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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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difficulté aucune, salué avec une déférence qui témoignait de la faveur particulière dont il jouissait dans la royale demeure.
    Et il faut croire que cette faveur était réelle, car il fut admis séance tenante auprès du roi. François II l’accueillit avec une joie non dissimulée :
    « Ah ! Voilà mon chevalier ! s’écria-t-il avec un bon sourire. Bonjour, mon chevalier ! »
    En disant ces mots, il lui tendait gracieusement la main. Beaurevers se courba et posa ses lèvres sur cette main avec la même grâce galante qu’il eût mise à baiser une main de femme.
    « Bonjour, Sire dit-il en se redressant. Je viens prendre les ordres de Votre Majesté.
    – Mais, fit vivement le roi, nous sortons, chevalier, comme d’habitude.
    – Comme d’habitude ?
    – Sans doute… Pourquoi pas ?
    – Je pensais qu’après ce qui s’est passé hier, Votre Majesté jugerait à propos de s’abstenir… pendant quelque temps, tout au moins. »
    En disant ces mots, Beaurevers plongeait avec insistance son œil clair droit dans les yeux de François. Celui-ci eut une moue de contrariété, et, avec une répugnance visible :
    « Vous me conseillez donc de m’abstenir, chevalier ? » dit-il.
    Un sourire de satisfaction passa sur les lèvres de Beaurevers qui répondit :
    « Moi ! Dieu me garde de vous donner de tels conseils, Sire !
    – Alors, s’écria impétueusement François, qui retrouva aussitôt sa gaieté, c’est dit, nous sortons… Précisément, à cause de ce qui s’est passé hier… Toute la nuit j’ai rêvé horions donnés et reçus… C’est si amusant, la bataille !… »
    « Allons, pensa Beaurevers, décidément, l’enfant est brave. Tant mieux, mort diable !… Je commence à m’attacher à lui, moi. Et il me serait infiniment désagréable de donner mon amitié à un lièvre poltron. »
    Et tout haut, de son air froid :
    « Où plaît-il au roi d’aller ?
    – Rue de la Rondelle. Chez le vicomte de Ferrière. Le comte de Louvre doit bien cette visite de courtoisie au galant gentilhomme qui, si bravement, est venu à son aide.
    – Très bien, Sire.
    – Je vais me faire habiller », dit François qui ne tenait plus en place.
    Et avec ce confiant abandon, cette charmante familiarité qu’il n’avait cessé de témoigner à celui qu’il appelait « mon chevalier », il ajouta : « Venez-vous avec moi, ou m’attendez-vous ici, chevalier ?
    – Ni ici, ni dans votre cabinet, si vous voulez bien le permettre, Sire. Pendant que le roi se fera habiller, ce qui demandera bien un bon quart d’heure, j’irai présenter mes humbles hommages à Sa Majesté la reine mère.
    – « Ah ! » fit le roi, surpris.
    Il n’ajouta pas un mot. Il se mit à marcher, l’air rêveur, toute sa gaieté brusquement envolée. Beaurevers, qui l’observait attentivement, se disait avec inquiétude :
    « Se douterait-il ?… Ah ! le pauvre petit, voilà qui serait vraiment affreux !… »
    Soudain, François s’arrêta devant Beaurevers. Il lui prit la main et la garda entre les deux siennes, malgré la résistance respectueuse du chevalier, en disant doucement.
    « Laissez, laissez, il n’y a plus de roi ici… il n’y a plus qu’un ami… Chevalier, vous m’avez sauvé, hier, et c’est à peine si je vous ai remercié… Oui, je sais, vous n’attachez qu’une importance relative aux mots, il vous suffit que le cœur y soit… Et vous savez que, chez moi, le cœur y est bien… Vous voyez que je vous connais bien, mon brave chevalier. »
    Il prit un temps, et d’une voix changée, une voix grave où roulaient de sourdes menaces, il reprit :
    « Une fois pour toutes, je dois vous dire ceci, que je vous prie de bien graver dans votre mémoire : je ne connais pas d’autres amis que Nostradamus, votre père, et vous. Nostradamus étant absent pour longtemps, malheureusement, je n’ai plus que vous. Je vous demande de veiller sur vous, chevalier… Non pour vous, qui êtes la témérité et l’insouciance mêmes, mais pour votre ami François… Car, je vous le dis en vérité, le roi de France, condamné, ne tarderait pas à aller dormir son dernier sommeil près de ses aïeux dans les caveaux de Saint-Denis, si vous veniez à disparaître, vous qui veillez sur lui. Gardez-vous donc et, quant au reste, dites-vous bien que votre ami François, tant qu’il vivra, saura vous défendre contre tous… fût-ce contre ses plus proches

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