Le retour
les bras vers Richard. Ça va nous reposer un peu.
Une chance que j'ai des disques parce que si on avait juste le radio, ils font
jouer juste des chansons à répondre aujourd'hui. C'est plate à mort.
Elle appuya
tendrement sa tête sur l'épaule de l'adolescent qui l'enlaça assez
maladroitement. Lorsqu'il sentit le contact de sa poitrine contre lui, son émoi
fut si évident qu'il se crut obligé de s'écarter un peu de la jeune fille.
493
Cette danse fut
suivie de deux ou trois autres et Ginette l'embrassa doucement dans le cou, ce
qui mit le comble à son excitation.
Finalement, d'un
commun accord, tous les deux décidèrent d'aller s'asseoir côte à côte sur le
divan après avoir déposé un autre disque sur le plateau du tourne-disque.
Ginette lui
servit un verre de boisson gazeuse et lui offrit des arachides avant d'aller le
rejoindre sur le divan. Elle mit le bras de son invité autour de ses épaules et
se nicha amoureusement contre lui.
Un moment plus
tard, elle lui présenta ses lèvres en l'attirant contre elle. Le baiser se
prolongea longtemps et se fît de plus en plus ardent.
À un certain
moment, la jeune fille prit elle-même la main de l'adolescent et la déposa sur
sa poitrine qui s'était mystérieusement à demi dénudée. Fou d'excitation,
Richard se mit à la caresser.
A l'instant
précis où les deux jeunes se préparaient à franchir un pas de plus, le bruit de
l'ouverture de la porte d'entrée, située au pied de l'escalier, les fit
sursauter violemment.
- C'est mon père
et ma mère! chuchota Ginette au bord de l'affolement en se levant
précipitamment pour boutonner son chemisier. Si mon père te trouve ici dedans,
il va me tuer.
- Hein! Qu'est-ce
qu'on fait? demanda Richard, aussi énervé qu'elle.
- Grouille! Pogne
ton linge et tes bottes et sors par en arrière. Dépêche-toi! Ils montent
l'escalier.
Ginette traversa
l'appartement, Richard sur ses talons.
Elle ouvrit la
porte arrière et le poussa sur le balcon enneigé avant de refermer
précipitamment derrière lui. L'adolescent ne s'attarda pas sur les lieux. Son
manteau sur le bras et ses bottes à la main, il se mit en devoir de descendre
rapidement
494
le vieil escalier
branlant qui conduisait à une petite cour encombrée de poubelles métalliques.
Richard arrivait
aux dernières marches quand un chien de taille moyenne, qui s'était réfugié sur
le balcon du rez-de-
chaussée, se
précipita vers lui en jappant rageusement.
De toute
évidence, la bête n'avait pas du tout l'intention de le laisser s'en tirer
comme ça. Richard chercha d'abord à lui décocher un coup de pied pour
l'éloigner du bas de l'escalier, mais l'autre, enragé, jappait de plus belle.
Alors, fou d'inquiétude à l'idée que le père de Ginette le découvre là,
l'adolescent prit l'une de ses bottes et la lança à la tête du chien qui se
détourna de lui durant un bref instant pour s'en emparer. Richard profita de ce
court répit pour s'élancer vers la clôture qu'il franchit au moment même où la
bête s'élançait vers lui.
Essoufflé et
couvert de sueur malgré le froid, le garçon eut tout juste le temps de se
dissimuler derrière un hangar voisin avant de voir apparaître la tête du père
de Ginette Brodeur à la fenêtre de la cuisine, à l'étage. Il s'empressa
d'endosser son manteau et de le boutonner. Un autre coup d'oeil vers les
fenêtres de l'appartement des Brodeur lui apprit que plus personne ne
surveillait la cour et la ruelle où il se tenait. Il lui fallait sa botte
lancée au chien, mais il ne se sentait pas le courage d'aller la lui arracher,
même si les locataires du rez-de-chaussée semblaient être absents.
Mortifié, il
lança rageusement au chien sa seconde botte devenue inutile et il se résolut à
rentrer chez lui en souliers, malgré la morsure du froid.
Au même moment,
des éclats de rire fusaient dans l'appartement de la rue De Montigny habité par
Eugène et Mance Crevier. L'oncle et la tante de Pierre avaient invité des
cousins et des cousines à se joindre à Pierre et à
495
Denise pour
célébrer le début de 1957 avec eux. Dès son arrivée chez les Crevier, Denise
avait été adoptée par le couple qui hébergeait son amoureux depuis plus d'un
an.
- On se demandait
pourquoi il voulait pas t'amener à la maison, fit l'oncle Eugène, un quinquagénaire
bon vivant. A cette heure, on le sait. Il avait peur qu'on le
Weitere Kostenlose Bücher