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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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cela ?
    — C’est le terme dont ils usent
pour désigner la messe.
    — Ha ! dis-je en riant, je
ne le savais pas ! «  Aller à contrainte  », voilà qui est
piquant !
    — Monsieur le Chevalier, dit
Mosca avec un petit salut, je suis ravi de vous avoir fait rire. Et maintenant,
oyez mon conte. Il est à vous : vous l’avez bien payé. En janvier de cette
année, laquelle comme vous savez est si funestement famée, la Reine Elizabeth
d’Angleterre chassa de Londres l’ambassadeur espagnol qu’elle soupçonnait être
de tous les complots fomentés contre elle par Philippe II et les jésuites.
En février de cette même année, elle arrêtait un gallois catholique du nom de
Parry qui la voulait en embûche tuer, lequel Parry était une tête bien folle, mais
fort bien dirigée aussi par les jésuites du séminaire de Reims.
    — Reims ! criai-je,
donnant de l’œil à Giacomi.
    — Oui-dà ! Reims ! Et
de Reims et aussi de Trèves sont partis je ne sais combien d’attentements
contre la vie du Prince d’Orange, lequel est le plus ferme soutien de l’Église
réformée dans les Pays-Bas. À supposer qu’il soit occis, l’Espagnol trouvera
plus facile d’imposer son joug à cet infortuné pays. Mêmement, la Reine
Elizabeth dépêchée, il serait plus aisé à Philippe II, hissant Marie Stuart
sur le trône, de conquérir l’Angleterre.
    — Conquérir l’Angleterre ?
dis-je béant.
    — Rien moins, Monsieur le
Chevalier, dit Mosca.
    — Mais, je ne discerne pas
là-dedans l’intérêt des jésuites, dit Giacomi après s’être sur soi un petit
réfléchi.
    — Les jésuites n’ont cure du
temporel, mais ils sont infiniment zélés pour le spirituel et dans leur zèle,
sincères, dévoués et vaillants. Leur propos est de recatholiciser l’Angleterre
et les Pays-Bas. Mais, hélas ! pour atteindre à cette noble fin, tous moyens
ignobles sont bons : la guerre, l’inquisition, le meurtre.
    — Ha ! dis-je, envisageant
Mosca œil à œil, vous me faites trembler, Monsieur ! La Reine Elizabeth,
le Prince d’Orange, et sans doute aussi les princes luthériens d’Allemagne, qui
sait le Roi de Navarre ? Le plan de ces assassinements s’arrête-t-il à ces
seuls souverains ?
    — Que nenni, dit Mosca,
abaissant sa paupière sur son œil.
    — Quoi ! criai-je hors mes
gonds, notre maître ? Mais il est catholique !
    — Fort peu zélé – aux yeux
des zélés – pour extirper l’hérésie, jugeant que la puissance des
huguenots en son royaume contrebalance le poids des Guise.
    — Le tuerait-on ?
    — Il n’est question que de le
cloîtrer, puisqu’il aime tant les moines. En fait, rien de plus chattemite.
Vous savez comme moi à quel fil ténu tient la vie d’un prisonnier d’État, quand
elle incommode le pouvoir. Or, si l’affaire ne faillit pas, ce pouvoir-là sera
le Guise.
    — Le Roi sait-il cela ?
dis-je, mes paroles passant à peine le nœud de la gorge.
    — Cela, et davantage, dit
Mosca.
    Ha ! pensai-je, tout à plein
terrifié, je ne m’étonne plus de lire si souvent dans les yeux de mon pauvre
maître tant de méfiance et de malenconie. Comment peut-on garder vent et
haleine, et se maintenir en appétit de vie, à sentir une épée branler perpétuellement
au-dessus de son chef ?
    — Mais, dit Giacomi dont le
pensement était moins du Roi que de Larissa, que fait Samarcas en cela ?
    — Samarcas, Maestro, saille du
séminaire de Reims comme le ver du fruit, lequel fruit a été façonné tout
exprès par le Guise pour nourrir ces vers, ceux-ci ayant pour fin principale et
dernière, la reconquête spirituelle de l’Angleterre.
    — Par l’assassinement ?
    — Entre autres blâmables
méthodes. Or, observez, je vous prie, Monsieur le Chevalier : Samarcas
fait à Londres de fréquents séjours et quand il vient en Paris, il fait visite
à Mendoza, lequel Mendoza, présentement ambassadeur d’Espagne en ce royaume-ci,
est justement l’ambassadeur qu’Elizabeth chassa du sien en janvier dernier pour
avoir contre elle comploté. Raison pour quoi le nez de Samarcas apparaissant à
Paris, je mets une mouche à sa queue, l’intérêt manifeste de mon maître n’étant
pas qu’on tue Elizabeth.
    — Dieu la préserve !
dis-je, bien connaissant que cette grande Reine était au monde notre prime et
principal rempart contre l’oppression du papisme.
    — Dieu ! dit Mosca, et
Walsingham…
    — Walsingham ? dis-je,
oyant pour la

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