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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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– une jambe noire, l’autre rouge – faisait quelques pas dans leur direction. Il était blond, à en juger par la frange de cheveux qui sortait de sa coiffure en façon de mortier, ornée d’une enseigne d’émail vermillon. Sa morgue et ses façons sentaient le hijo de algo 317 mâtiné de malandrin. Il souriait sous sa fine moustache :
    – Bienvenue au pays de Charles de Navarre.
    – Singulière façon, dit Tristan, de souhaiter la bienvenue !… Ce capelan 318 n’avait pour arme qu’un bâton. Vous l’avez atterré.
    – Il m’a manqué de respect. Il a surtout honni notre bon roi. Deux raisons pour l’occire.
    Tristan se contint. Il sentait auprès de lui Thierry attentif et, derrière, Paindorge et Luciane dont il eût aimé voir le visage ou serein ou anxieux.
    – Que voulez-vous ?
    – Savoir qui vous êtes. À qui vous êtes. En quel lieu vous vous rendez. Subséquemment, si vos bourses sont pleines. Vous êtes sur un chemin péageux.
    – Je l’ai pris vingt fois, dit Thierry, sans jamais acquitter la moindre redevance !
    – Eh bien, vous allez payer pour vingt et un passages.
    – Mon œil, chuchota Thierry.
    Et violemment :
    – Exiges-tu aussi quelque lourd tonlieu 319 pour le marché voisin où nous comptons faire étalage de notre issue 320 le temps d’acquérir de quoi boire et manger ce soir ?
    – Pourquoi non, messire ?… Notre seigneur est aussi tonloier !
    Tristan toucha son voisin du coude et murmura :
    – Nous allons, compère Thierry, devoir tirer nos allumelles 321 .
    – Je le crains. De toute façon, ils souhaitent nous occire : nous sommes les témoins d’un meurtre.
    Et s’adressant au chef de bande :
    – Pourquoi avez-vous tué ce saint homme ?
    – Il venait d’Avignon. Adonques c’était une créature du pape et par conséquent un suppôt du roi de France… Et, crime impardonnable, il était sans un sou !
    – Si nous nous acquittons de toutes vos demandes, nous laisserez-vous poursuivre ?
    La figure austère du Navarrais s’enlaidit. Tristan eut l’avant-goût du sort qui l’attendait s’il tombait par malheur au pouvoir de cet homme.
    – Derrière ? s’informa-t-il entre ses dents.
    – Voilà les quatre qui rejoignent les autres. Nous ne sommes plus entourés.
    Le géniteur et ses compagnons passaient, rieurs, sûrs de leur suprématie.
    – Toute révérence gardée, dit Thierry d’un ton impudent où perçait, cependant, une inquiétude qui devait avoir Luciane pour objet, toute révérence gardée, messire, je ne vois pas pourquoi je débourserais vingt et un péages pour un chemin si mal entretenu que nos chevaux se plaisent à le joncher de leur merde.
    C’était vrai : Malaquin et Taillefer troussaient la queue pour expulser en même temps des mottes de crottin dont ils s’éloignaient en dansant.
    – Veuillez nous céder le passage, dit Tristan, la main sur son escarcelle. Je vais acquitter…
    Il surveillait les hommes. Si le chemin demeurait fermé par-devant, rien ne s’opposait à une galopade dans les friches embroussaillées, sur la gauche. « Oui, mais si ces malandrins ont des archers habiles… » Mieux valait atermoyer.
    – Et si je vous disais que nous sommes Anglais ?
    – Je n’en crois rien.
    Thierry se détourna vers sa nièce. La sueur de son visage picoté d’une barbe d’un jour ne devait rien au soleil. Il craignait que Luciane ne le déçût, mais la jouvencelle approcha son cheval et, menaçant du poing le chef de bande, les cavaliers et les piétons :
    –  Damned people ! Make way for us, or blood will flow 322  !
    Impatient, indécis mais sûr du dénouement de son embuscade, le Navarrais ne s’embarrassa point de finasseries :
    – Anglais ou non, alliés ou non, vous m’inspirez de la défiance et du mécontentement… Et ton anglais, damoiseau, voilà ce que j’en fais !
    Son geste ignoble indigna Paindorge. La fureur le mordit aux entrailles.
    – Pourceau ! hurla l’écuyer. Tu voulais nos bourses ? Je vais couper les tiennes et les ferai porter à Charles le Mauvais !
    Un cavalier passa au galop, l’épée haute. Thierry, d’un revers de lame, lui trancha par moitié l’avant-bras. L’homme s’enfuit, hurlant de douleur et de rage.
    Tristan fut aussitôt devant le Navarrais.
    « Si je le tue, les autres guerpiront. »
    L’homme grondait, menaçant, son épée à large lame de biais contre sa poitrine. Luciane et l’écuyer, quelque part,

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