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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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asseoir.
    — Cette accusation n’a aucun sens ! répliquai-je, retrouvant ma voix. J’ai entendu de quoi il s’agit : une tentative de régicide ! Comment peut-on imaginer une chose pareille ?
    — Comment imaginer, riposta Clairpont, qu’on entre dans une résidence royale avec du poison dans ses bagages ? Un geste bien téméraire, à mon avis, en ces temps où tout puissant pourrait être une cible. Mais je vous en prie, asseyez-vous donc. J’ai fait quérir du vin.
    — Du vin ?
    Mon beau-père, le visage de cendre, devait craindre que l’arrestation d’une personne de notre groupe laissât présager notre emprisonnement à tous. La même idée m’avait traversée. Mais il s’efforçait d’affronter la situation avec un courage digne d’admiration.
    — Est-ce une visite de courtoisie, messire ? demanda-t-il.
    — Non. Mais il faut rester civilisé, n’est-ce pas ? Ah, voici !
    En effet, un page était arrivé avec un plateau chargé de coupes et d’un flacon. Dans un silence hébété, prenant place sur les sièges divers, nous le laissâmes servir. Quand il fut parti, je pris la parole.
    — Ma femme de chambre conservait du poison au cas où nous courrions un danger, elle, son époux ou moi-même. Elle redoutait de venir en France. C’est une protestante très pieuse et, il n’y a pas si longtemps, on persécutait les gens comme elle, ici.
    — C’était mon idée, et non la sienne ! éclata Brockley. J’avais peur pour elle, pour nous tous, si vous tenez à le savoir.
    — Vraiment ? répondit Clairpont, froid et incrédule. Mais les persécutions, pour reprendre votre terme, ont pris fin par décret royal.
    — Tout peut arriver dans un pays en guerre ! Je vous dis que c’était mon idée ! protesta Brockley, furieux. Arrêtez-moi et libérez Fran !
    — Votre esprit chevaleresque vous honore, messire, néanmoins aucun soupçon ne pèse sur vous. On sait certaines choses à votre sujet. Vous jouissez d’une bonne réputation, apprenez-le.
    — Ce que je ne puis comprendre, dis-je très vite, c’est pourquoi nous ne sommes pas tous arrêtés.
    Cette sombre perspective m’effrayait autant que Blanchard. Mieux valait ne pas garder ce poids sur le cœur.
    — Vous, madame, êtes l’émissaire de Sa Majesté la reine Élisabeth. Les souveraines comme les nôtres ne cherchent pas à s’empoisonner. En outre, elles choisissent avec prudence leurs messagers. Le seigneur Blanchard et vous-même ne faites donc l’objet d’aucun soupçon.
    Ce monde est méchant, plein de duplicité, et il arrive même aux reines de s’abuser sur la nature de ceux qui les servent. Notre immunité me semblait reposer sur de bien maigres preuves, et celle de Brockley sur rien du tout. Clairpont le savait. Une fois de plus, j’eus l’impression d’être entourée de mystère, de me tenir sur un terrain qui risquait de céder à tout moment, m’entraînant dans un précipice. Ou une oubliette. Je compris soudain qu’il valait mieux ne pas insister, car Clairpont pouvait encore se raviser. Je gardai donc le silence et mon beau-père eut la sagesse d’en faire autant.
    Clairpont sourit.
    — Nous n’avons, en revanche, aucune information sur Fran Brockley, ou Dale, comme elle est parfois appelée, hormis son ardeur pour sa foi. Elle aurait pu être persuadée de coopérer. Voire soudoyée, ou menacée par un ennemi de notre maison royale, soit en Angleterre, soit après son arrivée en France.
    — C’est une femme simple et honnête ! s’écria Brockley. Puisque je vous dis que c’est moi qui…
    — Je le répète, ces sentiments sont tout à votre honneur.
    Brockley poussa un juron.
    — Tout cela est absurde, intervint Blanchard, passant des doigts nerveux dans ses cheveux gris. Comment une humble femme de chambre pourrait-elle verser du poison dans la nourriture ou la boisson d’un membre de la famille royale ?
    — Croyez-moi, les serviteurs sont souvent les mieux placés. Ils entrent dans les cuisines, envoyés par leur maître, et peuvent même donner un coup de main en cas d’urgence – Brockley a bien aidé à préparer la salle du banquet, aujourd’hui ! Il est alors possible d’observer quels plats vont être servis à la table royale. D’en profiter pour administrer quelque substance. La famille royale dispose de goûteurs, certes, néanmoins ceux-ci ne constituent pas une protection absolue. Les effets d’un poison ne sont pas toujours

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