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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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automnale la parait d’un éclat particulier ; ses yeux étaient plus grands, plus sombres, ses lèvres pleines étaient entrouvertes et évoquaient la douceur du miel. Il toussa pour s’éclaircir la gorge.
    — Quelle triste journée pour vous !
    — Oui !
    Elle eut un pauvre sourire.
    — Une triste journée pour moi et notre communauté.
    Corbett jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule. Ranulf était profondément endormi à présent et le clerc pria pour qu’il ne tombât pas de cheval et ne se rompît pas le cou. Il émit également l’espoir que Dame Agatha apporterait quelques lueurs sur le meurtre de Godstowe.
    — Vous blâmez-vous, interrogea-t-il doucement, d’avoir laissé Lady Aliénor toute seule ? Je veux dire, bredouilla-t-il, que lorsque je vous ai parlé de son enterrement, vous avez eu l’air bouleversée et chagrinée. Cette énigme est si embrouillée, s’empressa-t-il d’ajouter. Je crois que Lady Aliénor vous aimait bien ?
    Dame Agatha acquiesça d’un signe de tête.
    — Et pourtant, elle vous a éloignée ce jour-là. Traversait-elle une crise de mélancolie ?
    Dame Agatha reprit les rênes en main et poussa sa monture vers Corbett.
    — C’est ce que tout le monde dit, murmura-t-elle. Savez-vous que la prieure vous a menti lors de cet entretien, le premier jour ?
    — Oui, je l’ai deviné en vous regardant.
    Dame Agatha eut un petit sourire, comme pour elle-même.
    — Oui, elle ment mal. Je veux dire… est-ce qu’une femme, minée par le désespoir, ordonnerait à tout son entourage de s’éloigner d’elle ? Je vous assure, Messire, que les semaines précédant sa mort, son humeur s’était grandement améliorée. Elle montrait plus de vivacité et de joie de vivre. Si elle avait été vraiment désespérée, je ne l’aurais jamais laissée seule.
    — Qu’est-ce qui a provoqué ce changement, à votre avis ?
    Dame Agatha eut un sourire moqueur.
    — Je l’ignore. Quelquefois, je pense qu’elle avait un amant caché.
    — Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
    La jeune religieuse se mordilla les lèvres, pesant soigneusement ses paroles.
    — Une semaine avant de mourir, elle écrivit une de ses rares lettres au prince. Une brève missive. J’ai pu y jeter les yeux. Rien d’extraordinaire, sauf qu’elle y exprimait l’espoir qu’elle serait bientôt délivrée de son malheur. Je pense qu’elle avait un secret qu’elle n’a divulgué à personne.
    — Vous croyez donc qu’elle avait un amant ? insista le clerc. Je veux dire, en plus du prince ?
    — Peut-être ! Mais je ne le soutiendrais pas publiquement. Le prince est un homme dangereux. Je ne veux pas que l’on apprenne de ma bouche qu’il était cocu et qu’on en fasse des gorges chaudes.
    — Ce dimanche soir-là, enchaîna Corbett, Lady Aliénor attendait-elle son amant, d’après vous ? On l’a vue marcher près de la chapelle. Peut-être avait-elle un rendez-vous secret ?
    Dame Agatha lui lança un regard peu amène et Corbett eut un moment d’appréhension. Allait-elle refuser de répondre ?
    — Vous me promettez de ne rien dire à personne ?
    Corbett leva la main droite.
    — Je le jure !
    — Je crois, dit-elle dans un chuchotement presque inaudible, comme si des espions étaient tapis dans chaque arbre, je crois que Lady Aliénor s’apprêtait à s’enfuir du prieuré de Godstowe.
    — Pourquoi cette supposition ?
    — Elle recevait des messages. Il y a un chêne creux derrière la chapelle. Lady Aliénor m’avait mise dans la confidence et révélé qu’elle s’y rendait, tous les jours, tard dans la soirée, pour voir si on y avait laissé une lettre.
    — Combien de messages a-t-elle eus ?
    — Dans le mois précédant sa mort, deux ou trois. Ils étaient dans une petite bourse en cuir.
    — Vous ne les avez jamais lus par curiosité ?
    — Non, la bourse était fermée d’un sceau. Lady Aliénor se serait vite aperçue que je l’avais ouverte. Mais je suis formelle : ces messages l’emplissaient de joie. Elle était devenue plus heureuse, plus sereine. Elle fit même allusion, à une ou deux reprises, à un départ éventuel.
    — Mais qui pouvait bien lui envoyer ces messages ?
    Dame Agatha haussa les épaules.
    — Je l’ignore, mais le soir de sa mort, la prieure me demanda de l’aider à transporter le corps dans sa chambre. Il faisait sombre et, dans notre précipitation, nous n’allumâmes qu’une bougie. Je

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