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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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compagnies, ajouta-t-elle,
pleine de délicatesse.
     
    Il était bien
évident qu'elle ne croyait pas du tout que Laurette puisse entrer dans une robe
de grandeur seize ans, mais elle décida de ménager la susceptibilité de sa
cliente.
     
    Laurette se mit à
examiner les robes les unes après les autres, mais elle ne trouva rien à son
goût. Quand l'une d'elles lui plaisait un peu, son prix la poussait à la
remettre en place.
     
    Après près d'une
demi-heure de recherche infructueuse, elle avoua à la vendeuse, qui l'avait
laissée mettre du désordre sans manifester le moindre signe de mécontentement:
     
    - Je trouve rien
à mon goût. Je pense que je vais revenir la semaine prochaine.
     
    - Comme vous
voudrez, madame, répondit la jeune femme sans perdre son sourire tout de même
un peu contraint.
     
    Durant l'heure
suivante, Laurette pénétra dans trois autres boutiques. Elle regarda et tâta
des dizaines de robes sans parvenir à faire son choix. Il était près de trois
heures quand elle s'arrêta devant un magasin près de la rue Amherst. Elle était
fatiguée et avait mal aux jambes et aux
    pieds. Si encore
elle avait pu allumer une cigarette... Mais une femme honnête ne fumait pas
dans la rue.
     
    - C'est le
dernier que je fais, se dit-elle. Si je trouve rien là, je laisse faire.
     
    Elle entra dans
le magasin et eut la chance que les deux vendeuses soient déjà très occupées à
servir quelques clientes. Elle put ainsi regarder à loisir les robes sans se
faire importuner. Cinq minutes à peine après être entrée,
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    elle découvrit
enfin une robe rouge vin qui lui plaisait. Elle la décrocha du cintre et la
plaqua devant elle pour vérifier dans un miroir sur pied si elle lui allait
bien. Elle était parfaite. Elle posa ses lunettes sur son nez pour consulter la
taille et le prix: taille seize et vingt dollars.
     
    - On rit pas.
C'est presque autant que le montant du loyer, se dit-elle en hésitant à faire
cette dépense.
     
    Au même moment,
une vendeuse à l'air aussi fatigué qu'elle vint à sa rencontre.
     
    - Vous avez
trouvé ce que vous vouliez, madame?
     
    demanda-t-elle
sans grand entrain.
     
    - Je pense que je
vais prendre cette robe-là, lui annonça Laurette. Est-ce que c'est le bon prix
dessus?
     
    La vendeuse
s'empara de la robe et consulta le prix indiqué.
     
    - Vingt dollars,
madame. Vous avez vu que c'était une seize ans.
     
    - Oui.
     
    - Vous voulez
l'essayer? demanda-t-elle, une lueur amusée dans les yeux.
     
    - C'est certain.
     
    La vendeuse lui
indiqua où se trouvait la cabine d'essayage et revint immédiatement vers les
robes pour se mettre à la recherche d'une robe semblable, mais de pointure
vingt et même vingt-deux ans. Par chance, elle découvrit presque immédiatement
ce qu'elle cherchait.
     
    Elle posa deux
robes sur son bras et revint vers la cabine d'essayage pour attendre Laurette.
     
    Cette dernière
sortit peu après de la cabine, l'air dépité.
     
    - Il doit y avoir
une erreur sur l'étiquette, dit-elle avec mauvaise humeur à la vendeuse. Elle
me fait pas pantoute et c'est pourtant ma grandeur.
     
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    - Ça arrive
parfois, madame, répliqua la vendeuse sur un ton neutre. J'en ai trouvé deux
autres semblables. Peut-
    être qu'il y en
aurait une de celles-là qui vous ferait. On sait jamais.
     
    - Vous êtes ben
fine, fit Laurette en s'emparant des deux robes. Je vais les essayer.
     
    Quelques instants
plus tard, elle sortit de la cabine d'essayage. Elle tendit l'une des robes à
sa vendeuse et garda l'autre.
     
    - Je vais prendre
celle-là, dit-elle en indiquant celle qu'elle avait gardée. Elle me fait ben.
Mais je trouve ça ben écoeurant qu'ils mettent n'importe quelle étiquette, par
exemple. J'ai pris celle qui est marquée vingt-deux ans, mais je suis sûre que
c'est une seize ans. J'ai toujours porté du seize ans.
     
    - Je vais le dire
à ma gérante, assura la vendeuse, pince-sans-rire. Comme je la connais, elle va
se plaindre à la compagnie.
     
    Laurette paya son
achat et s'empressa de rentrer chez elle. Au moment où elle pénétrait dans la
maison, les premiers grains de pluie se mirent à tomber.
     
    - Enlevez vos
souliers, m'man. Je viens de cirer et de frotter les planchers, lui dit Carole
en s'avançant dans le couloir.
     
    Une bonne odeur
de pâte à cirer flottait dans la maison.
     
    - Ça sent le
propre, fît Laurette en retirant avec soulagement ses souliers et son manteau
d'automne dans

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