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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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communier?
     
    - Ça me tentait
pas, m'man. Il y a rien qui nous oblige à aller communier tous les dimanches,
ajouta-t-il, l'air frondeur.
     
    - Mon garçon, si
t'es pas en état de grâce, t'as juste à aller te confesser. Il y a des
confessions tous les vendredis soirs.
     
    - Je le sais.
C'est pas ça. Ça me tentait pas.
     
    - Ton affaire est
pas claire pantoute, le prévint Laurette, pas du tout convaincue par les
explications de son fils. Si t'essaies de jouer au plus fin, tu vas avoir
affaire à moi, je t'en passe un papier.
     
    Son fils se
contenta de soulever les épaules, conscient des regards inquisiteurs que les
passants lui jetaient alors qu'il se faisait enguirlander par sa mère. Il
accéléra le pas, laissant sa mère en arrière en compagnie de Denise et de
Carole qui n'avaient pas ouvert la bouche durant l'affrontement.
     
    Richard se promit
d'assister à toute la messe et de communier les deux ou trois prochains
dimanches pour endormir les soupçons de sa mère. Cependant, il en avait assez
de la messe et avait hâte d'échapper à la surveillance sans faille de sa mère.
     
    82
     
    Dès leur retour
dans l'appartement, Laurette et ses filles dépecèrent le poulet, mirent la
table et servirent à chacun un sandwich au poulet chaud baignant dans une sauce
brune où surnageaient des petits pois. Au moment du dessert, Richard ne put
s'empêcher de s'en prendre à son frère aîné.
     
    - Savez-vous,
m'man, j'ai pensé à une affaire pendant la messe.
     
    - Je suis
contente de voir que tu penses de temps en temps, fit sa mère, ironique.
     
    - J'ai pensé que
comme je paye la même pension que Jean-Louis, ce serait normal que j'aie, moi
aussi, la chambre d'en avant. Je trouve pas ça normal qu'il profite tout le
temps de la chambre avec une fenêtre et de l'air durant l'été pendant que je
crève de chaleur avec Gilles dans la chambre du fond, qui a pas de fenêtre.
     
    - Whow!
s'insurgea Jean-Louis, piqué au vif. Je suis le plus vieux ici. J'ai le droit
d'avoir cette chambre-là!
     
    - T'as pas plus
le droit que moi de l'avoir, tu sauras, Jean-Louis Morin, protesta Richard. Tu
payes pas plus cher que moi.
     
    - Toi, commença
sa mère, je...
     
    - Ben, m'man. Je
suis pas cochon avec lui, la coupa son fils. Je dis pas que je veux l'avoir
tout le temps. Je dis juste qu'on pourrait l'avoir une semaine, chacun notre
tour. Ça, ce serait juste.
     
    - Et Gilles, lui?
demanda Jean-Louis.
     
    - Moi, je paie
pas de pension, se contenta de répondre Gilles.
     
    - Gilles
continuerait à coucher avec moi, aie pas peur.
     
    Tu serais tout
seul à sentir la bonne senteur qui vient de la laveuse pleine de linge sale.
Nous autres, on la sent depuis des armées et on n'en est pas morts.
     
    - M'man! fit
l'aîné, comme un appel au secours.
     
    83
    - Nous autres, on
aide dans la maison, reprit Richard, tout heureux d'avoir mis son frère aux
abois. Toi, tu fais jamais rien ici dedans. Il me semble que ce serait normal
qu'on profite de la plus belle chambre de la maison de temps en temps.
     
    - Ça va faire!
ordonna Laurette après avoir avalé la dernière bouchée de poulet qui restait
dans son assiette.
     
    Je vais y penser.
     
    Jean-Louis but sa
tasse de thé tout d'une traite avant de se retirer dans sa chambre dont il
claqua la porte pour manifester sa mauvaise humeur. Richard ne parvint pas à
réprimer un petit sourire victorieux que sa mère saisit au passage.
     
    - Toi, mon maudit
haïssable! s'emporta-t-elle. T'es content juste quand t'as mis le diable
quelque part, hein?
     
    - Ben non, m'man.
C'est lui qui s'énerve pour rien.
     
    J'en veux pas de
sa maudite chambre. Il peut la garder.
     
    Au même moment,
les deux vicaires de la paroisse étaient assis dans le salon du presbytère,
impatients de passer à table. La pièce était sombre. Ses épais rideaux rouges,
son lourd mobilier en noyer et ses fauteuils recouverts de velours rouge vin
concouraient à l'assombrir encore plus. René Laverdière, le plus âgé des deux
prêtres, déposa son bréviaire sur un guéridon avec une impatience mal déguisée.
     
    - Veux-tu bien me
dire ce qu'il a à se traîner les pieds à matin, dit-il à son jeune confrère en
parlant du curé Damien Perreault. Ma foi du bon Dieu, on dirait qu'il fait
exprès de nous faire attendre parce qu'il sait qu'on meurt de faim.
     
    - Il a dû être
retenu à la sacristie par la directrice de la chorale. Tu la connais. Cette
pauvre madame Sauvé

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