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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Laurette, demeurées à leur poste comme les autres employées,
attendant patiemment que la chaîne reparte.
     
    - Ben bon pour
lui, le gros écoeurant, avait répliqué une Laurette rancunière.
     
    Le contremaître
s'était arrêté sous l'horloge et avait fait signe aux femmes de son département
de s'approcher de lui. Quand elles eurent formé un demi-cercle, il leur avait
dit sur un ton menaçant:
     
    - On sait pas
encore ce qui est arrivé, mais on va le savoir. Il y a une machine qui a brisé
et c'est pas normal.
     
    Si c'est une de
vous autres qui a fait quelque chose de pas correct, elle va prendre la porte,
je vous le garantis.
     
    Des murmures
inquiets s'étaient élevés dans le groupe de femmes.
     
    - En attendant,
avait repris le petit homme, vous pouvez vous en aller chez vous.
     
    Les femmes
s'étaient dispersées et s'étaient dirigées immédiatement vers le "salon
des employés" pour y ranger leur sarrau et leur résille avant de quitter
la biscuiterie.
     
    - Moi, en tout
cas, ses menaces m'énervent pas pantoute, avait déclaré Laurette à ses deux
amies. Je travaille loin des machines. C'est ben le seul avantage de ma job.
     
    - En attendant,
deux heures de congé, c'est bon à prendre, avait dit Dorothée, toute souriante
au moment de les quitter pour rentrer chez elle. Henri va être surpris de me
voir arriver si de bonne heure. Je vais avoir le temps de lui faire un bon
petit souper.
     
    106
    - En autant
qu'ils décident pas de nous couper deux heures sur notre prochaine paye, fit
Lucienne, nettement moins enthousiaste.
     
    Comme tous les
jours de la semaine, Dorothée rentra à pied chez elle pendant que Laurette et
Lucienne prenaient le tramway pour retourner dans leur quartier. Cet après-
    midi-là, il
faisait si’beau que Laurette fît un effort pour oublier ses jambes endolories
et décida de descendre du trolleybus au coin des rues Frontenac et
Sainte-Catherine pour rentrer à pied à la maison.
     
    Pendant un bref
moment, elle eut le goût de s'arrêter au restaurant au coin de la rue
Frontenac, le temps de boire un Coke bien froid. Puis elle se souvint qu'il lui
restait moins de deux dollars pour finir la semaine et s'empressa de longer les
vitrines du restaurant pour laisser derrière elle cette tentation.
     
    Elle demeura sur
le trottoir du côté nord de la rue dans l'espoir d'apercevoir Denise en passant
devant le magasin Woolworth. Elle traversa Iberville, dépassa l'épicerie Tougas
et franchit la rue Poupart. Elle s'immobilisa un court instant en face du
magasin dont la façade était peinte en rouge et mit les mains en écran devant
la vitrine pour tenter d'apercevoir son aînée. Elle ne la vit pas. Elle était
probablement en train de déballer des produits à l'arrière, derrière le rideau
de perles. Un peu déçue, la mère se remit en route au moment où les employés de
la succursale de la Banque d'Épargne, coin Dufresne, quittaient l'édifice en pierre
grise.
     
    Soudain, le
regard de Laurette fut attiré par un coupe-
    vent vert pomme
porté par une jeune fille marchant lentement sur le trottoir, une trentaine de
pieds devant elle.
     
    Cette dernière
marchait la tête tendrement appuyée contre l'épaule d'un garçon qui la tenait
par la taille.
     
    107
    - La même couleur
que le coat de Carole, se dit la mère.
     
    Comme le couple
avançait plutôt lentement, tout occupé à se parler, la mère de famille se
rapprocha davantage.
     
    Elle vit alors le
jeune homme se pencher sur sa compagne et l'embrasser.
     
    - En pleine rue,
à part ça, maugréa Laurette avant de réaliser subitement que la porteuse du
coupe-vent n'était autre que sa Carole.
     
    Un bref instant
stupéfaite, elle s'arrêta si brusquement au milieu du trottoir qu'un passant
qui la suivait de trop près faillit lui entrer dedans. Puis, son sang ne fit
qu'un tour. Elle se remit en marche en accélérant le pas pour rejoindre le
couple qui s'éloignait.
     
    - Carole!
cria-t-elle à celle qui lui tournait toujours le dos. Carole Morin!
     
    L'adolescente
s'arrêta alors comme si elle venait de frapper un mur et se tourna tout d'une
pièce pour faire face à sa mère qui se précipitait vers elle. Son sang semblait
s'être retiré de son visage tant elle était devenue subitement pâle en
entendant cette voix dans son dos. Elle eut alors le réflexe de repousser son
compagnon et de lui dire de s'en aller avant que sa mère ne parvienne à la
rejoindre.
     
    Laurette eut à
peine

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