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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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chuchota Cécile Paquin. Mon garçon m'a dit
qu'il l'avait aperçu une couple de fois sortir de la taverne au coin de
Parthenais.
     
    - Si c'est comme
ça, reconnut Laurette, c'est sûr que c'est pas mal moins drôle.
     
    - Moi aussi, j'ai
de nouveaux voisins, reprit la veuve.
     
    Les Cadieux sont
partis.
     
    - Qui a pris leur
place?
     
    - Des Comtois. Je
sais pas ce qui se passe dans cette maison-là, ajouta la voisine, mais ça crie
du matin au soir et les enfants ont l'air de faire tout ce qui leur tente. Je
vous les échangerais bien avec vos Beaulieu, vous pouvez me croire. Bon. C'est
bien beau tout ça, mais Léo m'attend avec le sirop. Il faut que j'y aille.
Bonne soirée, madame Morin. Si vous avez une chance, venez faire un tour un
soir.
     
    - Bonsoir, madame
Paquin. Faites la même chose si vous êtes capable.
     
    La veuve
poursuivit son chemin vers son appartement, trois maisons plus loin, pendant
que Laurette repliait sa
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    chaise berçante
et la rentrait dans le couloir. L'obscurité était maintenant tombée. Avant de
fermer la porte d'entrée, elle alla refermer les persiennes de la fenêtre de sa
chambre.
     
    Chapitre 8
    La surprise
    La dernière
semaine de mai prenait fin par l'une des journées les plus chaudes du printemps
1956. Pas une goutte de pluie n'était tombée depuis quinze jours et le mercure
avait atteint 82 °F au milieu de l'après-midi. À quatre heures, les écoliers
s'étaient précipités hors de leur école en criant et en chahutant, comme si
c'était le début des vacances estivales. Ils étaient heureux d'être enfin
parvenus à la fin de semaine.
     
    Ce vendredi-là,
au magasin Woolworth de la rue Sainte-
    Catherine, Denise
Morin était loin d'éprouver le même plaisir que les jeunes du quartier.
Jacqueline Bégin, sa compagne de travail, s'était encore absentée du travail
toute la journée.
     
    Il n'existait
rien que la jeune fille détestait plus que de se retrouver seule toute la
journée entre les quatre murs du magasin en compagnie de son gérant, Antoine
Beaudry.
     
    Le petit
quadragénaire ventripotent à la calvitie prononcée avait des mains plutôt
baladeuses dont il lui fallait toujours se méfier. Le tenir à distance et le
repousser exigeaient d'elle une attention constante et épuisante. L'homme avait
le don de se glisser derrière elle pour la frôler et se coller contre elle.
Comme elle ne pouvait se permettre de perdre son emploi, elle le repoussait
doucement chaque fois,
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    mais il avait
Pair de prendre cela comme des agaceries.
     
    Évidemment, il
était beaucoup moins entreprenant quand Jacqueline était présente. Si les
absences de sa collègue mettaient Denise dans tous ses états, elles avaient
l'air, par contre, de réjouir son patron qui, à chacun de ses retours, se
contentait de lui couper une journée de salaire sans plus.
     
    À la fin de
l'après-midi, Beaudry lui ordonna d'aller sortir des produits reçus le matin
même de leur emballage dans la petite pièce située à l'arrière du magasin.
     
    - Et les clients,
monsieur Beaudry? demanda-t-elle.
     
    - Occupe-toi pas
de ça, répliqua-t-il sèchement. Je m'occuperai d'eux autres.
     
    Moins de cinq
minutes plus tard, le gérant vint la rejoindre, la figure toute congestionnée
et l'oeil allumé.
     
    - Je vais te
donner un coup de main, ça va aller plus vite, dit-il en s'installant à ses
côtés, sa hanche touchant la sienne.
     
    Denise s'écarta
le plus possible de l'homme, mais elle était coincée entre la table et le mur
et n'avait plus aucune possibilité d'échapper au piège. Antoine Beaudry la
sentit apeurée et cela eut le don de l'exciter encore plus.
     
    - Aie! Fais pas
la farouche, lui dit-il en avançant une main vers sa poitrine. Au fond, je suis
sûr que c'est juste ça que tu veux.
     
    - Non, monsieur
Beaudry! Faites pas ça! cria la jeune fille en tentant de le repousser.
     
    - Laisse-toi
faire un peu, dit-il, la voix rauque. Tu vas aimer ça. Tu vas voir que j'ai pas
mal le tour avec les femmes.
     
    - Non! Non!
Laissez-moi m'en aller! cria Denise, au bord de la crise de nerfs, au moment où
il parvenait à la plaquer contre le mur.
     
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    Il y eut une
brève lutte entre l'homme et sa vendeuse et deux boutons du chemisier de Denise
furent arrachés, ce qui eut le don d'exciter un peu plus son patron.
     
    - Dis donc, le
bonhomme! Tu comprends rien, toi!
     
    dit une voix
derrière Antoine Beaudry.
     
    L'homme qui
venait de parler avait

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