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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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dessous, déclara Rosselin.
    — Il est face à une montagne de soucis, ajouta Middleton.
    Son visage juvénile sous son crâne rasé trahissait son angoisse. Comme pour se protéger, il égrenait le chapelet pendu à son cou.
    — Ainsi donc votre maître n’est pas inquiet, soulignai-je, mais vous, si ? Faites très attention, messires ; je vous ai prévenus. L’assassin de vos compagnons peut aussi vous avoir pris pour cibles.
    — Nous tenons compte de vos conseils, chuchota Middleton, mais, madame, comment nous protéger efficacement alors que nous ne connaissons point notre ennemi ?
    — Je ne le connais pas non plus. Si c’était le cas, je vous le dirais !
    — Il y a une chose que nous avons découverte.
    Rosselin regarda autour de lui comme si un espion pouvait rôder.
    — Il y a une chose que nous avons découverte, répéta-t-il. Le jour où Leygrave a été tué, on a vu un franciscain, en tout cas un homme vêtu de la bure brune de cet ordre, sortir furtivement par le grand porche de l’église du prieuré.
    — Mais il pouvait s’agir de n’importe qui, objectai-je. Ce prieuré est plein de frères vaquant à leurs occupations.
    Rosselin hocha la tête.
    — Non, non. Le frère lai qui a été occis… – frère Eusebius, n’est-ce pas ? – a raconté au père prieur que lorsqu’il est entré dans l’église ce matin-là pour sonner l’angélus, elle était vide, puis il a entendu du bruit, s’est retourné et a distingué une silhouette qui ne marchait pas ainsi que l’aurait fait un frère, mais fuyait, légère comme une ombre, vers le porche dont elle a franchi la porte.

CHAPITRE VI
~
À Oxford apparut un homme qui se proclama fils du feu roi
    Je demandai aux deux Aquilae s’ils pouvaient m’en dire davantage ; ils firent non de la tête. Je les remerciai avec courtoisie de cette information et leur promis d’y réfléchir. Mais que pouvais-je faire ? J’étais tout aussi perplexe et inquiète que les autres. Nous étions sur le point de quitter le prieuré pour nous rendre à Scarborough, où, je le savais, la violence éclaterait. Dès que les barons apprendraient que Gaveston s’y était retranché, ils viendraient l’y chercher. En fait, personne n’y trouvait rien à redire et un voile funèbre – réalité derrière les vaines pompes – tomba sur la Cour. On ne voyait presque jamais le favori. Quant à Édouard, il demeurait un grand enfant capricieux et inconstant ainsi qu’à l’ordinaire. Il pouvait boire, avoir la bouche pâteuse, se mettre en colère, mais Édouard de Caernarvon était à tout moment versatile. Il lui arrivait de pleurer à vêpres et de pétiller comme un feu de Noël à complies.
    Je croyais que le roi m’avait oubliée, de même que la mission dont il m’avait chargée : enquêter sur la mort de Lanercost. Je me trompais. Ce même après-midi où j’avais rencontré Rosselin et Middleton, je me retirai dans ma chambre pour étudier un manuscrit sorti par les frères de leur importante bibliothèque. Il me semble que c’était une copie du Thesaurus pauperum, par Pierre l’Espagnol 8 – Le Trésor des pauvres  : un véritable multum in parvo – une petite encyclopédie de médecine. J’examinais les étranges symboles dessinés dans la marge quand un coup à la porte me tira de mes études. Je me précipitai, pensant que c’était Bertrand, mais Édouard le roi, emmitouflé et encapuchonné, entra dans la pièce sans plus de façons. Il ferma l’huis, s’y adossa, repoussa sa capuche, soupira puis alla s’asseoir sur une sellette. Il se comportait comme un enfant, regardant tout autour de lui, souriant d’un air entendu, tapant du pied et jouant avec un gland de sa chape.
    — Mathilde ?
    — Votre Grâce ?
    — Donnez-moi votre parole et dites-moi ce que vous avez découvert.
    — Sur quoi, Majesté ?
    — Sur tout, depuis que Lanercost a chu, telle une pierre, du clocher. Y avez-vous pensé, Mathilde ? Les Aquilae de Gaveston…
    Il eut un rire forcé.
    — … planant, pareils à des aigles, toujours si haut. Le plus haut, disent-ils, qu’un oiseau peut monter. Tous tombant des tours, et mourant, en s’écrasant comme des pierres.
    Il pointa un doigt sur moi.
    — Y avez-vous songé ?
    — Cela m’a traversé l’esprit, Votre Grâce.
    — Alors narrez-moi ce que vous savez.
    J’obtempérai, avec autant de franchise que je le pouvais. Il m’écouta, m’interrompant parfois par une

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