Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
exemple celle qu’il avait éprouvée lorsque, après des angoisses et des suées aussi épuisantes que ses efforts, il avait dominé les parois de Cobham.
    – Baron, dit tout à coup Édouard de Woodstock, vous êtes passé à côté du chef-d’œuvre… Vous pensiez avoir cueilli la palme verte du triomphe ; ce sera le laurier noir de la Parque, à moins que vous ne commandiez à vos hommes de jeter leurs armes. C’est la dernière fois que je vous y invite !
    – Nous passerons, grommela Callœt.
    Une telle détermination suffirait-elle ? Non, évidemment. La méconnaissance du terrain les désavantageait, mais en supposant qu’ils fussent contraints de manier leurs armes, rien ne prouvait qu’ils seraient désavantagés. Onze guerriers courageux et habiles pouvaient affronter victorieusement vingt ennemis. Et même plus. Or, tandis qu’il méditait ainsi, tout en marchant, les yeux de Tristan se portèrent, derrière une haie, sur une lueur brève et qui s’évanouit pour se renouveler.
    – À l’arme, chuchota-t-il. Les gars, tenez-vous prêts… Et vous, prince, défiez-vous de toute action malheureuse… pour vous.
    De la friche où il venait de s’arrêter, il distinguait une gorge à pic, courte et obscure, au bout de laquelle, réduit par la distance, un bosquet suggérait une sorte de gros ours allongé de tout son long.
    « Jamais nous ne sommes passés par là. »
    Rebrousser chemin, c’était perdre du temps.
    – Défiez-vous !
    Ils allaient parvenir à mi-pente lorsque des cris retentirent devant eux et sur les côtés, accompagnés par des hennissements de chevaux certainement à l’attache sous quelques arbres.
    –  Saint George !… England !… Help  !… À moi !
    –  It’s an ambush  !… C’est une embuscade, ricana le prince Édouard.
    Tristan sentit vrombir au-dessus de lui un carreau ou une sagette.
    – Une embûche ! enragea Paindorge.
    – N’avancez plus !… Laisse-les venir !… Courbez-vous !
    – À moi !… À la rescousse !
    Vingt, trente voix répondirent à cet appel tandis que surgissaient des fantômes armés et que quelques flèches sifflaient encore.
    Gueguen s’était levé, aussi net, sur le fond clair de la brume, que si quelque lumière l’avait éclairé par-dessous. Il tomba en criant : « Ils m’ont eu ! » et disparut, comme absorbé par la pente.
    Callœt bondit vers Édouard de Woodstock qui, pour se protéger, lança ses mains en avant. Tristan, par un mouvement d’une célérité désespérée, repoussa le poignard du Breton tandis que celui-ci sursautait, le flanc dextre traversé par une vergette (492) lancée d’une main puissante. Brève, effrénée, une expression de joie passa sur le visage d’Édouard de Woodstock :
    – Rendez-vous !
    Triphon tomba, le cou traversé d’une flèche. Pagès hurla.
    – Inutile, baron, de planter votre lame dans mon dos ! ricana le prisonnier. Mes archers vont abandonner leur long-bow pour l’épée… Ils y excellent aussi… Je connais leur façon de tramer des embûches…
    Un homme surgit de l’ombre. Il brandissait un épieu. Un autre le suivait. Avant qu’ils eussent atteint Pagès, Raffestin, le seul qui était demeuré accroupi, se détendit avec une violence parfaite : nette, infaillible, son épée s’empouacra dans le ventre du Goddon. L’épieu tomba. Il s’en saisit et des deux mains, insoucieux de sa lame, il pourfendit le second Anglais. L’homme hurla, en basculant dans les ténèbres. Raffestin reprit son épée.
    – Bougresse de lune ! maugréa Buzet… Voilà qu’elle se remontre toute nue ! Et l’arrière-garde nous arrive isnellement 230  !
    Les soudoyers de Rochester accouraient à la rescousse de leurs compères. Meute enragée de veautres à tête d’homme, sans peur, criant à pleine gorge la chaude curée du gibier humain.
    – Ils sont trop !… Guerpissons ! s’écria Buzet.
    Gargouillis. Une estocade à la poitrine. Callœt, Buzet, Gueguen… Qui encore ? Tristan ne pouvait les voir tous. Il reculait, tirant son prisonnier par le col, heureux de ne pas voir son visage. Jamais il ne s’était senti aussi péniblement faible, humilié, démuni ; incapable de décider, abasourdi par cette male aventure qu’il avait redouté d’entreprendre, et qui, sans doute, s’achèverait dans la mort.
    – Reculons toujours ! dit Paindorge. Ils ne nous coincent que sur trois côtés !
    Une flèche souffla son haleine mortelle

Weitere Kostenlose Bücher