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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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pourtant
coqueliquait en catimini avec une catin, mais fort alarmé en même temps de
trouver, à ses récits, les affaires du Roi tant empirées qu’on ne pouvait que
redouter l’issue de cette sédition, ici même en Paris, en sa capitale, en le
siège et symbole de son royal pouvoir.
    À peine eus-je déverrouillé l’huis
de mon logis que Miroul me remit un billet, lequel était scellé, mais à ce que
je ne tardais pas à voir non signé, et qu’il me dit lui avoir été remis, comme
il musait aux alentours du Châtelet, par une dame masquée, mais qu’il cuidait
être la dame d’atour de my Lady Stafford, pour ce que s’étant dégantée pour lui
remettre le poulet, il avait vu à son annulaire la bague que je connaissais
bien.
    Oyant quoi, je rompis le cachet et
je lus :
     
    Les amis du Maure, lesquels ont
des yeux pour voir et des oreilles pour ouïr, avertissent la petite, française
et particulière alouette d’E.R. d’avoir à vaquer son nid, lequel est jour et
nuit fort menacé, et de se cacher sous un autre plumage, en nid ami.
     
    — Lis, Miroul, dis-je, le
voyant ficher sur moi non sans quelque trémulation ses beaux yeux vairons.
    — Voilà, dit Miroul, qui n’est
pas plus clair et transparent que la conscience du Guise. Je n’y entends
goutte. Qui est le Maure ? Et quels sont ses amis ?
    — Le Maure, c’est Walsingham.
Et ses amis, je suppose, les agents qu’il entretient en Paris.
    — Et qui est E.R. ?
    — Elizabetha Regina.
    — Quoi ? La Reine
d’Angleterre ! Et qui est la « petite, française et particulière
alouette » ?
    — Le surnom qu’elle me bailla.
    — L’alouette ! s’écria
Miroul en s’esbouffant, Ha, Moussu ! Que cela est gracieux ! Et que
cela vous va !
    — Miroul, le temps n’est plus à
rire ; qu’es-tu apensé de cet avertissement, connaissant sa source.
    — Qu’il faut la prendre à grand
compte.
    — D’autant que Mosca, que j’ai
vu, a refusé de vous visiter, même à la nuitée, arguant que trop d’Argus fixent
leurs yeux sur l’huis de votre maison.
    — Miroul, dis-je, prenant ma
décision en un battement de cil, tant je sentais que le temps me pressait, je
vais reprendre ma déguisure de bonnetier et loger chez Alizon. Pour Silvio,
Florine – et toi, mon Miroul – que je ne peux pas avec moi garder,
pour ce que tes yeux vairons me trahiraient partout – vous logerez chez le
maestro Giacomi.
    — Nenni, Moussu ! dit
Miroul avec la dernière fermeté. Je m’en vais teindre le cheveu en noir et
mettrai sur mon œil bleu le bandeau du borgne. Quant à Florine, elle est dextre
assez pour tirer l’aiguille dans l’atelier d’Alizon. Moussu, vous aurez besoin,
même chez Alizon, d’un « vas-y-dire », et moi j’ai besoin de Florine
pour vivre, me mouvoir et avoir mon être.
    — Oui-dà donc ! dis-je en
riant, puisque c’est le valet qui commande et non le maître ! Belle image
du royaume que voici !
    — Monsieur, dit Miroul en
levant haut la tête, je suis votre secrétaire et non votre valet.
    — Eh bien, Monsieur mon
secrétaire, dis-je en le serrant à moi, cours dire à ce Mosca ou Leo de me
visiter à la nuitée chez Alizon.
    — Si assuré êtes-vous, Moussu,
dit Miroul, la main déjà sur l’huis et son œil marron s’égayant tandis que son
œil bleu restait froid, qu’Alizon chez elle vous voudra recevoir ?
    — Ha Miroul !
Miroul ! dis-je en riant derechef, que ne t’ai-je pas accoutumé de prime à
recevoir bâtons et soufflets ; tu serais moins impertinent !
    — Il est vrai, mais alors, je
ne vous aimerais point, dit Miroul. Il faut tout prendre en un paquet,
Moussu : l’impertinence et l’affection.
    — Miroul, dis-je en m’avançant
par gausserie vers lui, la main haute. Vais-je te battre ?
    — Fi donc ! dit-il,
contrefeignant l’effroi. Une alouette, me becqueter !
    — Miroul, dis-je encore, comme
il allait saillir, quand tu reviendras, porte ces dix écus que voilà à Mérigot
en l’Aiguillerie, en passant par prudence par la porte de derrière, et dis-lui,
vu mon retour, de redoubler de vigilance.
    Encore que Florine s’affairât, la
pauvrette, à rapproprier le logis de ses uniques bras, nos chambrières étant
demeurées au Chêne Rogneux, je me sentis fort seul, mon Miroul départi, et
allant toquer à la porte dérobée par laquelle j’avais joint ma maison à celle
de Giacomi, j’appris d’un valet que le maestro et Larissa étaient hors

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