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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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serra plus fort.
    « Je n’étais pas convaincu par la version que l’on
donnait de la mort de Roger Mercer, c’est tout. J’ai pensé que d’autres
pouvaient être en danger si l’on ne découvrait pas son meurtrier. Ce qui s’est
révélé exact.
    — Quelle émouvante charité !… railla Jenkes. Bien,
passons à autre chose. Pourquoi avoir invité Thomas Allen à manger avec
vous ? »
    Mon expression dut trahir ma surprise car un petit sourire
apparut sur son visage et il pencha la tête de côté.
    « N’avez-vous jamais remarqué, Bruno, que les aveugles
développent une ouïe exceptionnelle pour compenser la faculté qu’ils ont
perdue ? De la même façon, moi qui n’ai plus d’oreilles, je me rattrape en
ayant beaucoup d’yeux, ce qui me permet de voir partout. »
    Il s’esclaffa brusquement. Ce n’était sans doute pas la
première fois qu’il faisait cette plaisanterie, qu’il trouvait visiblement
hilarante. Voyant que je peinais à partager sa bonne humeur, il recouvra son
calme et la lame revint se caler contre mon cou.
    « Qu’avez-vous demandé à Thomas ? Que vous a-t-il
dit ?
    — Il ne m’a rien dit d’important, haletai-je en levant
le menton. Il m’a parlé de ses études et de ses soucis avec les filles. Des
futilités de jeune homme.
    — Ne me mentez pas, Bruno, m’avertit Jenkes. Vous
recherchiez la compagnie de l’homme à Oxford qui désire le plus notre
destruction. »
    Il fit un geste rapide du bras et il fallut un petit instant
avant que la douleur, semblable à une brûlure, irradie dans mon cou. Ensuite,
il ramena le couteau devant mes yeux. Des gouttes de sang perlaient sur la
lame.
    « Voyez comme vous tremblez en contemplant votre propre
sang, dit-il avec mépris. Pourtant, ce n’est guère plus qu’une coupure. Vous
avez connu pire en vous rasant. Il est vrai que même une entaille sans gravité
comme celle-ci saigne abondamment. Imaginez comme votre sang se répandrait sur
le sol si je vous tranchais la gorge d’un coup net. »
    Terrorisé, je réfléchissais à toute allure à un moyen de
m’échapper. Rien ne me venait à l’esprit.
    « Si Thomas Allen souhaite anéantir votre groupe,
pourquoi ne vous dénonce-t-il pas ?
    — Ah !… fit Jenkes en m’étudiant un instant. Je
vois que vous ignorez encore beaucoup de choses, Bruno. Ce n’est pas si simple.
Il ne peut pas le faire lui-même. Mais je ne vais pas vous laisser vous en
tirer à si bon compte.
    — Puisque vous avez l’intention de me tuer, dis-je en
essayant de m’exprimer d’une voix calme, dites-moi au moins pourquoi vous avez
tué ces hommes à Lincoln Collège. Que ma curiosité soit satisfaite. »
    Jenkes plissa le front et chercha du regard l’approbation de
Bernard, qui la lui donna.
    « C’est une dernière requête bien étrange, Bruno. Et je
ne peux pas y répondre, car ce n’est pas moi qui ai tué Mercer et Coverdale, ni
le garçon, et je ne sais pas avec certitude qui l’a fait. Je suis aussi curieux
que vous de l’apprendre.
    — Alors pourquoi voulez-vous empêcher qu’on le
découvre ? Ils venaient ici pour la messe, n’est-ce pas ? Coverdale
et Mercer… Ils faisaient partie de votre groupe. Cela ne vous inquiète pas
qu’ils aient été assassinés et que d’autres parmi vous soient peut-être en
danger ? »
    Ma confusion était réelle et je les regardais à tour de rôle
avec perplexité. L’entaille à la gorge me brûlait de plus en plus.
    « Leur mort a soulevé trop de questions, répondit
Bernard du même ton solennel avec lequel il avait prononcé la messe. Les hommes
d’Oxford s’accommoderaient fort bien de laisser ces questions sans réponses.
Votre insistance à débusquer la vérité pourrait finir par nous exposer tous, au
bout du compte. Je suis au regret de vous dire que c’est votre curiosité qui a
provoqué votre perte. »
    Il avait l’air sincèrement navré. L’espace d’un instant, la
pièce tourna autour de moi ; j’avais l’impression que mon cœur s’était
arrêté de battre, que mes jambes et mes bras ne me répondaient plus. Ils
avaient véritablement l’intention de me tuer, compris-je, et il était tout à
fait possible que mon éloquence ne suffise pas à me tirer de ce mauvais pas. Un
spasme me tordit l’estomac et je dus contracter mes muscles et faire appel à
toute ma volonté pour me contrôler. Qu’au moins je ne m’humilie pas de cette
façon.
    « Mais… mais alors c’est

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