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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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la fin du mois.
     
    - Simonac, Laurette!
Tu viendras pas me faire croire que t'as pas dix piastres avec trois enfants
qui te rapportent une pension chaque semaine et ton salaire en plus.
     
    - Aie! Gérard
Morin, protesta sa femme d'une voix difficilement contenue. T'oublies que j'ai
un paquet de comptes à payer et qu'il faut qu'on mange aussi. En plus, je dois
demander à Wilson de me livrer de l'huile à chauffage demain. Tu le connais. Il
faut le payer tout de suite.
     
    Gérard se tut, le
visage buté. Il se tenait immobile, en face de sa femme. Laurette poussa un
soupir d'exaspération, ouvrit son sac à main d'où elle tira son vieux
porte-monnaie.
     
    - Laisse faire si
t'es pas capable, fit son mari d'une voix un peu plus raisonnable.
J'emprunterai de l'argent à Laurier. Après tout, ce sera pas la première fois
qu'il va m'en prêter.
     
    - Bonyeu! Il est
pas question que tu te mettes à faire des dettes à gauche et à droite, le
morigéna sa femme.
     
    Tiens! v'ià dix
piastres, ajouta-t-elle en lui tendant presque tout ce que contenait son
porte-monnaie.
     
    - Écoute, si...
     
    - Laisse faire,
le coupa Laurette, mise de mauvaise humeur par cette demande de fonds qu'elle
jugeait un peu injustifiée. Si j'ai besoin d'argent pour finir la semaine, j'en
emprunterai à Richard.
     
    103
    Gérard empocha
l'argent et le couple se remit en marche vers la sortie. Il rejoignit Carole et
Richard à la porte d'entrée. Le père embrassa sa femme et sa fille sur une joue
et serra l'épaule de son fils un bref instant avant de les quitter.
     
    - Essaye de te
reposer un peu, dit-il à sa femme au moment où la porte allait se refermer.
T'as l'air au bout de ton rouleau.
     
    A leur sortie de
l'institution, la même petite pluie fine et froide les accueillit. Laurette et
les siens durent se résigner à attendre de longues minutes l'arrivée d'un
autobus dans lequel moins d'une demi-douzaine de passagers avaient déjà pris
place. Laurette se hissa péniblement à l'intérieur et alla s'asseoir, suivie de
près par Carole.
     
    Richard vint
s'installer sur une banquette transversale, voisine de celle occupée par sa
mère et sa soeur.
     
    - Qu'est-ce qu'il
avait, p'pa? demanda-t-il à sa mère.
     
    Il avait pas
l'air de ben bonne humeur quand on est partis.
     
    - Il avait besoin
d'argent et moi, j'en ai presque pas.
     
    - Pourquoi il
m'en a pas demandé? J'aurais pu lui en passer.
     
    - Laisse faire.
Je lui ai donné dix piastres. Avec ça, il devrait être capable de faire un bon
bout de temps. On dirait que ton père a oublié que l'argent pousse pas dans les
arbres depuis qu'il est là, ajouta Laurette, comme si elle se parlait à
elle-même.
     
    - En tout cas, si
vous avez besoin d'argent, m'man, je peux toujours vous en donner, lui offrit
généreusement son fils.
     
    Sa mère le
remercia d'un sourire un peu contraint.
     
    Chapitre 4
    Carole Il fallut
attendre la dernière semaine d'avril pour enfin connaître les premiers jours
chauds de ce printemps
    1956.
     
    Dès lors, les
fenêtres des vieilles maisons du quartier s'ouvrirent toutes grandes pour
laisser entrer le soleil dans les appartements sombres et souvent encombrés. Les
ménagères se mirent alors à astiquer les vitres de leurs fenêtres et à balayer
le devant de leur porte. Les cordes à linge étaient couvertes de vêtements en
train de sécher.
     
    Les cours et les
balcons étaient envahis par les jeunes enfants qui s'épuisaient à s'amuser à
des jeux dont ils semblaient être les seuls à connaître les règles.
     
    À l'heure du
dîner et à la fin des classes, les écoliers, impatients de dépenser une énergie
trop longtemps contenue sur les bancs d'école, se lançaient dans de folles poursuites
et criaient à tue-tête.
     
    Cet
après-midi-là, Laurette, heureuse, revenait de son travail deux heures avant
l'heure habituelle. Pour la première fois depuis qu'elle travaillait chez Viau,
le bris d'une machine avait forcé les patrons à renvoyer une bonne partie des
employés bien avant cinq heures. Lorsque tout s'était arrêté, Maxime Gendron
s'était précipité le long de la chaîne, comme un gros bourdon en folie. De
toute évidence, il cherchait à savoir ce qui s'était produit.!°5
    Convoqué dans les
bureaux de la direction, il en était sorti, quelques minutes plus tard, rouge
comme une pivoine.
     
    - Je pense qu'il
vient de se faire engueuler par le grand boss, avait chuchoté Lucienne à
Dorothée et

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