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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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l’attaque contre la reine à Tynemouth ?
    — Non ! répondit Bertrand sans hésiter. Ausel ne l’aurait pas admis. Je l’ai rencontré. Il erre toujours en Angleterre, cherchant une occasion de causer du tort à ses ennemis. Il a prononcé le serment le plus solennel qu’un templier puisse prononcer : sur la croix et le visage du Christ, il a juré que les templiers n’avaient rien à voir avec l’assaut contre la souveraine. Quoi qu’il en soit…
    Bertrand se pencha au-dessus de la table et sa voix se fit murmure.
    — … on raconte à la cour d’Écosse que Gaveston exercerait une certaine autorité sur le roi. D’autres clabaudages chuchotent que la charge contre Tynemouth avait pour but de capturer la reine et de la prendre en otage.
    — Pour négocier avec son époux ?
    — Bien entendu.
    — Et le traître ?
    — Personne ne sait. On a cité les Beaumont.
    — C’est déraison ! rétorquai-je. Ils sont apparentés à la reine ; ils seraient déshonorés…
    — Écoutez, Mathilde, quand il s’agit de trésors et de domaines, on ne peut se fier à personne. Certains seigneurs anglais possesseurs de vastes terres en Écosse se sont ralliés au drapeau de Bruce, alors pourquoi pas les Beaumont ?
    Je baissai les yeux sur la table. Était-ce vraiment possible ? Les Beaumont avaient été à Tynemouth et en étaient sortis indemnes. Cela faisait-il partie de l’accord secret qu’ils auraient passé avec Bruce ?
    — Êtes-vous bien sûr, m’enquis-je, qu’il s’agissait de capturer la reine et non de l’occire ?
    — De la capturer. Réfléchissez, Mathilde, à ce qui aurait pu arriver. Si Bruce avait détenu Isabelle, reine d’Angleterre, princesse de France, quelles conditions pouvait-il poser ? L’aide de la France ? Qu’Édouard se retire d’Écosse et renonce à toutes ses prétentions ?
    — Bien sûr, bien sûr, m’empressai-je d’acquiescer, cependant ce n’est pas là qu’est l’énigme, Bertrand. Qui aurait agi ainsi, voilà le vrai mystère. On a évoqué les Beaumont, mais à qui d’autre cela aurait-il profité ?
    Je me tus quelques instants.
    — Peut-être aux barons ? Édouard aurait dû renoncer à Gaveston en échange. Peut-être à Philippe de France ? Il n’aurait été que trop heureux de voir humilier son gendre. Si Isabelle avait été prisonnière, elle aurait été traitée avec tous les honneurs, voire même renvoyée dans son pays. Philippe aurait eu la main sur elle et, par conséquent, sur le futur héritier du roi d’Angleterre. Édouard aurait perdu. Il serait devenu un objet de risée. Gaveston aurait été plus vulnérable que jamais. On aurait estimé que le souverain subissait un châtiment divin à cause de son affection pour son femelin.
    Je sirotai une gorgée de bière. Les hypothèses se bousculaient dans mon esprit. Il était certain qu’Isabelle était un atout majeur – elle, ainsi que le futur héritier du trône –, pourtant qui pouvait bien tremper dans cette tortueuse félonie ?
    — C’est une affaire trouble et ténébreuse, dis-je à voix basse. Quelqu’un a, de toute évidence, tenté de trahir la reine à Tynemouth. Est-ce pour cela que Kennington a été poussé du haut de la tour Duckett ? Savait-il ou avait-il vu quelque chose ? Son assassinat a-t-il été commis en vue de cet assaut ? Isabelle n’en a réchappé que par la volonté de Dieu. Une heure de plus, le château aurait pu être investi et nous aurions tous été séquestrés.
    — Une chose m’a été affirmée par Ausel…
    Bertrand repoussa son gobelet et prit sa chape.
    — … il a derechef prêté serment et a juré que ni lui ni, pour ce qu’il en savait, aucun de nos frères n’étaient impliqués dans le trépas de Lanercost et des autres.
    Nous allions quitter la taverne lorsque je remarquai un pèlerin armé d’un gourdin. Son manteau arborait la coquille de Saint-Jacques-de-Compostelle, les palmes d’outre-mer et l’insigne papal de Rome. Je me rappelai le Pèlerin des Terres gâtées qui avait importuné Isabelle à York, son visage hagard marqué d’une tache de vin. Le souvenir s’effaça, du moins pour l’heure. À mon retour je n’informai point ma maîtresse des révélations de Demontaigu. Nous nous affairâmes à regrouper sa maison à Whitby. De plus, à quoi bon ? Ce n’était qu’ajouter des questions supplémentaires au nœud de mystères que seuls le temps et les preuves pourraient

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