Le pays des grottes sacrées
un
loup ?
— Une fois. Quand j’étais
tout petit, un loup m’a mordu. J’ai encore la cicatrice mais je ne m’en
souviens pas vraiment. C’est ma mère qui me l’a raconté.
— Cela signifie que l’Esprit
du Loup t’a choisi. Le Loup est ton totem, comme diraient ceux qui m’ont
élevée.
Ayla savait que les Zelandonii
n’avaient pas la même idée des totems que le Clan. Tout le monde n’avait pas un
totem et ceux qui en avaient un le considéraient comme une chance.
— Je me suis fait griffer
par un lion des cavernes quand j’étais toute jeune, je comptais sans doute cinq
ans. Il m’arrive encore d’en rêver. Ce n’est pas facile de vivre avec un
puissant totem comme celui du Lion ou du Loup, mais le mien m’a beaucoup aidée,
il m’a beaucoup appris.
Intrigué presque malgré lui,
Sergenor demanda :
— Qu’as-tu appris d’un lion
des cavernes ?
— À affronter mes peurs,
pour commencer. Je crois que tu l’as aussi appris. Ton totem du Loup t’a
peut-être aidé à ton insu.
— Peut-être. Mais comment
savoir si on a reçu l’aide d’un totem ? L’Esprit du Lion des Cavernes t’a
vraiment secourue ?
— Plus d’une fois. Les
quatre griffures que la patte du lion a laissées sur ma jambe sont pour le Clan
la marque totémique du Lion des Cavernes. Généralement, seul un homme bénéficie
d’un totem aussi puissant, mais la marque était si claire que l’Homme Qui
Commande le Clan m’a acceptée, même si j’étais née chez les Autres – c’est
le nom qu’ils nous donnent. J’étais très jeune quand j’ai perdu les miens. Si
le Clan ne m’avait pas recueillie et élevée, je ne serais pas vivante
aujourd’hui.
— Intéressant. Mais tu as
dit « plus d’une fois ».
— Plus tard, alors que
j’étais devenue femme et que le nouvel Homme Qui Commande m’avait forcée à
partir, j’ai longtemps marché en cherchant les Autres, comme Iza, ma mère de
Clan, me l’avait conseillé avant de mourir. Ma recherche a été vaine et il me
fallait absolument trouver un endroit où m’abriter avant le début de l’hiver.
Mon totem a envoyé une troupe de lions qui m’a fait changer de direction et
c’est ainsi que je suis arrivée dans une vallée où j’ai pu survivre. C’est même
mon Lion des Cavernes qui m’a conduite à Jondalar.
Ceux qui se tenaient autour d’eux
l’écoutaient, fascinés. Même Jondalar ne l’avait jamais entendue expliquer
ainsi son totem. L’un d’eux intervint :
— Ces êtres qui t’ont
accueillie et que tu appelles le Clan, ce ne sont pas en réalité des Têtes
Plates ?
— Vous les surnommez ainsi.
Pour eux, ils sont le Clan, le Clan de l’Ours des Cavernes parce qu’ils
vénèrent son Esprit. Il est le totem de tous, le totem du Clan.
Une femme qui venait d’arriver
déclara :
— Je crois qu’il est temps
de montrer à ces voyageurs où ils peuvent étendre leurs fourrures de couchage
et s’installer avant de partager notre repas.
Elle était séduisante,
agréablement potelée, avec de l’intelligence et de l’entrain dans le regard.
Sergenor sourit avec affection.
— Voici ma compagne, Jayvena
de la Septième Caverne des Zelandonii, dit-il. Jayvena, je te présente Ayla de
la Neuvième Caverne des Zelandonii. Elle a beaucoup d’autres noms et liens,
mais elle te les récitera elle-même.
— Pas maintenant, déclina
Jayvena. Au nom de la Mère, sois la bienvenue, Ayla de la Neuvième Caverne. Je
suis sûre que tu préfères d’abord t’installer.
Alors que le couple s’apprêtait à
partir, Sergenor toucha le bras d’Ayla et lui glissa à voix basse :
— Je rêve quelquefois de
loups.
Une jeune femme voluptueuse aux
cheveux châtains s’approcha avec deux enfants dans les bras, un garçon brun et
une fille blonde. Elle sourit à Kimeran, qui lui effleura la joue de la sienne
et se tourna vers les visiteurs.
— Vous avez rencontré ma
compagne l’été dernier, je crois ? dit-il avec une pointe de fierté. Ainsi
que son fils et sa fille, les enfants de mon foyer ?
Ayla se souvint d’avoir croisé
cette femme l’année d’avant, mais sans vraiment avoir l’occasion de la
connaître. Elle savait que Beladora avait donné naissance à ses deux
nés-ensemble à la Réunion d’Été, au moment de la première Matrimoniale, quand
elle s’était unie à Jondalar. Tout le monde en parlait. Les enfants
compteraient donc bientôt un an.
— Oui, bien sûr,
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