Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
mettent en panne !
    – Passez-moi cet aviron qui ne vous sert à rien… Prenez ma place !
    Tristan ramait avec plus de vigueur. Une nouvelle volée de sagettes et de carreaux s’abattit autour de la coque, et un vireton se planta à l’arrière, près de l’anneau d’amarrage.
    – Allons, messire !… Tirons sur ces pales !
    L’étrange volonté de Luciane émerveilla Tristan une fois encore, bien qu’il se dît – pour conjurer des démons assoupis – qu’Oriabel, dans des circonstances identiques, eût agi de la même façon.
    – Ils renoncent, dit Paindorge. Ils partent en nous montrant le poing !
    L’étrave du bateau heurta le flanc de la Goberde. Lancée par-dessus la pavesade, une échelle de corde f aillit choir sur la tête de Paindorge. Tristan s’inquiéta :
    –  Pourras-tu monter seul ? Veux-tu qu’ils nous lancent de quoi te lier et te hisser à bord ?
    –  Je vais l’aider, dit Luciane… Je guiderai vos pieds sur les échelons, Robert…
    Elle avait retenu son prénom. Là-haut, des mains s’apprêtaient à saisir celle de l’écuyer. Tout allait bien.
    – Doucement, dit Tristan lorsque ses compagnons commencèrent à s’élever. Vous, là-haut !… Mon ami est navré à l’épaule…
    La robe de Luciane lui collait au corps, mettant en évidence, dans le petit jour rose et or, ses contours et ses reliefs. Cet éclat de la chair après chaque enjambée… Et plus elle montait plus elle se révélait. Émouvante pâleur du blanchet sur un blason dérobé à la curiosité d’un mâle privilégié ; ces jarrets, cette petite amphore de chair achevée par une cheville ciselée… Quelles jambes ! Quelles cuisses ! Tristan sut qu’il en serait désormais obsédé. Quelque chose de blond traversa sa pensée. Il était trop occupé pour lui donner un nom ou plutôt, en l’occurrence, il refusait d’écouter sa mémoire.
    Il regarda de nouveau vers le haut. Paindorge était happé par des mains énergiques. Et Luciane écartait largement ses jambes pour franchir le garde-corps. Des sifflements d’admiration retentirent.
    – On vous envoie des cordes, dit Calletot, penché à la rambarde. Liez-les solidement aux anneaux afin que nous remontions cette flette 243 . Vous, montez à l’échelle.
    – Il en sera fait ainsi.
    – Vous n’êtes plus que deux avec cette donzelle ?
    – Hélas ! Oui.
    – D’où la ramenez-vous ?
    – Du manoir de Cobham… Nous l’avons délivrée.
    – Qui est-elle ?
    – Une Normande, comme vous.
    – Voilà qui change tout, messire !
    « Voilà qui change tout, en effet », songea Tristan.
    – Vous ne revenez pas parmi nous les mains vides !
    Tristan avait lié les cordes. Il empoignât le premier barreau de l’échelle et se hissa sur le pont. Déjà, la Goberde, qui n’avait que diminué son erre, cinglait vers le Nord afin de contourner aisément l’énorme moignon de terre à la pointe duquel un port naissait qu’ils avaient entrevu à l’aller : Sheemess.
    – Les autres, messire ? demanda Calletot en mettant, sur le dos de Tristan, une couverture sèche, moelleuse, et qui sentait la marée.
    – Tous morts… J’ai le cœur gros de les avoir laissés.
    – C’était une appertise 244 impossible.
    – Nous avons failli réussir… J’ai eu pendant longtemps Édouard auprès de moi, mains liées…
    Tristan surprit dans le sourire du marinier un pli qu’il ne lui connaissait pas et dans ses yeux une lueur d’incrédulité ou d’ironie.
    – Croyez-vous que je mens ?
    Calletot se récria. Non, tout de même. Il ajouta malicieusement comme si, entre le prince de Galles et la jouvencelle en captivité, son passager avait délibérément fait son choix :
    – Vous, au moins, vous n’aurez pas perdu au change, mais monseigneur le dauphin, lui…
    Et sur un geste qui signifiait son désintérêt pour le reste de l’aventure, il monta péniblement l’escalier du château de poupe.

VI
     
     
     
    –  La terre de France, Luciane…
    – J’ai tremblé quand nous sommes passés au large de Calais… Toutes ces nefs qui semblaient partir pour le ponant…
    – Elles emmenaient une armée en Bretagne ou en Aquitaine. Notre grande bannière aux léopards et fleurs de lis nous a certainement sauvés la vie. Calletot est astucieux… Dommage…
    – Dommage que quoi ?
    –  Si Calletot ne croit pas que j’ai… que nous avons tenu l’Édouard à notre merci, lui qui nous a vus partir pour

Weitere Kostenlose Bücher