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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Ça a
quasiment pas d'allure de geler comme ça, répéta Laurette pour la dixième fois
de la journée. À ce train-là, on n'aura jamais assez d'huile à chauffage et de
charbon pour se rendre à la fin du mois.
     
    C'était le
lendemain de la fête des Rois. La veille, après le souper, la mère de famille
avait exigé de ses enfants qu'ils l'aident à ranger toutes les décorations de
Noël.
     
    - Les fêtes sont
finies, dit-elle en terminant le lavage de la vaisselle. Les garçons, vous
allez me défaire l'arbre de Noël pour qu'on le mette sur les poubelles demain
matin.
     
    - Sauve-toi pas,
le grand, ordonna Richard à son frère Jean-Louis qui se dirigeait déjà vers sa
chambre à coucher.
     
    Tu travailles
même pas. Tu peux nous donner un coup de main.
     
    503
    - Mêle-toi donc
de tes affaires, toi, fit son frère aîné.
     
    Je reviens.
     
    Jean-Louis
n'avait toujours pas trouvé d'emploi, même s'il continuait à quitter la maison
chaque matin pour en chercher un. Par conséquent, son humeur taciturne ne
s'était pas améliorée L'arbre de Noël perdit rapidement toutes ses décorations
et Gilles alla le déposer sur le balcon pendant que Richard descendait les
boîtes de boules et de guirlandes dans la cave. La porte arrière de
l'appartement fut refermée et Gilles s'empressa de replacer le calfeutrage autour
pour empêcher l'air froid d'entrer à l'intérieur.
     
    - Enfin, on va
avoir de la place pour la télévision, déclara Laurette en poussant avec
précaution la petite table supportant l'appareil à l'endroit où se dressait
l'arbre de Noël quelques minutes plus tôt.
     
    La mère de
famille aspirait déjà depuis plusieurs jours à renouer avec sa routine. Le
lendemain matin, Carole et Gilles allaient retourner à l'école et elle se
retrouverait seule dans l'appartement avec un Gérard en train de ronfler dans
leur chambre à coucher. Si Jean-Louis pouvait finir par se trouver un emploi,
tout allait être parfait dans le meilleur des mondes...
     
    Ce soir-là,
Gérard Morin était arrivé chez Elroy vers cinq heures trente. Il avait déposé
son double goûter dans le réfrigérateur avant de prendre place à la petite
table où était assis Ronald Bilodeau, le gardien de jour. C'était devenu une
sorte de rite entre les deux hommes. Gérard lui préparait une tasse de café à
son arrivée chaque matin, et le gardien de taille moyenne à la calvitie avancée
faisait de même chaque fin d'après-midi lorsqu'il se présentait au travail.
     
    - Il fait donc
ben chaud ici dedans, fit remarquer Gérard en retirant son manteau.
     
    504
    - Ça a été comme
ça toute la journée, répondit Bilodeau en déposant une tasse de café devant
lui. Pour moi, le boss a peur qu'on poigne la grippe, ajouta-t-il pour
plaisanter.
     
    À six heures, les
derniers employés de la compagnie quittèrent les lieux et Gérard se retrouva
seul dans l'immense bâtiment. Il saisit ce qu'il appelait son punch et il
exécuta sa première vérification des portes de l'immeuble en poinçonnant, comme
il devait le faire, chacun des six postes de contrôle. À son retour dans la
petite pièce, il mangea les deux sandwichs au baloney confectionnés par Laurette
l'après-midi même et il étala devant lui La Presse après avoir allumé la radio.
     
    Une heure plus
tard, il partit faire sa seconde ronde.
     
    Il en fut ainsi
jusqu'à une heure du matin. La chaleur étouffante qui régnait dans la petite
pièce incitait au sommeil. Un peu avant deux heures, Gérard quitta la chaise
sur laquelle il était assis pour s'installer plus confortablement dans la
vieille chaise berçante que Bilodeau avait apportée une semaine plus tôt. Il
disposa son manteau sur le haut du dossier pour s'en servir comme appui-tête et
il décida de fermer les yeux quelques instants.
     
    - Juste pour me
reposer les yeux, dit-il à voix haute.
     
    Il sursauta et
rouvrit les yeux après ce qui lui avait semblé n'avoir duré que quelques
minutes. Il se sentait étrangement courbaturé et souffrait même d'un début de
torticolis. Il tourna la tête vers l'horloge murale: cinq heures vingt.
     
    - CINQ HEURES ET
VINGT! cria-t-il. Ben, voyons donc, cybole! Je viens juste de fermer les yeux!
Il peut pas être cinq heures et vingt.
     
    Il se leva et
fixa durant un long moment sa montre: elle indiquait la même heure que
l'horloge murale.
     
    - Christ
jura-t-il, une affaire pour perdre ma job! J'ai pas punché trois fois. Il va
manquer mon

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