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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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vendu est votre maître Gaveston.
    — Est-ce tout ? Est-ce tout ce que vous pouvez m’offrir ?
    — C’est tout ce que je peux dire ; c’est tout ce que nous pouvons vous dire.
    Rosselin glissa ses pouces dans son ceinturon scintillant de clous.
    — Il est vrai que nous avons peur, madame. Nous sommes acculés dans une impasse. Nous entendons votre conseil et en tiendrons compte. C’est à l’outrance* – à mort.
    Il s’inclina et s’en fut, suivi de ses compagnons.
    J’entraînai Bertrand plus avant dans l’église. Je m’arrêtai et, adossée contre un pilier, contemplai les splendides décorations du jubé.
    — Des templiers ont-ils trempé dans ce meurtre, Bertrand ?
    — Non.
    Il s’approcha et se signa.
    — Je comprends vos soupçons, Mathilde, mais non.
    Il regarda ailleurs.
    — Je ne pense pas. Nous devrions partir.
    Je lui fis un clin d’œil.
    — Nous aurons bientôt d’autres visiteurs.
    — Qui ?
    Je posai un doigt sur mes lèvres au moment précis où la poignée de la porte cliquetait et où les Beaumont entraient en tapant des pieds et en secouant les gouttes de pluie de leurs chapes et de leurs bottes.
    Henry Beaumont s’avança d’un air crâne.
    — Nous nous retrouvons donc, madame.
    Il esquissa un salut courtois et lança à Demontaigu un coup d’œil perçant.
    — Le clerc de la reine, souffla-t-il, en grande conversation avec l’ombre de la reine.
    — Nous sommes tous des ombres sous la lumière de Dieu, rétorquai-je.
    Les Beaumont me regardèrent sans piper mot.
    — Alors pourquoi m’avoir suivie ici ? m’enquis-je. Pour découvrir ce que je sais ? Fort peu de choses, en vérité ! Ou pour me faire part de votre sujet de conversation avec Lanercost dans le verger le matin où il a trépassé ?
    Le sourire de Lady Vesci s’effaça. Louis toussota et se détourna. Henry était exubérant, comme d’habitude.
    — Vous parlez sans détour, madame : ainsi ferai-je.
    Un coup d’œil en direction de Demontaigu.
    — Ôtez votre main de sur votre poignard, templier. Vous n’êtes céans que par la grâce de la souveraine.
    — Et celle de Dieu, corrigea Bertrand, péremptoire.
    — Il se peut, mais Dieu semble avoir abandonné votre ordre. Bon, dame Mathilde, je serai franc.
    Il était si près que je pouvais sentir l’odeur de vin dont était chargée son haleine.
    — J’ai rencontré Lanercost parce que je voulais savoir ce qu’il était allé faire en Écosse, quelles sont les réelles intentions du roi. Les racontars sur une aide possible des Écossais bruissent comme des abeilles.
    — Dans ce cas, c’est l’affaire du souverain, et c’est affaire secrète.
    — Vraiment ?
    Beaumont claqua des doigts.
    — Je me le demande. Réfléchissez, femme ! Gaveston est en grand péril. Les faucons se rassemblent et décrivent des cercles. Votre maîtresse, que Dieu l’ait en Sa sainte garde, est enceinte*. Le favori œuvre-t-il pour elle, pour le roi ou juste pour lui-même ? Ses choix peuvent représenter une menace non seulement pour moi, mais pour nous tous.
    Il recula, salua et, sa famille sur ses talons, sortit sans se presser de l’église.
    — Nous saurons bientôt, remarqua Demontaigu d’un air songeur, si Bruce nous soutiendra ou non.
    J’acquiesçai et jetai un coup d’œil dans la sombre nef. Les fresques tracées d’une main sûre, qui rappelaient les châtiments de l’Enfer et les délices du Paradis, m’oppressaient. La peinture d’un roi et d’une reine subjugués en gloire m’occupait l’esprit.
    — La vie à la Cour ressemble à un corps plein de toutes sortes d’étranges humeurs, observai-je. Je veux étudier les symptômes particuliers de ce qui arrive à présent.
    J’allai ouvrir l’huis du clocher. Il était désert. Je priai Bertrand de m’accompagner et agrippai l’échelle pour monter lorsque j’aperçus un gros clou luisant. Je le ramassai et constatai que j’avais vu les mêmes sur les ceinturons ostentatoires que les Aquilae aimaient porter. Je le tendis à Demontaigu.
    — Comment se fait-il qu’il se trouve là ?
    Il fit une petite grimace, déboucla son propre ceinturon, le jeta sur le sol et montra l’échelle.
    — Parce qu’il est déjà assez difficile de passer à travers une ouverture si étroite ; l’épée et le poignard rendraient la montée très incommode.
    — Cela explique donc pourquoi Lanercost et Leygrave ne portaient pas le leur.
    J’embrassai les

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