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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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là… qui est-ce ?
    – Je l’ignore, monseigneur. Je sais seulement que c’est un visiteur qui attendait pour être conduit auprès de la signora.
    – Et il est en ce moment près d’elle ?
    – Sans aucun doute.
    – Cinquante doubles ducats pour toi, si je peux entendre ce que cet homme et la signora vont se dire…
    – Cinquante doubles ducats !
    – Oui ! me reconnais-tu ?
    – Oui, monseigneur.
    – Ce soir, en mon palais, tu toucheras la somme.
    – Venez ! »
    Le valet entraîna Bembo. Quelques instants plus tard, celui-ci se trouvait dans une étroite pièce, et le valet, mettant un doigt sur sa bouche, lui désignait d’un coup d’œil une tenture derrière laquelle on entendait un murmure de voix.
    Le domestique s’inclina en murmurant :
    « Quand vous voudrez vous retirer, vous ouvrirez cette porte ; je serai là et vous conduirai sans que vous soyez vu. »
    Puis il disparut silencieusement.
    Bembo, étouffant le bruit de ses pas sur le tapis épais du parquet, s’approcha lentement de la tenture, s’assit et écouta. L’homme qui parlait en ce moment à Imperia était en effet Sandrigo.
    « J’avais hâte de vous revoir, disait-il.
    – Et moi, je vous attendais », répondit Imperia de cette voix enveloppante qui était déjà une promesse de plus suaves tendresses.
    Mais Sandrigo, faisant effort pour échapper à l’ensorcellement, reprit :
    « Je me suis préoccupé de chercher un prêtre pour bénir mon union avec Bianca. »
    La courtisane pâlit légèrement.
    Et si, en ce moment, elle fût descendue au fond de son cœur, peut-être eût-elle été épouvantée d’y trouver l’aube livide d’un sentiment qui devait être de la haine…
    Oui, elle était jalouse, maintenant… jalouse de sa fille.
    « Un prêtre ! fit-elle. Et qu’importe le prêtre qui prononcera les paroles du rite ! Et puis, pourquoi tant se presser ?…
    – La question du prêtre avait pour moi de l’importance, dit fermement Sandrigo en évitant de relever les derniers mots d’Imperia. Ou plutôt la question de la cérémonie. Je suis inconnu à Venise ; les rares personnes qui me connaissent sont des chefs de sbires et ils ne connaissent en moi que le bandit. Je veux donc une belle cérémonie, au grand jour, dans la plus belle église, et je veux un prêtre qui jouisse du respect universel.
    – Et qui est ce prêtre ?
    – Le cardinal-évêque en personne. Il consent à officier pour unir le lieutenant Sandrigo à la fille d’Imperia.
    – Bembo ?
    – Lui-même. »
    Et Sandrigo eut un sourire de triomphe.
    « Cela vous étonne, n’est-ce pas ? On fera pour moi ce qu’on ferait pour un fils de doge. Voyez-vous Saint-Marc pavoisé, illuminé de mille cierges, tout le clergé réuni, les chanoines, les diacres, et la haute société de Venise accourue, le capitaine général, le Grand Inquisiteur, peut-être le doge lui-même ! Et au maître-autel, entouré de ses dignitaires, l’évêque de Venise, le cardinal Bembo !… Qu’en dites-vous ?…
    – Il vous a promis ?
    – Ce matin même.
    – Et il sait le nom de la fiancée ?
    – Il le sait. »
    Imperia passa ses deux mains sur son front.
    L’étonnement qu’elle éprouvait tenait du cauchemar.
    Il n’y avait pas dix minutes que Bembo était là, penché sur elle, le visage convulsé, menaçant, lui disant :
    « Je ne veux pas que Bianca soit la femme de Sandrigo, Bianca m’appartient ! »
    Et maintenant, Sandrigo, remplaçant l’atroce figure du cardinal, lui disait :
    « Bembo consent à bénir mon union avec Bianca. »
    Il y avait là quelque terrible mystère, et sa première pensée fut que l’évêque avait donné sa promesse à Sandrigo pour ne pas éveiller ses soupçons…
    « La chose, continuait Sandrigo, est en effet assez surprenante. Mais elle cessera de vous étonner quand je vous aurai dit que Bembo me doit la vie. »
    Et, en peu de mots, il raconta son expédition aux gorges de la Piave.
    Dès lors, il fut évident pour Imperia que Bembo avait promis tout ce que le bandit avait pu demander en feignant une vive reconnaissance, mais qu’il s’apprêtait à se débarrasser de lui.
    Devait-elle prévenir Sandrigo ?
    Oui, certes !… Tout lui dire, le mettre en garde, unir leurs deux efforts, leurs deux énergies contre Bembo.
    Mais l’inévitable conclusion en cas de victoire, c’était le mariage de Sandrigo et de Bianca !
    Elle ne trouva d’autre solution que de

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