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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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que son père
lui avait confiés, le respect dont il faisait preuve à mon égard aurait fondu
comme neige au soleil.
    Dans la rue, la pluie avait repris et un vent frais nous
balaya le visage. Thomas serrait sa robe autour de lui tandis que nous
remontions High Street en silence, à l’ombre des toits d’où l’eau ruisselait,
perdus tous les deux dans nos pensées. J’essayais de faire le lien entre ce que
je venais d’apprendre et les deux meurtres du collège. Nous arrivions à hauteur
de St Mildred Lane lorsqu’un détail me revint.
    « Vous m’avez dit que vous n’avez pas d’amis ici,
Thomas, mais ne pouvez-vous pas compter sur Sophia Underhill ? »
demandai-je en ralentissant afin que nous n’arrivions pas à l’entrée sans qu’il
ait eu le temps de me répondre.
    Ma question sembla le surprendre.
    « Fut un temps, j’imagine, où je la considérais comme
une amie. Mais je crois plutôt qu’elle me regarde comme l’une de ses poupées.
Je l’ai amusée quand elle était une enfant, mais elle s’est lassée avec le
temps et m’a rejeté.
    — À cause de la disgrâce de votre père ?
    — Non. »
    Thomas fit un pas de côté pour éviter une flaque qui s’était
formée dans la rue défoncée. La semelle d’une de ses bottes béait à chaque pas
qu’il faisait.
    « Elle s’est lassée de moi bien avant. Quand ma mère
est morte et que mon père a décidé de revenir à Oxford, sur la requête du
comte, on m’a logé chez une famille en ville. Vous savez sans doute que seul le
recteur peut vivre avec femme et enfants au sein du collège, les autres sont
censés être célibataires. Mais la famille du recteur m’a pris en pitié, et mon
père et moi étions souvent invités à dîner à leur table. On pensait que je
tiendrais compagnie à John, leur fils qui est décédé, mais bien entendu j’ai
remarqué Sophia. » Il soupira et se voûta un peu plus encore, comme s’il
portait physiquement le poids du souvenir sur ses épaules. « Ensuite, John
est mort et le père de Sophia a décidé de la brider. Il ambitionnait pour elle
un mariage grandiose. Sa mère avait pour tâche de l’introduire dans la société
mais ses nerfs l’ont lâchée après la mort de John, et Sophia s’est retrouvée
livrée à elle-même sans nulle autre compagnie que les hommes du collège. Il y
avait certes des gouvernantes mais elles ne tenaient jamais bien
longtemps. » Il eut un rire de dépit. « Je ne les blâme pas. Je ne
voudrais pas essayer d’apprendre quelque chose à Sophia contre son gré. »
    Il me suffisait de me rappeler comment elle avait réglé son
compte à Adam, le sévère domestique, pour comprendre ce qu’il voulait dire.
    « Non, certes. Vous l’aimez toujours, je suppose ?
    — Qu’est-ce que cela change ? Elle ne veut plus de
moi.
    — A-t-elle quelqu’un d’autre ? »
    Son visage se durcit et je discernai de la colère dans ses
yeux.
    « Quoi qu’on vous ait raconté, c’est un mensonge !
Elle est d’une nature tendre, mais facile à tromper… » Il s’arrêta au beau
milieu de sa phrase, étranglé par l’émotion, et je crus qu’il allait se mettre
à pleurer, mais il inspira profondément et se reprit. « Mais puisque vous
voulez savoir, alors oui. Je suis toujours amoureux d’elle, et je suis prêt à
tout pour la protéger. À tout. »
    Il s’était exprimé avec une telle violence que je m’arrêtai
brusquement pour lui faire face.
    « La protéger de quoi. Est-elle en danger ? »
    Thomas recula d’un pas, médusé par l’intensité de mon
expression.
    « Je ne voulais pas… Enfin, je disais seulement qu’en
cas de besoin elle sait qu’elle peut compter sur moi. »
    Je l’attrapai par le poignet et il poussa un cri. Me
souvenant qu’il était blessé, je le lâchai et le saisis par le col de sa robe
en collant pratiquement mon visage au sien.
    « Thomas, si Sophia est en danger, vous devez me le
dire ! »
    Sa mâchoire se crispa et il plissa les yeux. Reculant à
nouveau, mais plus calmement cette fois, il me répondit avec froideur.
    « Je le dois , docteur ? Qu’auriez-vous à
lui offrir ? Votre protection ? Ou autre chose ? Et quand vous
serez reparti à Londres dans quelques jours, que lui laisserez-vous ?
    — Si elle court un danger, il est de votre devoir
d’informer ceux qui sont en mesure de lui venir en aide », dis-je d’un air
aussi dégagé que possible.
    Je savais qu’il était trop tard. En

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