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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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cadette d'une voix suppliante.
     
    J'ai rien fait.
     
    - A cette heure,
disparais de devant ma face. Va-t'en dans ta chambre, lui ordonna sèchement sa
mère.
     
    Durant de longues
minutes, la mère demeura sans rien faire. Elle fuma cigarette sur cigarette,
perdue dans des pensées moroses, incapable de se décider à se lever et
entreprendre le repassage des vêtements dont un plein panier l'attendait dans
un coin de la cuisine. Elle refusait de se laisser attendrir par les sanglots
convulsifs de sa fille qui n'avait pas cessé de pleurer depuis qu'elle était
entrée dans la chambre voisine.
     
    Finalement,
Laurette se secoua et se leva. Elle alla ouvrir la porte de la chambre et
ordonna à sa fille:
     
    - Ça va faire!
Arrête de brailler comme un veau et viens éplucher les patates pour le souper
pendant que je commence le repassage. Dépêche-toi!
     
    Carole sortit de
sa chambre en reniflant, les joues encore marbrées par les gifles reçues. Elle
alla chercher les pommes de terre dans le garde-manger et se mit à les
éplucher, le dos tourné vers sa mère qui avait déjà ouvert sa vieille planche à
repasser après avoir allumé la radio.
     
    Une heure plus
tard, au moment où Roger Baulu faisait tourner Dark moon, le nouveau succès de
Perry Como, Gilles rentra de l'école.
     
    Il sursauta
légèrement en apercevant sa mère dans la cuisine.
     
    - Sacrifice, vous
êtes de bonne heure à soir, m'man!
     
    s'exclama-t-il.
     
    - Ouais, répondit
sa mère, le visage fermé en étalant une chemise froissée sur sa planche à
repasser.
     
    - Est-ce qu'il y
a quelqu'un de mort? reprit l'étudiant, frappé par le silence qui régnait dans
la pièce.
     
    Au moment où sa
soeur se tournait vers lui, l'adolescent remarqua son visage marqué.
     
    - Qu'est-ce qui
t'est arrivé? lui demanda son frère, de plus en plus intrigué.
     
    - Mêle-toi donc
de tes affaires, Gilles Morin, lui ordonna sèchement sa mère. Va mettre tes
chemises sur des supports dans ton garde-robe, ajouta-t-elle en lui tendant
trois chemises fraîchement repassées.
     
    Gilles déposa ses
effets scolaires sur une chaise et prit les vêtements après avoir jeté un
dernier coup d'oeil à sa soeur. À son retour dans la cuisine, il se contenta de
prendre son sac et d'aller s'installer dans sa chambre pour commencer à faire
ses devoirs.
     
    Un peu avant six
heures, Denise rentra à la maison presque en même temps que Richard et
Jean-Louis.
     
    L'atmosphère
pesante qui régnait dans la cuisine ne leur échappa pas non plus. Pendant que
l'aînée aidait à mettre la table, Richard alla rejoindre Gilles dans leur
chambre.
     
    - Qu'est-ce qui
se passe? demanda-t-il à son frère.
     
    On dirait que la
mère a mangé de la vache enragée.
     
    - Je pense qu'il
y a eu quelque chose avec Carole. Lui as-tu vu le visage? On dirait qu'elle a
mangé une couple de claques dans la face.
     
    Dans la chambre
voisine, Jean-Louis ne dit pas un mot, même s'il n'avait pu faire autrement que
d'entendre ce que ses deux jeunes frères venaient de dire.
     
    - On soupe! cria
Denise, debout à l'entrée du couloir.
     
    Les trois garçons
vinrent s'attabler en même temps pendant que leur mère faisait rôtir des
tranches de baloney
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    dans une poêle en
fonte. Carole, la mine basse, lui passait les assiettes, les unes après les
autres, après y avoir déposé deux demi pommes de terre.
     
    - Richard, ferme
le radio qu'on mange tranquilles, lui ordonna sa mère.
     
    Le repas se prit
dans un silence brisé uniquement par le choc des ustensiles contre les
assiettes. Au moment du dessert, la mère de famille se tourna vers Gilles.
     
    - Connais-tu ça,
toi, un nommé Beaupré qui va à ton école? lui demanda-t-elle.
     
    - Ça se peut. Il
ressemble à quoi ce gars-là?
     
    - Une espèce de
chenille à poils le visage plein de boutons.
     
    - M'man! protesta
Carole.
     
    - Toi, ferme-la!
Je t'ai pas parlé. Puis? Tu le connais ou tu le connais pas?
     
    - On est des
centaines de gars à Meilleur, m'man, répondit Gilles. Je connais pas tout le
monde. Les gars avec des boutons dans la face, c'est pas ce qui manque. En tout
cas, je connais pas ce gars-là.
     
    - Ben! Si tu le
vois demain, tu pourras lui dire que ta soeur va plus à l'école. Elle commence
à se chercher de l'ouvrage demain matin.
     
    - T'es pas
sérieuse, toi! s'exclama Gilles en se tournant vers sa jeune soeur. Il te reste
même pas deux mois d'école avant de finir ton année.

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