Le pianiste
la guerre, Wladyslaw Szpilman dirige la
radio nationale polonaise et mène une carrière de compositeur et de pianiste. Il
meurt à Varsovie le 6 juillet 2000, à l’âge de 88 ans.
Le journal du capitaine Wilm Hosenfeld
(Extraits)
18 janvier 1942
La révolution national-socialiste paraît singulièrement
manquer de conviction. L’Histoire nous a rapporté les atrocités, les actes de
la pire barbarie commis au nom de la Révolution française, et celle des
bolcheviks a également permis d’abominables exactions dont les instincts
animaux de sous-hommes emplis de haine ont accablé les classes dirigeantes. Bien
que l’humanisme nous autorise à déplorer et à condamner de tels agissements, force
nous est de reconnaître leur détermination implacable, leur caractère
irrémédiable. Pas de quartiers, mais pas de faux prétextes invoqués, et aucune
concession : ces révolutionnaires ont agi résolument, sans scrupule, sans
considération d’ordre éthique ni respect des usages. Jacobins comme bolcheviks
ont massacré leurs classes supérieures, exécuté leur famille royale. Ils ont déclaré
la guerre au catholicisme et lui ont livré un combat sans merci, décidés qu’ils
étaient à l’effacer de la surface de la terre. Ils ont réussi à entraîner leur
peuple dans des conflits menés avec énergie, avec enthousiasme : les
guerres révolutionnaires de jadis, celle contre l’Allemagne aujourd’hui. Et
leurs idées, leurs théories ont exercé une énorme influence bien au-delà de
leurs frontières respectives.
Si leurs méthodes sont différentes, les tenants du
national-socialisme ne poursuivent eux aussi qu’un seul et unique but, fondamentalement :
l’extermination, l’anéantissement de tous ceux qui ne pensent pas comme eux. De
temps à autre, même des citoyens allemands en sont victimes, mais leur sort est
étouffé, dérobé à la connaissance du pays. Les gens sont enfermés dans des
camps de concentration, où ils sont laissés à l’abandon et à la mort : là
encore, le public n’en sait rien. Si votre but est de neutraliser les ennemis
de l’État, pourtant, vous devez avoir le courage de les mettre en accusation
devant tous, clairement, et de les remettre à la justice collective.
D’un côté, ces révolutionnaires prêchent le socialisme ;
de l’autre, ils s’allient aux puissants de la finance et de l’industrie, ils
soutiennent les principes du capitalisme. Ils se disent en faveur des libertés
individuelles et du droit aux convictions religieuses de chacun, mais ils
démolissent les églises et mènent une guerre aussi secrète qu’impitoyable au
christianisme. Ils invoquent l’exemple du Führer pour garantir à tous ceux qui
le veulent la possibilité de donner libre cours à leurs capacités et à leurs
talents, et cependant ils assujettissent toute initiative individuelle à l’appartenance
au Parti, ignorant même les plus capables et les plus talentueux des hommes s’ils
ne prennent pas leur carte. Hitler prétend offrir la paix au monde et en même
temps il ne cesse de s’armer dans des proportions inquiétantes. Il annonce à la
planète qu’il n’a pas l’intention d’assimiler d’autres nations aux Etats
allemands en leur déniant leur souveraineté, mais il n’est qu’à voir les
Tchèques, et les Polonais, et les Serbes… La Pologne, notamment. Quel besoin
peut-il y avoir à priver de son autodétermination un peuple qui se contente des
limites de son territoire ?
Et considérez seulement ces révolutionnaires, voyez combien
peu ils vivent selon les principes dont ils se réclament ! Cette idée que
le bien commun passe avant la prospérité individuelle, par exemple, ils
demandent au commun des mortels de s’y plier mais ils sont loin d’en faire
autant eux-mêmes. Or qui se tient face à l’ennemi ? Le peuple, non le
Parti ! Désormais on rappelle invalides et infirmes sous les drapeaux
alors que de jeunes hommes robustes, tout à fait aptes au service, restent loin
de la ligne de front, gardent leur emploi dans les bureaux du Parti ou au sein
de la police. Pourquoi sont-ils exemptés ?
Ils s’emparent des biens polonais et juifs pour leur usage
personnel. Polonais et Juifs n’ont plus rien à manger, ils vivent dans le
dénuement et le froid, mais les défenseurs du national-socialisme n’hésitent
pas à tout leur prendre.
Varsovie, le 17 avril 1942
Je viens de passer des jours tranquilles ici, au
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