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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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ailleurs qu’en ce château… Venez…
    Elle se leva et le suivit. «  Si Oriabel me voyait !… Et Tiercelet ! » Oriabel dans ses bras… Ses lèvres fraîches… Sa frayeur quand Naudon de Bagerant était venu le chercher dans leur chambre, peu avant cette funeste bataille… Sa frayeur – encore – dans l’auberge d’Eustache… Avant qu’il connût Luciane il se réfugiait fréquemment auprès d’elle par la pensée ; il renouvelait leurs étreintes. Il soufflait sur les braises de leurs desseins épars et s’y réchauffait le cœur… Il eût fallu que Luciane ne fût qu’un rêve et les sentiments qu’elle lui inspirait une simple attirance dont il s’étonnerait lorsqu’il aurait retrouvé Oriabel.
    Paindorge avait sellé Malaquin et son roncin. Il tenait le cheval arzel sellé, lui aussi, par sa buade (504) .
    – Point de sambue 269 , messire, mais il y a un bourrelier-sellier tout près, sur le chemin de Joinville…
    – Bien… Allons-y… Ce cheval vous appartient,
    Luciane… Évidemment, une jument eût été préférable…
    Il faillit clore ses paupières tellement elle le contemplait. Il y avait dans la lueur de ses yeux une intensité si fervente, si éloquente, qu’il fut définitivement édifié. Cependant, ses traits demeuraient figés ; le pli de sa bouche exprimait une tristesse infinie :
    – Il est beau ! Je ne mérite pas…
    – Vous méritez mille choses bonnes !
    Tristan devina qu’elle allait se pencher vers lui. Leurs joues se touchèrent. Il sentit le frôlement de la tresse épaisse, odorante, sur sa bouche, puis celui, chaud, affamé, des lèvres de Luciane. Un baiser vif, non pas comme on fait une aumône, mais comme on scelle un amour plein de pureté, d’innocence.
    Non, il ne se livrerait à aucune comparaison. Il était bouleversé, soit, par cette jouvencelle dont il avait senti la poitrine contre lui ; et c’était avec plaisir qu’il l’avait ceinte de ses bras. Plaisir ? Mieux : délectation.
    – Il serait bon que vous lui donniez un nom…
    Il la tenait serrée, immobile, et lui parlait doucement. Elle l’écoutait, la tête contre son épaule, ses regards allant de l’arzel à Paindorge, immobile, lui aussi, et faussement inattentif.
    – Puis-je l’appeler Marchegai comme le cheval de mon père ?
    – Bien sûr !
    Elle sourit, dénoua leur étreinte légère et marcha vers le cheval dont elle caressa le garrot.
    – Il est beau !
    – Un beau brun aux pieds blancs…
    Le cheval était de petite taille, et sa docilité se découvrait d’emblée. Des yeux noirs, des naseaux palpitants, de petites oreilles à peine chauvies. Luciane et lui s’examinaient, et Paindorge, amusé, souriait de sentir entre la belle et la bête une complicité confirmée.
    – Marchegai.
    L’animal secoua sa noble tête et se mit à gratter le sol comme s’il espérait courir.
    – Quand je l’ai monté, du Crotoy à Vincennes, je n’espérais pas qu’il m’appartiendrait un jour !
    – Eh bien, c’est fait… Vous avez chevauché comme une prudfemme. Nous allons acquérir une sambue et vous monterez Marchegai comme une gente dame.
    Le cheval encensa comme s’il acquiesçait. Tous rirent ; Paindorge le plus fort.
    – J’ai chargé votre armure, messire, sur la croupe du mien.
    Luciane se tourna vers l’écuyer :
    – Comment, Robert, appelez-vous votre roncin ?
    – Tachebrun, tel celui du traître Ganelon… L’homme pouvait être pervers et son cheval sans peur et sans reproche… À peu près comme pour l’Archiprêtre…
    – Ne parle pas de ce félon !
    – Justement, si, messire, ne vous déplaise… Savez-vous ce que j’ai appris d’un palefrenier en sellant les chevaux ?… Eh bien, pendant que nous étions à Cobham, l’Archiprêtre était à Royal-Lieu-lez-Compiègne, auprès du roi…
    – Hein ?
    – Ce palefrenier était de la suite de Jean II… L’Archiprêtre a réclamé au roi les sommes qui lui étaient dues pour les Services qu’il a soi-disant rendus à la Couronne – Jean et Charles compris –, pour les fonctions occupées pour eux et les missions remplies en vertu de leurs mandements.
    – Incroyable !
    – Arnaud de Cervole s’est dit aussi légitime créancier de la succession du connétable Charles d’Espagne, succession recueillie par le roi…
    Paindorge baissa la tête :
    – Je n’ose vous dire le reste.
    – Vas-y ! Je m’attends à tout de ce ferre-mule (505) .
    – Eh

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