, écrasé par la peur.
    Il semblait ne pas l’éprouver, trouvant même
une forme d’exaltation à vivre imprudemment.
    Mais peut-être avait-il la certitude que le
Tyran avait choisi de l’épargner, comme pour se convaincre qu’il pouvait tout, et,
par souci esthétique ou par curiosité, préserver un témoin d’une espèce
disparue, celle des hommes libres.
    « Un jour, j’ai
enfin osé demander à Vassili Bauman de m’aider à connaître le sort de Heinz
Knepper et de mon héroïne.
    Quelque temps plus tard, alors que nous
partagions une bouteille de vodka dans le salon fumoir de l’hôtel Métropole aux
larges baies masquées par les replis d’immenses voilages, Vassili Bauman m’annonça
que Heinz Knepper avait été abattu à la Loubianka dans les heures qui avaient
suivi son arrestation, au printemps 1937.
    Julia s’était donc jetée pour rien dans la
gueule du loup.
    Elle avait été seulement – oui, seulement – condamnée à cinq années de camp, et elle était donc détenue dans l’un d’eux
– du moins si elle avait survécu à la disette qui sévissait dans l’univers du
goulag, aux mauvais traitements, à la promiscuité, aux agressions des
prisonniers de droit commun, à la maladie.
    Mais Vassili Bauman a ajouté qu’elle était
forte, courageuse et volontaire.
    — Héroïque, ai-je résumé. »

QUATRIÈME PARTIE

38.
    Julia Garelli l’héroïque, ainsi que la nommait
Arthur Orwett dans son livre L’Imposture rouge, avait, comme des
dizaines de milliers d’autres Européens, connu l’enfer de l’été 1938 au
printemps 1945.
    Mais, parce qu’elle avait survécu, alors qu’autour
d’elle, dans le camp soviétique de Karaganda, puis dans le camp nazi de Ravensbrück,
elle avait vu la mort moissonner chaque jour, elle pensait qu’elle avait été
privilégiée.
    Elle en remerciait Dieu qu’elle avait
recommencé à prier avec les mots de son enfance, car elle n’avait pas pu
seulement croire au hasard.
    Les épidémies l’avaient épargnée, les kapos ne
l’avaient pas battue à mort, les SS n’avaient pas lâché leurs chiens contre
elle pour qu’ils l’égorgent et la lacèrent.
    Une puissance supérieure avait seule pu la
protéger.
    Elle était donc une
survivante et elle avait le devoir de témoigner, de rappeler ainsi à la mémoire
des hommes toutes les Vera et Maria Kaminski qu’elle avait côtoyées et que les soldats du NKVD ou les SS avaient
séparées, puis abattues.
    Et quand, en 1949, cet Ukrainien, ce Soviétique,
Victor Andreïevitch Kravchenko, qui, dès le mois d’avril 1944, avait déserté la
mission d’achats soviétiques à Washington, sollicité l’asile politique et écrit J’ai choisi la liberté, lui avait demandé de venir confirmer ce qu’il
racontait à la barre d’un tribunal de Paris devant lequel il poursuivait le
journal communiste Les Lettres françaises, elle n’avait pas hésité.
    Et c’est ainsi qu’après des années elle s’était
à nouveau trouvée face à Alfred Berger, celui qu’on présentait comme un héros
de la Résistance et qui venait affirmer devant les juges qu’il connaissait
cette femme-là.
    Dès 1937, elle avait été suspectée par le
Parti communiste d’être au service des nazis. Et il allait produire les preuves
de ce qu’il avançait.
    Pour leur part, les avocats des Lettres
françaises, Albert Jouvin et Pierre Doucet, avaient annoncé qu’ils feraient
témoigner contre Julia Garelli-Knepper dont le père et le frère, les comtes
Lucchino et Marco Garelli, avaient été fascistes, des femmes déportées à Ravensbrück,
lesquelles dévoileraient comment, au camp, Julia Garelli-Knepper avait été l’auxiliaire
des kapos et des SS, et c’était à ce prix-là qu’elle avait survécu.
    Mais Julia était
restée impassible.
    Quand on avait été durant près de sept années
entre les mains du NKVD et des SS, quand, à chaque seconde de chaque journée, on
avait été accompagnée et guettée par la mort qui attendait qu’on trébuchât pour
vous pousser dans la fosse commune, on ne tressaillait même pas en voyant s’avancer
à la barre Alfred Berger, non plus qu’en entendant plaider

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