Le retour

la femme de son frère Armand.
Gérard va être ben fatigué de sa nuit d'ouvrage et...
     
    - Pas d'excuse,
Laurette Morin, l'arrêta sa belle-soeur.
     
    Demain, c'est le
jour de l'An. Ton Gérard nous a dit à Noël qu'il travaillait pas au jour de
l'An. Même s'il travaille à soir, t'as juste à le laisser dormir demain matin
quand il arrivera. Il va être capable de venir souper. Je suis venue à bout de
décider Marie-Ange à sortir de la maison. Elle va venir avec son petit et
Bernard.
     
    - T'es ben fine.
Si c'est comme ça, on va y aller, accepta Laurette avant de raccrocher.
     
    Ce soir-là,
quelques minutes après le souper, le téléphone sonna. Jean-Louis se précipita
sur l'appareil pour répondre.
     
    - C'est pour toi,
dit-il à Richard en lui tendant
    l'écouteur avec
mauvaise humeur.
     
    - Bon. Baissez un
peu la télévision, demanda l'adolescent en s'emparant de l'écouteur.
     
    - C'est qui?
demanda Laurette à Jean-Louis.
     
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    LA NOUVELLE ANNÉE
- Je sais pas, m'man. Une fille.
     
    La communication
téléphonique dura moins d'une minute avant que Richard, tout souriant, ne
raccroche.
     
    - C'est qui la
fille qui vient de t'appeler? lui demanda sa mère.
     
    - Une fille que
j'ai rencontrée au party de Beaudet, la veille de Noël.
     
    - Qu'est-ce
qu'elle te voulait?
     
    - Elle m'invite
chez eux demain après-midi.
     
    - As-tu
l'intention d'y aller?
     
    - Pourquoi vous
me demandez ça, m'man?
     
    - Parce qu'il
faut que j'avertisse ta tante si tu vas pas souper chez eux demain soir,
innocent! Déjà que Denise est invitée à souper chez l'oncle de Pierre et Gilles
va souper chez les Frappier, il...
     
    - Moi non plus,
m'man, j'irai pas manger chez ma tante Pauline, l'interrompit Jean-Louis.
     
    - Tiens! En v'ià
un autre, à cette heure! s'emporta la mère. En tout cas, je t'avertis. Moi, je
prépare pas de souper demain soir. Si tu restes à la maison, tu te débrouilles
tout seul et tu remets tout en ordre. Tu m'entends?
     
    - Ben oui.
     
    - Je pense que
moi aussi, j'irai pas chez ma tante, dit Richard. La fille reste sur la rue
Wolfe et ça se peut que ses parents m'invitent à souper.
     
    Laurette devint
soudainement méfiante.
     
    - Elle a l'air de
quoi, cette fille-là? Où est-ce qu'elle travaille?
     
    - C'est une fille
ben ordinaire, fit Richard, qui n'en pensait pas un mot. Elle travaille à la
même place que moi.
     
    - Comment ça se
fait que tu nous en as jamais parlé?
     
    - Parce que je la
connaissais pas. Aie, m'man! On est toute une gang à la compagnie.
     
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    - Et pourquoi
elle t'invite tout à coup?
     
    - Parce qu'elle
vient de s'apercevoir que je suis un beau gars ben intelligent, m'man.
     
    Cette réplique
fut saluée par un éclat de rire général auquel seul Jean-Louis ne participa
pas.
     
    - Est-ce qu'on va
finir par pouvoir écouter le programme? demanda ce dernier, grincheux.
     
    - Point de
mire... Ouach! Moi, je trouve ça aussi ennuyant que Pays et merveilles de
Laurendeau, laissa tomber Richard.
     
    - C'est sûr que
c'est pas mal plus sérieux que tes maudits comics, répliqua son frère aîné.
     
    - Là, vous calmez
vos nerfs ou ben je ferme MA télévision, déclara leur mère en élevant la voix.
     
    Un silence
relatif revint chez les téléspectateurs présents dans la cuisine pendant que
René Lévesque expliquait à l'aide de son tableau noir les implications de la
révolte hongroise contre le pouvoir soviétique.
     
    Quand Gilles
retrouva son jeune frère dans leur chambre à la fin de la soirée, il ne put
s'empêcher de lui demander:
     
    - La fille qui
t'a appelé à soir, est-ce que c'est ta nouvelle blonde?
     
    - Oui, se
contenta de chuchoter Richard pour ne pas attirer l'attention de Jean-Louis,
étendu dans son lit, dans la chambre voisine.
     
    - De quoi elle a
l'air?
     
    - Une belle
rousse qui est ben fine.
     
    - Elle aurait pas
une soeur pour notre frère? demanda Gilles en désignant Jean-Louis du menton.
     
    - T'es pas
malade, toi! répliqua Richard. Tu vois ben que les filles l'intéressent pas
pantoute. Même si ça l'intéressait, il aurait pas la tête à ça. Tout ce qu'il
veut, c'est se
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    LA NOUVELLE
ANNÉE.
    trouver une job
au plus sacrant pour pouvoir se remettre à compter ses cennes comme avant.
     
    Le lendemain
matin, Gérard accompagna les siens à la messe avant d'aller dormir quelques
heures. Après le dîner, Laurette surveilla de près les préparatifs de Denise,
un peu énervée par la