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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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gagner quelques heures, pendant lesquelles elle pût réfléchir, prendre une détermination.
    Avec l’instantanéité de son fougueux tempérament, elle écarta alors toute pensée, toute préoccupation pour se livrer entière à Vénus qui grondait en elle. Ces troubles profonds, ces terreurs successives avaient surexcité ses nerfs.
    Pâle d’amour, languissante, elle se leva, se jeta sur les genoux de Sandrigo, l’enveloppa de ses bras et murmura :
    « Qu’importe le prêtre qui t’unira à
une autre
.… Moi, je n’ai pas besoin de prêtre pour me donner à toi !… »
    Lorsque Sandrigo s’éloigna, ivre de volupté, il se demanda laquelle maintenant tenait la plus grande place dans ses pensées surexcitées :
    La mère ou la fille !…
    Bembo, derrière sa tenture, avait assisté à tout cet entretien qui s’était terminé par une scène d’amour effréné, par une sauvage étreinte de deux impudeurs déchaînées.
    Et il résolut de porter un grand coup.
    Au moment où Imperia brisée, languissante, achevait de rajuster ses vêtements en désordre, il souleva la tenture et apparut.
    Imperia fut si stupéfaite, si bouleversée de terreur qu’elle ne put faire un geste, prononcer un mot.
    Déjà Bembo s’inclinait devant elle et disait :
    « Madame, j’ai votre secret, maintenant. Vous aimez Sandrigo. Vous êtes la rivale de votre fille, et dans votre âme que la passion domine, une seule question domine toutes les autres : comment faire pour que Sandrigo n’aime plus Bianca, pour que votre amant soit à vous seule, tout entier !… Est-ce vrai, madame ?
    – C’est vrai ! gronda Imperia parvenue à ces limites d’exaspération où la dissimulation est impossible.
    – Eh bien, dit alors Bembo, la solution, je vous l’apporte, moi !…
    – Vous !…
    – Tenons pour nul et non avenu tout ce que nous avons dit tout à l’heure. Oubliez vos menaces. Soyons amis. Soyons alliés. Voulez-vous ?
    – Je le veux…
    – Eh bien, à vous Sandrigo… à moi Bianca. Je vous laisse l’un, je vous jure qu’il ne lui sera fait aucun mal… Donnez-moi l’autre ! Voulez-vous ? »
    La mère frémissante, la courtisane déchaînée répondit :
    « 
Je le veux !
    – Bien ! Cessez donc de vous inquiéter. Sous peu, Bianca ne s’élèvera plus entre vous et votre amour. Est-ce conclu ? »
    Imperia eut un tressaillement profond : peut-être un dernier soubresaut de son amour maternel. Bembo la dévorait du regard.
    Elle dit enfin, audacieuse, frénétique :
    « Conclu !… »
    Et Bembo s’éloigna, ivre d’espoir, comme Sandrigo s’était éloigné ivre de volupté…
    q

Chapitre 32 LES REMPARTS DE GOVERNOLO
    R oland, ayant tiré la vaste table à laquelle, quelques instants auparavant, il était assis auprès de Jean de Médicis, s’était acculé à un coin de la tente.
    Autour de lui, de l’autre côté de la table, les officiers du Grand-Diable, hurlant et gesticulant, se pressaient, se gênaient l’un l’autre. Au-dehors, le camp était en rumeur.
    « Trahison ! Aux armes ! »
    Ces cris éclataient de toutes parts.
    Tout cela s’était passé en quelques secondes.
    Roland, de sa main droite, tenait la lourde épée de bataille. Cette épée qui semblait légère comme une plume à sa main nerveuse, tourbillonnait, et déjà trois des vaillants qui avaient escaladé la table étaient tombés en inondant de sang les planches que le vin avait tachées de rouge.
    Cependant sa main gauche, derrière son dos, fourrageait furieusement dans la toile de la tente.
    Il y eut soudain une poussée plus violente.
    Des cris féroces éclatèrent.
    Et la voix du Grand-Diable domina le tumulte :
    « Tuez ! Tuez !… »
    D’un bond, une vingtaine d’officiers et de soldats avaient sauté sur la table et se ruaient sur Roland. Vingt épées se dirigèrent sur lui, de haut en bas…
    Soudain, il disparut.
    « Il est tombé ! vociférèrent les assaillants.
    – Il a son compte, rugit un officier.
    – Il se sauve ! hurla le Grand-Diable. Arrête ! tue !… »
    Et blanc de fureur, de la main il désignait une large fente qui béait sur les flancs de la tente.
    Pendant qu’il tenait ses adversaires en respect, Roland, de son poignard incrusté à sa main gauche, avait déchiré la toile, et au moment où il allait être atteint, s’était évanoui par la déchirure qu’il venait de pratiquer dans toute sa hauteur, d’un effort furieux.
    La tente se vida en un

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