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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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gargouillis. Ses mains lâchèrent l’arme de Paindorge. Il s’agenouilla lentement, comme pour demander le pardon de ses fautes et chut enfin sur le flanc.
    Luciane laissa tomber la Courtain de son oncle et se précipita :
    – Je l’ai eu ! Je l’ai eu !
    Tristan reçut la jouvencelle dans ses bras. Quel sentiment la secouait ? La joie ? Le plaisir ? La peur qui rechignait peut-être à la quitter ? Il eût dû l’admirer, il en était incapable. Il acceptait cette victoire comme une chose due mais invraisemblable. Elle ne provoquait rien en lui hormis un frémissement proche de l’écœurement. Jamais la douceur, la suavité de la juvénilité ne lui avaient semblé aussi perfides. Dignes d’éloges, certes, mais d’éloges contraints. Ce Quittebeuf n’était qu’un sot qu’il eût désarmé en quelques répliques vigoureuses. Mais il l’eût laissé vivre car son trépas ne signifiait rien.
    –  Je ne voulais pas, bredouilla Luciane. Me croyez-vous, Tristan ?
    Il poussa la pucelle contre Thierry comme il l’eût fait d’un fardeau encombrant. Elle le dévisagea.
    – Vous me désapprouvez ?
    – Bah ! fit-il, on prend comme l’on peut ses jouissances où l’on veut. Moi, cet affreux cagou, je l’aurais laissé vivre.
    Luciane pâlit sous ses perles de sueur. Ses yeux cillèrent et ses lèvres frémirent sur des mots qui ne pouvaient éclore. Elle était belle ainsi dans la magnificence d’un triomphe après tout malaisé. Ses vêtements masculins soulignaient la courbe de ses hanches, la fermeté de ses cuisses hautes, la cambrure des reins et leur double rondeur et surtout l’épanouissement d’une poitrine haletante qui sans doute avait déjà senti l’effleurement ou le contact de mains audacieuses.
    – M’en voulez-vous, Tristan ? dit-elle d’un ton sourd. Alors, il vous fallait, pour sauver ce sacrilège, vous jeter en travers de nous !
    Tristan intercepta un regard de Thierry. Approbateur.
    – Allons, fille, dit-il, c’était bien. Nous te faisons compliment. N’essaie cependant point, sauf cas de nécessité, de nous montrer ton savoir-faire… Tu vas remettre l’épée dans la sommade 326 où tu l’as prise…
    Non !
    Négligeant Luciane, Tristan se tourna vers Thierry :
    – Laisse-la s’en ceindre… Elle l’a bien mérité. Et à vous m’en croyez : partons.
    – Mais ces morts…, dit Paindorge.
    – Pas le temps de s’en occuper. Si nos agresseurs sont sortis d’un châtelet tout proche, il est à craindre qu’ils vont essayer de nous prendre ou de nous occire… Nous avons meurtri sept des leurs, si je sais compter.
    – Deux pour moi, dit Paindorge. Et vous messire ?
    …… Un… Le chef.
    – Deux, dit Thierry.
    – Deux, dit Luciane.
    – Si les autres ne le font point, je vous en louange, moi, dit Paindorge.
    Et s’adressant à qui de droit :
    – Nous avons des chevaux navarrais à discrétion. Qu’est-ce qu’on en fait, messire ?
    – Rien, dit Tristan. Laissons-les.
    – Il me semble qu’un sommier ferait votre affaire.
    Luciane encore. Elle avait raison. Tristan se sentit soudain déséperonné.
    – Eh bien, choisissez-le, consentit-il en riant.
    Il songeait : « On va voir si elle s’y connaît. » Or, parmi les happelourdes, les brassicourts et les goussants 327 elle avait déjà fait son choix.
    – Celui-ci, Robert, dit-elle à Paindorge.
    Elle désignait de la main et du menton un barbe 328 à la robe sang-de-dragon qui, à grandes enjambées, allait et venait parmi ses compères et s’arrêtait soudain court, et se sentant observé, comme pour mettre en évidence sa tête légère, expressive, à l’œil brillant, aux lèvres minces et aux naseaux bien ouverts. L’encolure était longue, à la fois souple et musclée, les hanches puissantes. « Un peu long peut-être comme corsage », songea Tristan, « mais nullement mou dans ses reins. Et solide aussi sur ses jambes. » Il s’inclina :
    – Bien, m’amie. Je vous approuve.
    – Elle a, dit Thierry, la sûreté d’un maquignon… Je mènerai mon sommier à la longe. Tu prendras soin, Robert, de ce nouveau venu.
    Leur hargnerie à tous s’était dissoute et l’envie leur manquait de parler d’avantage.
    Ils repartirent, la jouvencelle chevauchant cette fois en avant.
    Excepté son avis sur le choix du sommier, elle n’avait rien dit de plus que le chiffre de ses victoires. Elle avait jeté un regard sur le corps de frère Chabrol

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