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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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faire ses Pâques. À la sortie du temple, elle avait
aperçu quelques personnes debout devant la vitrine du magasin d'ameublement, de
l'autre côté de la rue. Poussée par la curiosité, la mère de famille était
allée voir ce qui causait un tel rassemblement. C'est alors qu'elle avait vu
pour la première fois un téléviseur projeter des images. Même si les
spectateurs n'étaient pas en mesure d'entendre le son, ils
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    étaient captivés
par le petit écran encastré dans un beau meuble en érable. Malgré la fatigue
d'une journée épuisante de travail chez Viau, elle était demeurée rivée devant
la vitrine durant de longues minutes, séduite par cette nouveauté. Depuis, elle
ne rêvait qu'à ça, même si ses collègues de travail lui avaient révélé que ce
genre d'appareil pouvait se vendre entre quatre cent cinquante et sept cents
dollars.
     
    Laurette traversa
la rue Sainte-Catherine et entreprit de descendre la rue Fullum jusqu'à la rue
Emmett pour rentrer chez elle.
     
    Quand elle
pénétra dans l'appartement familial, elle fut accueillie par le bruit de la
laveuse installée au milieu de la cuisine et l'odeur caractéristique des
vêtements malpropres.
     
    Ces derniers
avaient été répartis selon leur couleur en divers amoncellements sur le parquet
de la pièce. Carole, debout devant la laveuse, était occupée à passer un drap
dans le tordeur de la machine.
     
    - Je t'avais dit
de juste sortir la laveuse de la chambre des gars et de séparer les couleurs.
Je voulais pas que tu commences le lavage, fit-elle remarquer à l'adolescente.
     
    - Je suis capable
de faire le lavage, m'man. J'avais pas besoin de vous attendre. J'ai déjà deux
brassées de faites.
     
    J'ai même eu le
temps d'en étendre une sur la corde à linge. Ça fait toujours drôle de voir
qu'on est les seuls, dans le coin, à étendre le samedi.
     
    - Bon. Si c'est
comme ça, fit sa mère après avoir enlevé son manteau et son chapeau, je vais te
laisser continuer un peu et je vais aller dire deux mots à madame Gravel.
Savais-
    tu ça, toi, que
les Gravel déménageaient?
     
    - Non.
     
    - Ben. Ils
déménagent dans deux semaines.
     
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    Laurette sortit
de l'appartement par la porte avant et alla sonner à la porte voisine. Il y eut
une sonnerie à l'étage et la porte s'ouvrit quand la locataire tira sur une
corde qui actionna à distance le mécanisme de fermeture.
     
    Levant la tête,
Laurette aperçut sa voisine debout sur le palier.
     
    - Ali ben! Si
c'est pas ma voisine d'en dessous!
     
    s'exclama la
petite femme vêtue d'une robe fleurie. Montez!
     
    Montez, madame
Morin. Le ciel va sûrement nous tomber sur la tête pour que vous veniez me
voir.
     
    Laurette hissa
péniblement sa masse imposante dans l'étroit escalier assez raide et arriva à bout
de souffle sur le palier où l'accueillit la femme du chauffeur de taxi.
     
    - Entrez. Venez
vous asseoir une minute.
     
    - Je voudrais pas
vous déranger.
     
    - Vous me
dérangez pas pantoute. Je suis toute seule.
     
    Les enfants sont
partis et mon mari reviendra pas avant le souper.
     
    Laurette pénétra
chez la voisine dont l'appartement était d'une propreté impeccable. L'autre
l'invita à s'asseoir à table pendant qu'elle lui préparait une tasse de café.
     
    - Ça fait bien
trois mois que je vous ai pas vue, lui reprocha la petite femme en prenant
place en face de Laurette.
     
    - Vous savez ce
que c'est, s'excusa-t-elle. Quand on travaille cinq jours par semaine, les fins
de semaine sont pas mal occupées à faire tout ce qu'on a pas eu le temps de
faire pendant la semaine. En plus, il faut que j'aille voir mon mari.
     
    - C'était pas un
reproche, madame Morin. Je le sais que vous êtes débordée. Je vous trouve pas
mal courageuse de faire tout ce que vous faites.
     
    - J'ai appris
tout à l'heure que vous déménagiez?
     
    - En plein ça.
     
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    - Je m'attendais
vraiment pas à ça. Ça fait tellement longtemps que vous restez au-dessus de
nous autres que je pensais pas qu'un jour, vous partiriez.
     
    - Nous autres non
plus, madame Morin. Il s'est passé toutes sortes d'affaires depuis un mois.
D'abord, mon mari va lâcher les taxis Vétéran pour travailler pour les taxis
    LaSalle. Ensuite,
le bonhomme Tremblay est passé et il a voulu augmenter notre loyer de quatre
piastres par mois d'un coup sec. Charles a commencé par branler dans le manche,
mais moi, j'ai dit à Armand Tremblay que la Dominion Oilcloth pouvait

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