Le retour de la mariée
mention d’une maison qu’il y possédait.
Dès leur arrivée, ils avaient rendu visite à Cade qui, selon les médecins, reprendrait bientôt ses activités ordinaires. En sortant de la clinique, Will avait manifesté une telle curiosité pour la maison de Logan que ce dernier avait décidé de s’y rendre, toutes affaires cessantes.
En acquérant quelques mois plus tôt une belle demeure dans un beau quartier, il avait tout simplement pensé faire un bon placement immobilier. La pensée d’un foyer dans lequel il ferait bon vivre ne l’avait pas effleuré un instant. Il fallait dire que, à cette époque, il n’avait encore ni femme ni fils.
Pour le moment, il y installerait Caroline et Will. Mais que se passerait-il ensuite ? Son fils et sa femme retourneraient-ils vivre à Artesia, où Danny Glazier, sa famille et leurs amis les attendaient ? L’attrait de la grande ville les retiendrait-il à Fort Worth ? Il était trop tôt pour le savoir.
— C’est un véritable manoir ! s’exclama Will en apercevant l’élégante construction à deux niveaux, entourée d’une galerie et précédée d’un grand espace verdoyant.
— Attends de visiter les lieux, et tu déchanteras, le prévintLogan, qui se trouvait assez mal à l’aise dans son rôle de propriétaire et redoutait les plaisanteries de sa femme.
Il ne fut pas déçu. Après avoir parcouru les pièces du rez-de-chaussée d’autant plus librement qu’elles étaient vides, Caroline éclata de rire.
— Une chaise ! Tu n’as qu’une seule chaise !
— Comme je ne reçois personne, une seule me suffit, plaida-t-il pour sa défense. Au fait, il faut que je fasse livrer un lit pour Will, je n’en ai qu’un. Et puis…
Dépassé par les événements, il reconnut sa défaite.
— Il vaudrait mieux, dit-il à Caroline dont les beaux yeux violets pétillaient de malice, que tu fasses toi-même la liste de tout ce qui peut nous manquer.
Elle ne lui répondit qu’après plusieurs secondes de silence.
— Nous manquer à nous ?
Il haussa les épaules et affecta d’ignorer la remarque.
— Je n’ai même pas de table de cuisine, reconnut-il. A vrai dire, je ne fais que dormir ici. J’ai beaucoup d’amis, qui m’invitent souvent.
— Parce que leurs femmes te trouvent sympathique, sans doute. J’en reviens à ma question, Logan. Est-ce que tu veux nous garder avec toi ?
Il ouvrit la bouche mais, faute de trouver une réponse convenable, il ne put que bafouiller vaguement, sans savoir où se mettre.
— Will, suggéra Caroline, tu n’as pas envie…
— J’ai envie d’aller prendre l’air, dit Will, visiblement indisposé par le tour que prenait la conversation.
Logan répondit à cette manifestation de mauvaise humeur comme le font souvent les pères qui se sentent coupables. Il sortit de son portefeuille quelques billets.
— Tu en auras besoin si tu veux faire des achats. Je te recommande la boutique Petites Douceurs , j’aime beaucoup leurs chocolats.
— C’est déjà quelque chose, grommela Will en prenant l’argent entre le pouce et l’index. A tout à l’heure, maman.
Il embrassa Caroline sur la joue et quitta la pièce, sans un regard pour son père.
— Il a quelquefois mauvais caractère, constata assez platement Logan.
En faisant claquer la porte d’entrée derrière lui, William Grey confirma ce diagnostic.
Logan avait déjà entendu des bruits plus assourdissants, mais celui-ci fit naître en lui une émotion encore inconnue, une sorte de mélancolie indéfinissable. Sa vie antérieure ne l’avait pas habitué à fréquenter quotidiennement des personnes d’une autre génération que la sienne, pas plus qu’une épouse, d’ailleurs. Par exemple, il n’avait pas envie que Caroline s’en aille… mais il n’irait pas jusqu’à lui demander de rester près de lui.
Il s’apprêtait à changer de sujet, mais c’était mal la connaître. Elle insista.
— Logan, tu veux que nous restions ici, chez toi ?
Il mit les mains dans ses poches en se balançant sur ses talons.
— Rien n’a changé entre nous, Caroline. Tu es ici chez toi, je t’offre ma maison, ma fortune, tout ce que tu peux désirer. Si tu préfères vivre ici, tout sera pour le mieux. Je verrais plus souvent Will que si vous rentriez à Artesia. Mais je n’ai pas changé sur le principe. Ne me demande rien d’autre, n’en attends pas plus de moi. Je te l’ai déjà dit, je ne peux pas vivre en
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