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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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yeux de saint-bernard.
    « C’est possible, j’imagine. James pensait en tout cas avoir
de bonnes raisons de se méfier de Walter, suffisamment pour tenter de
convaincre le recteur de le démettre de son poste.
    — Coverdale a essayé de se débarrasser de
Slythurst ? dis-je en me penchant pour être certain qu’Underhill ne nous
entendrait pas.
    — Il a dit qu’il ne faisait pas confiance à Walter, je
le sais parce que le recteur m’a demandé mon opinion sur la question. Je lui ai
déclaré que je n’avais jamais trouvé l’homme agréable, mais que rien ne me
laissait croire qu’il manquait à ses devoirs.
    — Donc Coverdale pensait qu’on ne pouvait laisser les
fonds du collège entre ses mains ?
    — Je le présume, répondit innocemment Godwyn. Je ne
vois pas de quoi d’autre il aurait pu être question.
    — Quelque chose à voir avec la religion,
peut-être ? »
    Godwyn posa la main sur mon bras et me lança un regard censé
me dissuader de fouiller plus avant cette hypothèse.
    « Il vaut mieux éviter certaines questions, docteur
Bruno. Je n’ai pas de raison de penser que Walter Slythurst n’est pas fidèle à
l’Église d’Angleterre. Et de toute façon, il est à l’abri maintenant. Les morts
emportent leurs secrets avec eux. »
    Il balaya la salle du regard, avant de poursuivre.
    « Mais cette histoire de voleurs dans la salle forte…
Je dois dire que je suis troublé.
    — Vous n’y croyez pas ?
    — Avec quelqu’un d’autre, peut-être. Mais James,
voyez-vous… Je ne voudrais pas dire du mal d’un défunt collègue, mais tous ceux
qui le connaissaient vous diront qu’il était d’une lâcheté terrible. C’est le
dernier homme sur terre que j’aurais imaginé s’opposer à des voleurs armés.
Tout cela me paraît… étrange.
    — Comment l’expliquez-vous ? l’incitai-je à
poursuivre.
    — Je ne l’explique pas. Mais deux d’entre nous sont
morts en autant de jours. Il n’en faut guère plus pour avoir peur. »
    J’allais lui demander ce qu’il entendait par « deux
d’entre nous », mais William Bernard se pencha derrière Godwyn et me fixa
de ses yeux vitreux.
    « Vous posez beaucoup de questions, docteur Bruno.
    — Deux calamités en deux jours, docteur Bernard. De
telles coïncidences ne suscitent-elles pas beaucoup de questions ?
    — C’est pourtant évident. Dieu punit ce collège pour sa
félonie en matière religieuse. Il n’aime pas qu’on se moque de Lui, affirma
Bernard sur un ton qui n’admettait pas de réplique.
    — Vous voulez dire que le docteur Coverdale méritait
d’être puni ? »
    La colère fit flamboyer les yeux du vieillard.
    « Je n’affirme rien de tel, sorcier. Seulement que nous
souffrons le courroux de Dieu à cause de notre désobéissance. Qui sait où Sa
justice frappera maintenant ?
    — Et que prédisez-vous, docteur Bernard ?
    — Assez avec vos questions ! s’emporta celui-ci en
abattant son poing osseux sur la table, ce qui eut pour effet de renverser une
partie de sa bière.
    — William… » dit Godwyn d’un ton apaisant en
posant sa main sur la sienne.
    Se dégageant d’un air irrité, Bernard se mura dans le
silence. Le recteur s’approcha de moi et vint me parler à l’oreille.
    « La discrétion est primordiale, Bruno. » Il
observa avec anxiété les conversations animées aux tables des élèves.
« Mettez-vous à l’écart pour parler aux uns et aux autres. Ne donnez pas
aux élèves de quoi alimenter leurs commérages. Nous devons contenir la
curiosité aussi longtemps que possible. »
    Il fit un signe de sa main droite et le jeune rouquin revint
se poster derrière le pupitre afin de lire un passage de la Bible attachée au
pupitre par une chaîne en cuivre. La leçon était tirée d’Ézéchiel mais la
déclamation du garçon ne ramena pas le calme dans le réfectoire. Même si je ne
discernais pas le détail des discussions, les yeux brillants et les éclats de
voix indiquaient assez que cette nouvelle mort violente survenue au sein du
collège avait davantage suscité curiosité et excitation que terreur.
    Après le repas, alors que les élèves sortaient à la file,
battant en brèche le règlement, je me levai et me frayai un chemin pour
rejoindre Gabriel Norris, qui appelait Thomas Allen et lui demandait de
l’attendre dehors. Norris venait de sortir et se trouvait dans le couloir
menant à la cour lorsque je le rattrapai en lui donnant une tape dans

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