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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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la ville. Il est possible de louer des chiens à la journée
auprès des gardes. Certains élèves y vont de temps à autre quand on nous le
permet. Peut-être un des chiens s’est-il égaré, ce qui expliquerait qu’il se
soit retrouvé à errer dans la ville. »
    Il avait l’air d’avoir perdu tout intérêt pour le sujet et
il regarda derrière lui pour vérifier que son groupe d’admirateurs l’attendait
toujours.
    « Bien, docteur Bruno, je dois aller chercher mes
livres avant de me rendre à mon cours. J’espère que l’aventure de ce matin ne
gâchera pas trop votre séjour à Oxford. »
    Il m’adressa un bref salut et repartit vers l’escalier.
    « Votre chambre se trouve par là ? demandai-je
avant qu’il disparaisse.
    — C’est exact. L’une des meilleures du collège. Je la
partage avec mon domestique, Thomas. »
    J’examinai la cour et les deux passages qui conduisaient au
jardin de chaque côté du réfectoire, estimant la distance.
    « Alors vous devez avoir une ouïe exceptionnelle pour
que les cris dans le jardin vous aient réveillé. Votre chambre est la plus
éloignée de toutes. »
    Il m’observa un instant, puis il fit un pas dans ma
direction et me prit par le coude en se penchant vers moi.
    « Vous me tenez, docteur Bruno, me dit-il à voix basse.
J’avoue que je n’étais pas couché lorsque j’ai entendu le bruit, mais s’il vous
plaît, que cette confidence reste entre nous. »
    Comme je haussais les sourcils avec perplexité, il me donna
un petit coup de coude dans les côtes avec un air entendu, dont je devais sans
doute déduire quelque expédition nocturne motivée par des besoins virils. Nous
étions si proches que je pus en tout cas me convaincre qu’il ne se dégageait
pas de lui la moindre odeur de vin, et un homme qui aurait festoyé toute la
nuit n’aurait jamais été aussi précis avec un arc et une flèche. J’en conclus
donc qu’il avait couché avec une femme et qu’il était secrètement ravi de
partager son succès. Cela avait au moins le mérite d’expliquer son accoutrement
ridicule à cette heure de la matinée, me dis-je.
    « J’ai passé la nuit hors du collège, vous me
comprenez, j’en suis sûr, dit-il avec un clin d’œil égrillard. En revenant, je
passais dans St Mildred Lane, près de Jesus College, lorsque j’ai entendu les
aboiements frénétiques du chien et ces cris à vous glacer les sangs. J’ai
compris qu’ils venaient du jardin et j’ai couru chercher mon arc avant de me
précipiter à la grille, où vous étiez déjà tous réunis, à regarder. »
    Le reproche me toucha, alors je lui en adressai un à mon
tour.
    « N’avez-vous pas essayé d’ouvrir le portail de
Brasenose Lane ? Vous seriez arrivé plus tôt.
    — Mais je n’en ai pas la clé ! Seuls les
professeurs en ont une. Je ne pouvais pas savoir qu’il était ouvert, les
professeurs traitent ce jardin comme s’il était sacré. J’ai agi aussi vite que
je l’ai pu, docteur Bruno.
    — Avez-vous vu quelqu’un près de l’enceinte du collège
lorsque vous êtes arrivé ? »
    Norris fouilla dans ses souvenirs.
    « Maintenant que vous en parlez, à un moment j’ai cru
entendre quelqu’un courir devant moi, mais je n’en étais pas certain à cause du
vacarme du jardin. Et ensuite, après tout ce qui est arrivé, je n’y ai plus
repensé. Pourquoi me posez-vous la question ?
    — Je me demandais seulement s’il y a beaucoup de gens
dehors à cette heure du jour, dis-je en me tournant à moitié pour partir. Il
faut vraiment que j’apporte ces affaires au recteur. »
    Il m’observa un moment, puis posa une main amicale sur mon
épaule.
    « Nous avons tous hâte d’assister à votre disputation
de ce soir. Je ne me soucie que fort peu de théologie, mais je vous applaudirai
si vous arrivez à ridiculiser le recteur. Même s’il y parvient très bien par
lui-même, c’est vrai. »
    Il me fit un grand sourire et fit mine de s’en aller avant
de se retourner vers moi, l’air grave.
    « J’imagine que nous serons amenés à donner notre
version de cette affaire si une enquête a lieu. J’aurai des soucis à cause de
l’arc et des flèches, je le sais. Personne n’a le droit de conserver des armes
dans l’enceinte de l’université. Pourriez-vous souligner le fait que le chien
n’aurait pu être maîtrisé sans mon intervention, docteur Bruno ?
    — Je ne m’éloignerai pas un instant de la vérité si
l’on fait

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