Le retour

Gérard, aidé par
son beau-frère Armand, avait installé des armoires au-dessus de la baignoire,
ce qui contraignait le baigneur à se pencher sérieusement pour prendre place
dans cette dernière.
     
    - Étends-moi le
drap sur les épaules, lui ordonna sa mère, étrangement inclinée sur le côté.
     
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    - Est-ce que je
peux entrer vous aider, m'man, demanda Denise à l'extérieur.
     
    - Tu peux venir,
mais je pense pas que tu puisses faire grand-chose, répondit Laurette.
     
    La jeune fille se
glissa à son tour dans la pièce et découvrit sa mère immergée jusqu'à la taille
dans la baignoire et les épaules pudiquement couvertes par le drap apporté par
Carole.
     
    - Voulez-vous ben
me dire comment c'est arrivé?
     
    demanda Denise en
apercevant sa mère dans son étrange posture.
     
    - Bout de viarge!
J'ai échappé mon savon Lifeboy entre le bain et le mur. J'ai pas voulu sortir
du bain pour pas mouiller le plancher. Ça fait que j'ai essayé de le prendre en
me glissant le bras entre le mur et le bain. Je comprends rien là-dedans. Le
bras a ben passé, mais quand j'ai voulu le sortir, il est resté bloqué au
coude. J'ai beau tirer à m'arracher le bras, il y a pas moyen de le sortir de
là.
     
    Laurette grimaça
de douleur en tentant, encore une fois, de retirer son bras.
     
    - Ayoye, bonyeu!
Maudit que ça fait mal, se plaignit-
    elle en cessant
de tirer.
     
    - Ben, m'man, fit
Denise. Vous avez pas le choix. Il va falloir demander aux gars de venir vous
sortir de là.
     
    - Voyons donc,
protesta sa mère. Tu vois ben que je suis pas montrable arrangée de même.
     
    - On voit rien,
m'man. Le drap vous cache.
     
    - En plus, vous
pouvez pas passer la nuit à tremper dans le bain comme ça, ajouta Carole d'une
voix compatissante.
     
    - Bon. C'est
correct. Qu'ils viennent, concéda Laurette en resserrant autour d'elle le drap
maintenant trempé.
     
    Denise ouvrit la
porte et fit signe à ses frères d'entrer dans la salle de bain.
     
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    - Vous êtes mieux
de sortir, les filles, dit Richard. On n'aura jamais assez de place pour tout
le monde. De toute façon, vous pouvez rien faire pour nous aider à sortir m'man
de là.
     
    Carole et Denise
quittèrent la salle de bain pour permettre à Jean-Louis, Richard et Gilles
d'entrer.
     
    - Grouillez-vous!
Faites quelque chose, leur ordonna leur mère, de mauvaise humeur.
     
    - On va essayer
de tirer sur le bain pour l'écarter juste un peu du mur, m'man, proposa Gilles
après avoir examiné l'écart de quelques pouces qui séparait la baignoire du
mur.
     
    Quand on vous le
dira, essayez de sortir votre bras de là.
     
    Les trois garçons
unirent leurs efforts pour tirer la baignoire à eux, mais cette dernière ne
broncha pas.
     
    - Si on enlevait
le bouchon, l'eau se viderait et le bain serait moins pesant, proposa
Jean-Louis.
     
    - Tu touches pas
au bouchon! s'exclama sa mère, peu désireuse de se montrer nue devant ses fils.
     
    - Pour moi, il va
falloir faire venir le plombier, dit Richard en replaçant son "coq"
englué de Brylcreem du bout des doigts.
     
    - Toi, mon
innocent! s'écria Laurette. Parle donc avec ta tête! Tu penses tout de même pas
qu'un homme va venir dans la salle de bain pendant que je suis toute nue.
     
    - J'ai une idée,
intervint Gilles. On va aller chercher des bons bouts de planche dans la cave.
En les passant entre le mur et le bain et en tirant de toutes nos forces, je
suis sûr qu'on va pouvoir faire bouger le bain.
     
    Quelques minutes
plus tard, les trois fils de Laurette étaient parvenus à glisser des planches
épaisses derrière le bain.
     
    - A mon signal,
on tire, commanda Gilles. Et vous, m'man, quand vous sentirez un peu d'espace,
tirez de toutes vos forces sur votre bras. Go!
     
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    Sous l'effort
combiné des trois garçons, la baignoire s'écarta du mur d'un pouce ou deux et
Laurette parvint enfin à sortir son bras endolori de sa prison.
     
    - Bonyeu que ça
fait mal! se lamenta-t-elle en frottant son bras sur lequel apparaissait une
large marque rouge là où il avait été coincé entre le mur et la baignoire. Bon.
A cette heure, allez-vous-en que je puisse sortir du bain.
     
    A force de
tremper dans cette eau-là, je commence à avoir la peau toute ratatinée.
     
    Ses fils
obéirent, rapportant avec eux les planches.
     
    - À votre place,
m'man, je sortirais du bain la prochaine fois pour poigner le savon. Je pense
que ce serait moins de trouble, ne put s'empêcher de dire