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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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éparpillés dans la nuit, parfois jusqu’au-delà de l’horizon.  
    En suivant la route sur la carte, Hazembat s’aperçut qu’elle conduisait tout droit vers cette côte de Galice devant laquelle, deux fois déjà, il avait fait naufrage.  
    Le brouillard qui se leva le matin du 22 juillet, à 200 milles du cap Finisterre, lui rappela douloureusement le souvenir de la Belle de Lormont. Ce ne fut d’abord qu’une brume qui devint de plus en plus épaisse à mesure que l’heure avançait. Villeneuve eut le temps de faire passer le long de la ligne l’ordre de raccourcir les distances à deux encablures entre chaque navire. Bientôt, on ne fit plus qu’entrevoir par l’avant et par l’arrière les deux navires les plus proches à travers les volutes de brouillard.  
    On venait de piquer le quart de midi quand le grondement caractéristique d’une salve arriva par l’avant. Le commandant Le Tourneur, aussitôt sur la dunette, ordonna le branle-bas de combat. Tambours et sifflets éveillèrent immédiatement le navire qui continua sa route à l’aveuglette, tandis qu’on entendait, ouaté, l’écho de l’alerte se propager le long de l’escadre. Il y eut encore plusieurs salves, puis, par une déchirure du brouillard, une ligne de navires apparut un instant par bâbord, à trois encablures. La vision disparut aussitôt, mais tout le monde avait reconnu le Union Jack.  
    La bataille se déroula d’abord comme une partie de colin-maillard, puis le brouillard se dissipa et l’on put voir alors qu’il y avait quinze navires anglais contre les vingt navires français et espagnols.  
    — On appellera cela la bataille des Quinze-Vingt ! s’écria Leblond-Plassan.  
    Il devint vite évident que l’avantage du nombre était largement compensé par la maladresse et la lenteur des canonniers espagnols. Pour une salve anglaise qui portait, Villeneuve en mettait trois à la mer. Pourtant les Anglais n’exploitèrent pas leur supériorité. S’étant emparés de deux navires espagnols et ayant assez sérieusement endommagé l’ Atlas, ils se retirèrent vers le n ord, l’ Algésiras n’avait eu qu’une dizaine de morts, une trentaine de blessés et des dégâts matériels que Jantet et son équipe s’employaient déjà à réparer.  
    L’amiral Magon était venu rejoindre le commandant Le Tourneur sur la dunette. Il observait les voiles anglaises qui s’éloignaient. Hazembat, qui commandait la manœuvre de la brigantine, l’entendit qui disait au commandant :  
    — C’est certainement l’amiral Calder. Il a aussi peu d’imagination que Villeneuve.  
    C’était le genre de chose qu’un simple matelot n’était pas supposé entendre. Hazembat s’écarta discrètement.  
    Pour le moment, Villeneuve faisait route est-nord-est en direction du Ferrol. Il allait sans doute profiter du retrait des Anglais pour débloquer l’escadre franco-espagnole qui s’y trouvait.  
    Mais le lendemain, à l’aube, la brise tomba, puis se mit à souffler avec violence du nord-est. Toute la journée, les navires luttèrent contre un vent contraire. Serré au plus près, l’ Algésiras embardait malgré les efforts de Leblond-Plassan et les coups de gueule d’Hazembat. D’autre part, l’ Atlas, endommagé, et deux vaisseaux espagnols, mauvais marcheurs, ne suivaient pas. A la fin de la journée, on n’avait fait qu’une vingtaine de milles. Villeneuve donna l’ordre de virer lof pour lof vers le sud.  
    Le 27, l’escadre arrivait à Vigo. Il y eut une conférence à bord du Bucentaure. Magon et Le Tourneur en revinrent l’air furieux.  
    On prit le temps d’avitailler, puis, laissant à Vigo l ’Atlas et les deux vaisseaux espagnols traîne-patte, les quinze navires restants reprirent le chemin de La Corogne où ils arrivèrent le 31. Deux jours plus tard, une corvette française se présenta, signalant qu’elle avait des messages pour l’amiral.  
    Aussitôt, Villeneuve donna l’ordre de lever l’ancre pour aller mouiller dans la baie d’Ares, entre La Corogne et Le Ferrol. Les quinze navires du Ferrol vinrent y rejoindre l’escadre.  
    Grâce à Leblond-Plassan, Hazembat connut assez vite la teneur générale des ordres apportés par la corvette. L’Empereur serait au camp de Boulogne à partir du 3 août et Villeneuve devait tenter de dégager la Manche avant la fin du mois. De plus, les cinq vaisseaux de l’amiral Allemand devaient forcer le blocus de Roche-fort et se

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