Le retour
mette à la porte
et qu'on te garde à sa place.
- C'est sûr
qu'elle est pas mal plus belle à regarder que lui, renchérit sa femme en
adressant un clin d'oeil à la jeune fille.
Ces premières
remarques avaient eu le don de mettre Denise à l'aise et elle s'était comportée
comme si elle avait été la fille de la maison avec les invités. Après un après-
midi à plaisanter
et à se transmettre des nouvelles de la famille et des amis demeurés au lac
Saint-Jean, on était passé à table et on s'était régalé d'une succulente
tourtière du lac Saint-Jean et de tartes au sucre.
- Oublie surtout
pas de dire à ta mère que la tourtière du lac Saint-Jean, c'est pas aussi
mauvais qu'elle le pense, plaisanta Pierre.
- Inquiète-toi
pas, je vais même lui dire que c'est presque aussi bon que la sienne.
Après le repas,
il y avait eu des chansons, mais on s'était abstenu de danser par respect pour
le deuil qui avait frappé Pierre, l'automne précédent. Enfin, on avait joué aux
cartes avec un bel entrain.
Un peu après onze
heures, Denise chuchota à Pierre qu'il était l'heure de rentrer pour elle.
Après avoir
embrassé ses hôtes et chacun des invités, la jeune fille quitta l'appartement
au bras de son amoureux.
Les deux jeunes
gens firent quelques pas sans dire un mot dans l'air glacial de cette fin de
soirée hivernale.
- Je pense que
t'es tombée dans l'oeil de ma parenté, fit remarquer Pierre sans parvenir à
dissimuler sa fierté.
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- Ils sont pas
mal fins, surtout ton oncle et ta tante, dit Denise en se serrant frileusement
contre lui.
Pierre se pencha
au-dessus d'elle tout en marchant et déposa un baiser sur son front.
- Sais-tu que
j'ai pensé à quelque chose pendant toute la soirée, dit-il après un bref
instant de silence.
- A quoi?
- Que t'étais pas
mal belle.
- Merci, dit
Denise, charmée.
- J'ai pensé que
je trouverais la vie pas mal plate si je te fréquentais pas.
La jeune fille se
serra encore plus contre son amoureux.
- Est-ce que tu
m'aimes? finit-il par lui demander avec une voix changée.
- Et toi?
fit-elle.
- C'est sûr,
s'empressa-t-il de répondre, en l'embrassant de nouveau sans cesser de marcher
à ses côtés.
- Moi aussi,
avoua-1-elle.
- Est-ce que tu
m'aimes assez pour me marier? lui demanda Pierre dont la voix un peu étranglée
dénonçait à quel point il était ému.
- Tu me demandes
en mariage? fit Denise en s'arrêtant brusquement de marcher alors qu'ils
longeaient le presbytère de la paroisse.
- Ça ressemble
pas mal à ça, dit son amoureux sur un ton plaisant pour masquer son émotion.
Denise feignit de
réfléchir durant quelques secondes à la proposition qu'il venait de lui faire.
- J'accepte,
dit-elle avec enthousiasme en lui tendant ses lèvres.
Les deux jeunes
gens s'embrassèrent, sans se soucier qu'on pouvait les apercevoir de l'une des
fenêtres du presbytère.
Ils se remirent
en marche.
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- Qu'est-ce que
tu dirais si on se fiançait à Pâques? demanda le jeune homme.
Denise n'eut même
pas l'ombre d'une hésitation.
- Ce serait une
bonne idée, répondit-elle, enthousiaste.
- On pourrait se
marier l'été prochain si tu veux, fit Pierre. Si ça te tente, on ferait notre
voyage de noces au lac Saint-Jean, chez nous.
- Ce serait ben
correct.
- T'arrêterais de
travailler pour t'occuper de la maison.
On pourrait louer
un appartement dans le coin, ici.
- Oui. Ce serait
plus commode pour ton ouvrage.
- J'ai déjà un
peu d'argent à la banque. Ça me donnerait presque six mois pour en ramasser un
peu plus, expliqua son futur fiancé.
Denise se
contenta de serrer plus fort le bras gauche de son amoureux.
- Si ça te
convient, je pourrais faire la grande demande à ton père le mois prochain.
- A la
Saint-Valentin, ce serait une bonne idée, suggéra Denise.
Le reste du court
trajet qui devait conduire le couple jusqu'à la porte des Morin parut très
court aux deux jeunes gens, tant ils étaient absorbés par leurs projets
d'avenir.
À son entrée dans
la maison, la jeune fille trouva Gilles en train de manger des biscuits dans la
cuisine.
- Où sont les
autres? lui demanda-t-elle en retirant ses souliers à talons hauts.
- Jean-Louis et
Richard viennent d'aller se coucher.
- Est-ce que t'as
soupé chez Nicole?
- Oui, mais
c'était
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