Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
fornication avaient fait des progrès énormes. Mathilde, épargnée par la peste, avait découvert la luxure.
    L’eau grise, toute proche, emportait dans ses flots des branches, des troncs d’arbre et des éléments de charpente. Une buse s’en vint tournoyer au-dessus. « Comme l’esprit de Mathilde sur le mien. » Il avait au moins une certitude : dans ses bras, il ne s’ennuierait pas !
    – Je déteste te voir ce regard-là.
    – Pourtant, je pensais à des choses…
    Il pouvait bien s’accorder le plaisir de l’essanner 32  !
    Brusquement, dans un mouvement qui fit osciller la litière et détruisit l’harmonieuse allure des chevaux, Mathilde s’age nouilla devant lui, le visage empreint d’une telle expression juvénile qu’il ne put que s’en émouvoir. Elle semblait en adoration, éperdue d’angoisse ou hantée d’une espérance indicible. Ouvrant ses bras, elle se hissa vers lui, suppliant du regard, implorant des lèvres un baiser qu’il lui donna moins comme une preuve d’amour que comme un gage de bonne volonté.
    – Je t’aime, Tristan !
    Ses cheveux sentaient bon. Il percevait, à travers le cendal dont la couleur seyait à sa carnation de brune, le parfait modelé de sa chair. Un cou d’ivoire, des épaules douces et des hanches fermes. Un sentiment d’orgueil l’anima malgré lui, malgré Oriabel : jamais il n’avait eu une femme à ses pieds, et Mathilde était une des plus fortunées du Lyonnais. Il sentit une main monter sur sa cuisse.
    – Tu vois que tu en as envie fermement, toi aussi.
    La gente dame avait l’audace putassière.
    – Je ne serais pas homme si je manquais de fermeté.
    Une brusque incartade du cheval d’avant les secoua si fort que Mathilde, qui venait de l’empoigner avec une telle vivacité qu’il en suffoquait, alla donner de la tête contre la paroi.
    – Misère de moi ! grommela-t-elle.
    Tristan s’empressa de frotter la tempe endolorie.
    – Dieu vous a châtiée pour votre impatience !
    – Dieu, je l’embrène 33  !
    – Ah ! bon, dit-il tandis que sa main retombait.
    Mathilde reprit sa place, morose et comme hermétiquement fermée à tout ce qui remuait autour d’elle.
    *
    Une petite pluie tambourinait sur le toit de la litière quand un des soudoyers qui trottaient devant exprima très haut son soulagement :
    – Nous y voilà enfin !… Nous sommes bien chanceux : pas d’embûche…
    « Hélas ! » songea Tristan. « J’aurais peut-être pu m’enfuir à la faveur d’une empainte (414) . »
    Il exagérait. Il se serait joint aux ribauds de Mathilde afin de la protéger et de protéger sa vie. De plus, cette attaque aurait pu être menée par des malandrins qu’il connaissait et qui, à Brignais, n’avaient eu de cesse d’exprimer l’aversion qu’il leur inspirait. Mieux valait encore partager un temps la vie de son épouse que de retomber au pouvoir d’Espiote, Bertuchin, Tallebardon, Naudon de Bagerant et bien d’autres.
    Se penchant, il entrevit à travers la mousseline étendue sur la contrée des bosquets noirs et des prés montueux. Dans l’un d’eux, des moutons paissaient sous la surveillance de trois archers.
    – Tudieu ! dit-il. Si les routiers voyaient ces bêtes…
    Ils étaient venus jusqu’à Montaigny. Ils avaient, une nuit – celle qui avait précédé le départ d’Oriabel –, contourné le château sans l’assaillir alors qu’un bref assaut de cinquante ou cent hommes en eût permis la conquête.
    – J’étais ici, dit Mathilde, quand Héliot s’est emparé de moi après avoir tranché la tête de mon chien d’un coup d’épée. Je ne portais aucun joyau et j’avais sur le corps des vêtements de manante. J’ai dit à ce malandrin que je connaissais l’un de ses chefs. C’était, bien sûr, un mensonge, mais il m’a crue… La suite, tu la connais…
    Peut-être avait-elle argué de la protection d’Arnaud de Cervole. Ou d’un autre. Oui, il connaissait la suite. Elle allait maintenant retrouver sa demeure. Henri de Montaigny, dit-elle, était sans héritiers. Tout lui appartenait. Elle devait régner sur les murs et les dépendances avec la fermeté d’une suzeraine.
    – J’aime Montaigny. C’est un châtelet – comment dire ? – solide. Un Hercule de pierre dont Henri se montrait orgueilleux… S’il se moquait un peu de tout, il respectait au moins l’assuré ment 34 dont son père, déjà, s’était porté garant… Bientôt tu vas pouvoir me

Weitere Kostenlose Bücher