Le retour
servir
souvent. Mais vous auriez pas dû dépenser autant pour ma fête.
La soirée fut
particulièrement joyeuse. Même Denise s'efforça de vaincre sa tristesse pour
jouer aux cartes avec les membres de la famille. Quand Laurette se mit au lit
ce soir-là, elle était heureuse.
Chapitre 16
Le retour de
l'automne
Deux semaines
passèrent et l'automne s'installa progressivement.
La pluie et le
vent étaient maintenant plus souvent au rendez-vous que le soleil. S'il y avait
encore des enfants à s'amuser sur la rue Archambault et dans la grande cour, on
ne voyait plus leurs parents assis à leur porte ou appuyés contre des oreillers
déposés sur les appuis-fenêtres aux étages. Les ménagères étendaient encore les
vêtements fraîchement lavés sur les cordes à linge les jours de beau temps,
mais elles étaient maintenant engoncées dans de lourdes vestes de laine.
- L'hiver s'en
vient vite, dit Laurette à son mari qui venait de rentrer de son travail, ce
matin-là. Il va falloir penser à enlever les jalousies et à poser les châssis
doubles.
- Je commencerai
peut-être ça cet après-midi, quand je me lèverai, dit Gérard, dont les yeux
étaient lourds de sommeil.
- Je vais te
donner un coup de main, proposa Laurette.
Si on n'a pas le
temps de tout faire, je demanderai aux garçons de finir quand ils rentreront.
Son mari se
contenta d'acquiescer d'un signe de tête avant de se diriger d'un pas lourd
vers la chambre à coucher.
Après plus de
deux semaines de travail chez Elroy, son organisme ne parvenait pas encore à
s'habituer au changement d'horaire qu'il lui avait imposé.
405
- Maudit que
c'est dur à partir de trois heures du matin, disait-il parfois à sa femme. Je
cogne des clous, même si j'arrête pas de boire du café. J'ai toutes les misères
du monde à garder les yeux ouverts.
- Tu vas finir
par t'habituer, affirmait sa femme pour l'encourager.
Ce jour-là, il se
leva un peu après midi et mangea rapidement avant de se mettre au travail. Armé
d'un marteau et d'un tournevis, il s'attaqua aux vieilles persiennes
recouvertes d'une multitude de couches de peinture vert bouteille. Il retira
d'abord celles installées devant les deux
fenêtres qui
s'ouvraient sur la rue Emmett avant de s'attaquer à celles qui protégeaient les
fenêtres de la cuisine et de la chambre à coucher des filles. Pendant qu'il les
rangeait comme il le pouvait dans le hangar, Laurette avait entrepris de laver
les vitres des fenêtres et des contre-fenêtres après avoir enlevé elle-même la
porte-
moustiquaire.
- Nous v'ià
poignes pour nous encabaner pendant six mois, dit-elle à son mari en lui
tendant la première contre-
fenêtre propre.
Si encore on pouvait ouvrir les fenêtres de temps en temps...
- Tu vas pas
commencer à te lamenter, fit son mari.
Tu me fais la
même crise chaque automne depuis qu'on est mariés, lui fit remarquer Gérard
avec humeur.
Laurette souleva
les épaules et se remit à astiquer les vitres. Quand Carole rentra de l'école,
sa mère lui demanda de préparer le repas que son père allait apporter au
travail pendant que ce dernier changeait de vêtements. Au moment de quitter la
maison, Gérard dit à sa femme:
- Si t'as le
temps, appelle donc chez Wilson pour qu'il nous livre une vingtaine de poches
de charbon et un baril d'huile à chauffage. Dis-lui que je passerai payer
samedi après-midi.
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Cet
après-midi-là, Richard et Gilles firent remarquer à leur mère qu'ils auraient
bien pu se charger du travail qu'elle et Gérard venaient de terminer.
- Votre père
avait le temps de le faire aujourd'hui, trancha-t-elle. De toute façon, le
samedi, vous travaillez tous les deux. Le soir, il fait noir de plus en plus de
bonne heure. Si vous voulez vous rendre utile, allez chercher la poche de
guenilles dans le hangar et calfeutrez les fenêtres avant le souper. Comme ça,
on sera débarrassés de cette job- à.
Le calfeutrage
des fenêtres de l'appartement des Morin avec de vieux chiffons était une
nécessité. Le bois avait tellement travaillé avec les années que de larges
interstices entre le cadrage et la fenêtre laissaient passer les courants
d'air.
Richard se
dirigea vers le hangar pour y prendre la vieille poche de jute dans laquelle
les chiffons étaient rangés chaque printemps lorsqu'on enlevait les contre-
fenêtres. On
déposait aussi dans cette poche tous les
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