Le retour
Richard avant de
refermer la porte derrière lui.
- T'es ben
comique, espèce d'insignifiant! répliqua sa mère avec humeur.
Quelques minutes
plus tard, Laurette sortit à son tour de la salle de bain, vêtue de sa robe de
nuit et de sa vieille robe de chambre rose.
- Carole, si
t'étais fine, tu irais étendre le drap mouillé que je viens de tordre sur la
corde à linge, dit-elle à sa cadette en le lui tendant. Demain matin, il va
être sec.
L'adolescente
prit le drap et sortit sur le balcon arrière pour aller l'étendre pendant que
sa mère allumait une cigarette et se préparait une tasse de café pour se
remettre de ses émotions.
- Il est temps
qu'on pense au ménage de printemps, dit-elle à voix haute sans s'adresser à
quelqu'un en particulier.
On a arrêté de
chauffer la nuit. Il fait assez doux à cette heure pour enlever les châssis
doubles et poser les jalousies. Demain...
- Moi, demain, je
suis pas là de la journée, s'empressa de préciser Jean-Louis qui s'apprêtait à
se retirer dans sa chambre. Je travaille jusqu'à midi au magasin et après,
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Jacques m'a
proposé de me montrer comment faire un rapport d'impôt provincial. C'est
nouveau. Duplessis nous oblige depuis deux ans à faire un rapport parce qu'il
nous charge de l'impôt.
- Une belle
défaite, dit sa mère, mécontente.
- Écoutez, m'man.
Si je l'apprends pas, vous allez être obligée de payer quelqu'un pour faire
votre rapport d'impôt. Il reste juste deux semaines pour le faire.
- OK.
- De toute façon,
si vous décidez de faire un ménage de printemps, je laverai le plafond et les
murs de ma chambre, un soir, la semaine prochaine.
- Et,
naturellement, tu nous aideras pas à laver les autres appartements, lui fit
remarquer Richard. Toi, tu te sers pas de la cuisine et des toilettes, par
exemple.
- Toi, mêle-toi
de tes affaires, le rembarra son frère aîné. Si j'ai le temps, m'man, je vous
donnerai un coup de main pour le reste du ménage, ajouta-t-il sans aucun
enthousiasme.
- Le plus
pressant, c'est les châssis doubles. J'ai hâte qu'ils soient ôtés pour qu'on
respire un peu ici dedans. Il y a aussi la porte-moustiquaire.
- Demain, je
travaille toute la journée, dit Gilles.
- Moi aussi, je
passe la journée à laver des chars au garage de mon oncle, poursuivit Richard.
- Moi aussi je
travaille toute la journée, dit Denise.
- Bon. Carole va
me donner un coup de main s'il y a personne pour le faire, conclut sèchement
Laurette.
- Forcez pas
après ça, m'man, lui conseilla Richard.
Je vais
m'organiser pour que mon oncle Rosaire me laisse partir vers trois heures. Lui,
ça devrait pas le déranger si j'ai eu le temps de laver tous les chars à vendre
sur le terrain du garage. En arrivant, je vais sortir les jalousies et ôter les
châssis doubles.
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- Si on finit les
livraisons de bonne heure, je perdrai pas de temps et je viendrai faire ça avec
lui, dit Gilles à son tour.
- Vous êtes ben
fins, les garçons, fit Laurette en se levant. Bon. Je pense qu'il est temps
qu'on aille se coucher si on veut être capables de se lever demain matin.
Un court moment,
Jean-Louis fut tenté de déclarer qu'il allait s'arranger, lui aussi, pour se
libérer tôt le lendemain après-midi de manière à venir aider à enlever les
doubles fenêtres et à installer les persiennes. Puis il songea
que ses deux
jeunes frères allaient être capables de se charger de cette tâche qui le
rebutait autant que l'incontournable ménage du printemps.
À bien y penser,
il était sûrement préférable qu'il apprenne à remplir correctement les
déclarations d'impôt, ce qui pourrait se révéler beaucoup plus payant et utile
dans l'avenir.
Chapitre 2
Un samedi bien
rempli Le lendemain matin, la mère de famille fut la première à quitter son
lit. Il faisait sombre et froid dans l'appartement.
Elle serra
frileusement contre elle les pans de sa vieille robe de chambre et s'empressa
d'allumer le poêle à huile dans la cuisine en réprimant un frisson.
- Verrat! on gèle
encore, même si on est rendus au mois d'avril.
Elle jeta un coup
d'oeil par la fenêtre de la cuisine. Le ciel était gris et un petit vent
faisait valser des papiers dans la grande cour commune. Elle se retourna quand
elle entendit des pas derrière elle.
- Il me semble
que vous pourriez dormir un peu plus longtemps le samedi
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