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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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routier. Il devait se lamenter doublement : d’avoir été vaincu et que ce fut par une fille. Il protesta qu’il n’avait fait qu’obéir.
    – À qui ?
    – À messire Soltero.
    – Qui obéissait à qui ?
    – Messire Charles de Navarre… Il n’est point ici mais nous a laissé moult commandements.
    Luciane sourit et, tournée vers son oncle :
    – Il devient aidable !
    Et au garçon qui, d’un effort désespéré, s’était remis debout :
    – Sang de navet, rustique, chien courant, meurtrier de presbytérien, tu vas creuser le trou de ta victime !
    – Je n’y ai pas touché, à ce moine !
    – C’est tout comme. Obéis puisque tu sais le faire !
    Le garçon acquiesça mais fit une objection :
    – Je n’ai rien. Ni pelle ni pioche…
    Paindorge s’approcha :
    – Hé si !… Tu as tes ongles.
    Le sang afflua au visage du malandrin. Une envie de hurler, d’écumer, de mordre peut-être, le traversa au point qu’il se mit à trembler à grosses et violentes secousses.
    – Quoi ? s’étonna Paindorge. N’as-tu pas les angles griffus des fauves de ton herpaille 324  ?… Va là-bas et fosse la terre !
    – Jamais !
    Se ravisant, l’écuyer prit le vaincu par l’épaule et lui offrit son épée.
    – Prends… Nous perdrons ainsi, toi et nous, moins de temps.
    Un fait inattendu se produisit : aussitôt l’arme en main, le malandrin la leva sur l’écuyer qui, prompt et vigilant, put se soustraire au coup.
    – Hop ! cria Luciane.
    Paindorge reçut au vol l’épée qu’elle lui lançait. Muet, attentif, il laissa le garçon le charger avec force.
    – Tu t’es condamné.
    – Je l’étais : quatre contre un…
    – Nous t’aurions laissé libre.
    – Mensonge !
    – C’est à un contre un, merdaillon ! Il te faut t’assagir !… Pose cette lame. Je t’aiderai à creuser la terre… C’est folie, en vérité, de vouloir périr si jeune !
    Paindorge recula sous deux menaces précises. Luciane se tourna vers Tristan et son oncle :
    – J’aurais dû meurtrir ce garnement 325 quand j’ai vu de quels regards il m’enlaçait… C’est de la basse vermine !
    – Je ne le croyais pas félonneux à ce point.
    – Moi, si, Tristan !… Voyez votre écuyer qui recule… Par ici, Robert ! Cède-moi ton épée !… C’est à moi qu’il convient de châtier ce drôle !
    Paindorge dont l’épaule enferrée sur une plage anglaise était à peine guérie, et qui souffrait de son poignet, reculait sans cesse en se contentant de parer les coups sans qu’une occasion de percer son antagoniste se présentât.
    – Thierry !… Tristan !… M’autorisez-vous à vous montrer mon savoir ?
    – Non, dit Tristan.
    – Bah ! fît Thierry. J’ai vu, ma nièce, que tu tenais le ton père… Prends cette épée. Je l’ai baptisée Courtain comme celle d’Ogier… le Danois.
    Brusquement, Luciane fut auprès de Paindorge qu’elle éloigna d’un coup d’épaule. Voyant qu’il avait affaire à cette fille qui l’avait déshonoré, le malandrin chargea. Courtain solidement tenue à deux mains, monta au-devant de l’épée de Paindorge.
    – Quel est ton nom, charogne ?
    – Clinquant de Quittebeuf, putain !
    – Je vais te raccourcir !… Tu souffles, par ma foi, comme un bœuf de labour !… Tu vas quitter cette terre !
    « Elle en fait trop », songea Tristan. « Je n’aime pas cette hautaineté chez une femme… Ni tant de force et de malignité… Pauvre homme que celui qui sera son époux ! »
    Cependant, il admirait Luciane : elle savait administrer des taillants prompts et roides et se protéger en hâte des revanches qu’elle suscitait. Son agilité était une seconde arme tout aussi redoutable que ses façons d’assaillir Quittebeuf. Une âme archangélique soudainement féroce.
    Le routier gémissait d’un courroux forcené.
    – Tiens, putain ! dit-il en fournissant un coup d’allonge.
    Luciane volta sur elle-même et riposta.
    Quittebeuf poussa une estocade. Luciane, sereine, fit un saut de côté et réitéra sa défense par un coup fauchant à la tête.
    Touché au front, aveuglé par son sang, le malandrin hurla et attaqua désespérément, taillant au hasard, beuglant de rage et d’humiliation. Reculant pour préparer un autre coup, Luciane abaissa son arme. L’autre leva la sienne. Avec un à-propos aisé, terrifiant, la jouvencelle poussa son estoc vers le cœur.
    Quittebeuf ouvrit la bouche sur un

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