Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
Vom Netzwerk:
appel à moi, le rassurai-je.
    — Merci. Arrivederci, il mio dottore ! »
    Puis il tourna les talons et repartit à vive allure vers
l’entrée principale.
    Je le suivis des yeux, intrigué. Gabriel Norris était
peut-être insupportable, mais c’eût été une erreur que de sous-estimer son
intelligence.
     
    J’étais dans la cour, les bras chargés des vêtements de
Mercer, et je me demandais ce que je devais faire maintenant. Le soleil s’était
caché derrière des nuages aussi sombres que l’étain, et suspendus au-dessus des
toits telles les vagues houleuses d’un océan suspendu.
    Il ne faisait pas de doute que Slythurst rapporterait au
recteur le fait que j’avais fouillé la chambre du défunt, et même tiré son
coffre de sa cachette. La seule façon de protester de mon innocence était de
répéter le mensonge ridicule selon lequel j’essayais d’aider. Je baissai les
yeux sur le paquet d’affaires que je portais, encore imprégnées des odeurs corporelles
de leur propriétaire, et décidai de les apporter au recteur dès que possible,
c’est-à-dire avant que Slythurst ne fasse des insinuations déplaisantes à mon
encontre. Je lui dirais que c’était une vieille coutume de Nola pour montrer
son respect aux morts. Il jugerait peut-être cela absurde, mais j’espérais
qu’il ne me prendrait pas pour un voleur. Il se demanderait aussi pourquoi
j’avais gardé les clés de Mercer. Je devais les rendre d’urgence, bien que
j’eusse aimé avoir l’occasion de passer la chambre au peigne fin. De toute
façon, Slythurst aurait sans doute trouvé ce qu’il était venu chercher, si
celui qui l’avait visité en premier n’y était pas parvenu.
    J’avais la tête sous l’eau. Je n’avais qu’une envie,
retourner dans ma chambre et m’étendre, mais je repartis vers la loge du
gardien. J’avisai une porte latérale dans l’entrée, à droite de l’immense
portail en bois. Un panneau m’indiqua que j’étais au bon endroit.
    Je jetai un coup d’œil par l’embrasure de la porte. Un homme
corpulent et âgé, aux cheveux gris et drus, était assis derrière un comptoir en
bois, le menton posé sur la poitrine, la respiration lourde. Sa tunique était
constellée de taches de bière et une chienne noire à l’air las, la truffe
grise, était allongée à ses pieds. Il leva à moitié la tête en m’entendant
arriver, posa sur moi un regard vitreux, puis s’abandonna de nouveau à la
léthargie, donnant l’impression de ne pouvoir faire plus que ce maigre effort.
Je me raclai la gorge. Le vieil homme sursauta et ouvrit des yeux ensommeillés,
un filet de bave luisant dans sa barbe grisonnante.
    « Pardonnez-moi, messire, marmonna-t-il, j’ai dû
m’assoupir un moment.
    — Vous êtes le gardien Cobbett ? Mon nom est
Giordano Bruno…
    — J’vous connais, messire, vous êtes l’honorable invité
venu croiser le fer avec le recteur ce soir. Je parle de mots, bien sûr, car
les vraies épées sont pas autorisées dans le collège, messire. Et quel
événement horrible alors que vous êtes là ! Un malheur comme c’est arrivé
ce matin, rien que d’y penser… »
    Il frissonna d’un air si théâtral que ses bajoues en
tremblèrent.
    « Oui, j’en suis profondément navré, dis-je en sortant
les clés de ma poche. J’étais dans le jardin avec le recteur, il m’a demandé de
vous retourner ce trousseau, je suppose que c’est à vous qu’il faut les
rendre ? »
    Le vieux gardien parut considérablement soulagé.
    « Oh, merci, mon Dieu pour ça ! Vlà au moins un
trousseau qui revient. J’commençais à m’dire que les clés ont des jambes par
ici.
    — Vous ne conservez pas de double ?
    — Si, messire, mais le double a disparu de mon placard
il y a quelques jours, c’qui m’a semblé curieux sur le coup, surtout que le
docteur Mercer m’l’a jamais réclamé et que j’sors rarement de la loge. J’ai
pensé que le trésorier en avait peut-être eu besoin pour aller d’urgence à la
salle forte. Il faut passer par la chambre du sous-recteur pour y accéder, vous
comprenez. Mais il m’a dit qu’il était pas au courant lui non plus. » Il
secoua la tête. « Les professeurs sont pires que les élèves, si vous
voulez mon avis, ils égarent tout le temps leurs clés. Ils veulent pas
comprendre que les clés neuves, ça coûte cher.
    — Vous gardez des doubles de toutes les clés du
collège ?
    — Certainement, messire. Je vais vous

Weitere Kostenlose Bücher