Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
sang-froid. Je suis content que ce soit Sandrigo, voilà.
    – Tu le connais donc ?
    – Oui, nous avons été de la même bande jadis. »
    Scalabrino marcha une centaine de pas en silence. Puis s’arrêtant tout à coup :
    « Gianetto, dit-il froidement, il faut que tu me suives.
    – Où cela ? demanda le marin étonné.
    – Tu le sauras quand nous serons arrivés. Ecoute bien, il ne te sera fait aucun mal. Au contraire, tu as tout intérêt à me suivre. J’ai besoin d’arriver à
l’Ancre d’Or
sans que j’y aie été annoncé. Et comme malgré tous les serments que tu pourrais me faire, tu n’aurais rien de plus pressé que de raconter l’entretien que nous venons d’avoir, chose qui me serait des plus pernicieuses, je te donne à choisir entre me suivre ou rester ici. Seulement, je te préviens que si tu préfères rester, il faudra que quatre hommes viennent te ramasser pour que tu t’en ailles ! »
    Il tira son poignard. Gianetto devint livide.
    « Scalabrino, fit-il d’une voix tremblante, oseras-tu te mettre un tel crime sur la conscience ?
    – Non, si tu consens à me suivre de bonne volonté, et je te répète que tu n’auras pas lieu de t’en repentir.
    – Eh ! par tous les diables, je te suivrai au bout du monde.
    – Viens donc, et tâchons de marcher vite. »
    Après une heure de marche silencieuse, les deux hommes étaient de retour à Mestre.
    Là, Scalabrino se procura un deuxième cheval, pour Gianetto. Dans la même journée, ils atteignirent les gorges de la Piave.
    Scalabrino confia son compagnon à trois ou quatre bergers qui semblaient se reposer à l’entrée de la Grotte Noire. En les regardant de près, Gianetto s’aperçut que ces bergers étaient armés de solides poignards et de pistolets.
    Scalabrino ayant dit quelques mots aux braves bergers, sans même descendre de sa monture, fit demi-tour et s’éloigna à fond de train dans la direction de Trévise et de Mestre.
    Le cœur du géant bondissait dans sa poitrine.
    « Pourvu que le misérable soit là, gronda-t-il. Pourvu que j’arrive à temps ! »

    *
    * *

    Le lendemain du jour où cette scène se passait, vers neuf heures du soir, il y avait une vingtaine de matelots et de barcarols dans la salle de la taverne de
l’Ancre d’Or.
    « Allons, dehors ! cria tout à coup le patron de la taverne, le digne Bartolo en personne. Il est l’heure de fermer, et je ne tiens pas à m’attirer une visite de messieurs les archers de garde ! »
    La plupart des buveurs payèrent leur écot et s’en allèrent.
    Bientôt, il ne resta plus dans la salle que cinq ou six buveurs.
    Mais maître Bartolo ne les expulsa pas comme les autres. Il ferma la devanture de sa taverne et rentra dans la salle.
    Bartolo était un homme d’une cinquantaine d’années, d’une force herculéenne. Il fermait tous les soirs sa devanture à l’heure du couvre-feu et n’avait jamais maille à partir avec les archers de garde qui faisaient des rondes incessantes dans les quartiers mal famés. Mais, pour les affiliés, la porte s’ouvrait toute la nuit. Là se préparaient les actes de brigandage qui, à cette époque, désolaient Venise la Belle.
    Ce soir-là, en rentrant dans la salle commune, Bartolo jeta un rapide regard sur les cinq ou six buveurs qui étaient restés après la fermeture. Il les reconnut tous, sauf un qui semblait s’être endormi.
    Bartolo s’approcha de lui et le secoua brutalement.
    « Hé ! l’ami, fit-il, que faites-vous là ?
    Le dormeur parut s’éveiller tout à coup et fit de la main un geste mystérieux. Bartolo s’assit et murmura d’une voix soupçonneuse :
    « Qui es-tu toi ?… Tu connais nos signes de reconnaissance, et cependant je veux aller au diable si je me rappelle avoir jamais vu ta figure ! »
    En parlant ainsi, il cherchait à dévisager l’inconnu, et il remarqua alors que cet homme était taillé en hercule.
    « Que t’importe mon nom ! fit l’inconnu.
    – Que veux-tu alors ?
    – Voir Sandrigo. Est-il ici ?
    – Non.
    – Doit-il venir ?
    – Peut-être.
    – Parleras-tu, Bartolo du diable ! »
    Le patron de
l’Ancre d’Or
tressaillit et eut un sourire.
    « Bon ! pensa-t-il, j’y suis maintenant ! »
    Et il se hâta de reprendre :
    « Eh bien, Sandrigo est à Venise, et je pense qu’il sera ici vers minuit.
    – Bien. Dès qu’il sera arrivé, préviens-le qu’un ami veut lui parler. D’ici là, laisse-moi

Weitere Kostenlose Bücher