Le retour

réfrigérateur à son tour.
     
    - Je trouve que
ça brasse pas mal.
     
    - Mais c'est tout
de même moins fatigant que de revenir à pied de l'ouvrage, non?
     
    - C'est sûr.
     
    - Ça arrive pas
souvent que le boss laisse le truck à Lanthier, mais demain, on commence de
bonne heure et il va venir me prendre à sept heures. Ça va me faire une belle
fin de semaine. J'ai des devoirs à faire en maths et en français à part ça.
J'aurai même pas le temps d'aller voir Nicole dimanche.
     
    - Si tu cherches
à manger quelque chose, lui fit remarquer Carole en rangeant ses articles
scolaires éparpillés sur la table de cuisine, tu peux manger le reste de la
sauce aux oeufs. Mais touche pas aux bines, c'est pour demain midi.
     
    - Laisse faire.
Je vais me faire des beurrées de beurre de peanut, dit Gilles en refermant la
porte du réfrigérateur.
     
    - Vous parlez ben
fort, vous autres, dit Richard en apparaissant dans la pièce, les yeux gonflés
de sommeil.
     
    - Sacrifice!
s'exclama son frère en regardant la mine chiffonnée de son frère. T'as ben
l'air magané. Es-tu passé en dessous des p'tits chars?
     
    - Pan toute. Je
me suis couché parce que j'avais mal à la tête et...
     
    - Parce qu'il
avait pas mal bu, compléta Carole en se mêlant à la conversation de ses deux
frères.
     
    - T'avais bu?
     
    - Ben oui,
calvaire! Juste une bière ou deux. C'est pas la fin du monde.
     
    - J'espère que
m'man s'en est pas aperçue, intervint Denise.
     
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    - Une folle! Elle
l'a vu et un peu plus, elle lui arrachait la tête.
     
    - Comme
d'habitude, t'as couru après les troubles, fit remarquer Gilles à son frère.
     
    A cet instant
précis, les quatre jeunes entendirent un cri en provenance de la salle de bain.
     
    - Carole! Carole!
cria sa mère.
     
    L'adolescente
s'approcha de la porte de la salle de bain et demanda:
     
    - Qu'est-ce qu'il
y a, m'man?
     
    - J'ai le bras
poigne entre le mur et le bain. Je suis pas capable de le sortir de là.
     
    - Ben, m'man, je
suis pas capable d'entrer vous aider.
     
    Vous avez mis le
crochet sur la porte.
     
    - Demande à un de
tes frères de venir t'aider. Je te dis que je suis poignée!
     
    - Vous avez
entendu m'man, fit Carole en se tournant vers sa soeur et ses deux frères. Il
faut trouver le moyen d'ouvrir la porte. Elle a le bras poigne entre le mur et
le bain.
     
    Alerté par les
cris de sa mère, Jean-Louis avait quitté sa chambre et s'était joint aux
autres.
     
    - Voulez-vous ben
me dire comment elle a fait son compte pour se poigner le bras là?
demanda-t-il.
     
    - Laisse faire
tes questions niaiseuses, s'écria sa mère qui l'avait entendu. Trouve plutôt un
moyen de te rendre utile pour une fois.
     
    Il y eut un
moment de flottement chez les cinq enfants de Laurette. Apparemment, aucun
n'avait la moindre idée quant à la façon de s'y prendre.
     
    - Bon. On va
d'abord faire sauter le crochet de la porte, déclara Richard prêt à passer à
l'action.
     
    - Comment tu vas
faire ça? lui demanda Denise.
     
    - Tu vas voir.
Attendez une minute.
     
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    Richard disparut
un bref instant dans sa chambre et revint en tenant un morceau de carton mince.
     
    - Tassez-vous,
ordonna-t-il aux autres. Laissez-moi un peu de place. Il y a juste à passer le
bout de carton entre le cadrage et la porte. Le crochet va sauter.
     
    Sa mère
l'entendit.
     
    - Je veux voir
juste Carole ou Denise entrer dans la salle de bain quand le crochet va être
ôté. Vous m'entendez?
     
    Je suis toute nue
dans le bain. Carole, va me chercher un drap dans le dernier tiroir de ma
commode et tu me l'apporteras.
     
    - OK, m'man.
     
    Il ne fallut
qu'un bref instant à Richard pour parvenir à glisser le carton entre le cadrage
de la porte et la porte elle-même. Il le remonta brusquement et on entendit le
crochet qui quittait l'anneau dans lequel il était logé.
     
    - Ça y est,
m'man, c'est débarré, annonça-t-il triomphalement à sa mère.
     
    - C'est correct.
A cette heure, ôtez-vous de devant la porte et laissez entrer Carole.
     
    Cette dernière
pénétra dans la salle de bain minuscule en s'empressant de refermer la porte
derrière elle.
     
    La pièce d'une
dizaine de pieds de longueur était étroite au point qu'il fallait se déplacer
de côté pour passer entre la vieille baignoire sur pattes et le lavabo pour se
rendre à la cuvette surmontée d'une antique chasse d'eau installée près du
plafond, contre le mur du fond. Quelques années auparavant,